Le nombre de personnes sans emploi a bondi de 311 037 en mars (données ajustées), la plus forte hausse mensuelle jamais enregistrée. Le rapport n’intègre cependant qu’une fraction des personnes en chômage partiel ; la hausse devrait être bien plus marquée en avril. Le résultat des comptes publics pour 2019 montre une forte résorption du déficit primaire depuis 2013. L’amélioration des comptes publics offre une marge de manœuvre au gouvernement pour affronter la crise.
Les chiffres préliminaires du chômage en Espagne, publiés jeudi 2 avril 2020, donnent une première estimation, quoique très incomplète, de l’ampleur du choc économique en Espagne. Le nombre de demandeurs d’emploi a bondi de 311 037 pour atteindre 3,4 millions (après ajustement saisonnier). C’est la plus forte progression jamais enregistrée. En mars, l’augmentation a été particulièrement forte dans le secteur des services (+225,2 k), suivi de la construction (+60,4 k), de l’industrie (+25,9 k) et de l’agriculture (+4,5 k). Le nombre de jeunes chômeurs (moins de 25 ans) a grimpé de 25,07 k (+10,0% en variation mensuelle).
Cette hausse, déjà significative, doit cependant être mise en perspective. Ces chiffres incluent, en effet, les personnes en chômage partiel (ERTE) qui, pour la plupart, devraient réintégrer leur emploi une fois le confinement terminé. Cependant, une grande partie des travailleurs placés en chômage partiel le mois dernier n’étaient pas inclus dans ce rapport pour mars, du fait d’un délai d’enregistrement.[1]
En effet, selon le gouvernement, près de 3 millions de personnes ont été mises au chômage partiel à la fin du mois de mars.[2] Or, selon le Service Public de l’Emploi et de l’Etat (SEPE), seulement 620 000 demandes de ERTE ont été traitées à ce jour (jeudi 2 avril 2020), et une fraction seulement est donc incluse dans le rapport pour mars.
Les chiffres du nombre d’affiliés à la sécurité sociale montrent en effet une détérioration plus conséquente du marché du travail. Après ajustement saisonnier, le nombre d’affiliés a plongé de 976 031 en mars, une chute record (voir graphique 2). Cependant, là encore les chiffres doivent être pris avec un certain recul. Le nombre d’affiliés représente la moyenne des inscrits sur l’ensemble du mois. Or, l’arrêt de l’économie ayant débuté au cours de la seconde moitié du mois de mars, ces chiffres ne reflètent pas la réalité de la situation à la fin du mois. Il faudra donc attendre le rapport du mois d’avril pour juger plus précisément de l’ampleur de la dégradation du marché du travail.
Ventes automobiles et PMI chutent aussi
La chute du nombre de nouvelles immatriculations en mars a été également brutale : -67,4% (après ajustement saisonnier). Le composite PMI passe, quant à lui, de 51,8 en février à 26,7 en mars. L’activité des services a été, sans surprise, la plus touchée : l’index PMI pour le secteur tombe à 23,0. Le PMI manufacturier enregistrait une baisse plus modérée de 50,4 en février à 45,7 en mars.
Des « marges » budgétaires existent
Dans ce contexte, il est évident que le déficit public va s’accroître très fortement cette année. La balance budgétaire enregistrait un déficit de EUR 32,9 mds en 2019, soit un ratio du PIB de 2,6%. C’est au-dessus de l’objectif initial du gouvernement de -2,0%. Néanmoins, les finances publiques se sont redressées fortement ces dernières années, offrant ainsi des marges de manœuvre au gouvernement pour faire face à la crise actuelle. Le déficit primaire, en particulier, s’est réduit de façon significative. Selon le ministère des Finances, le déficit public primaire s’établissait à 0,36% de PIB en 2019. C’est une légère hausse par rapport à 2018 (le déficit était de 0,10% de PIB), mais bien en dessous des niveaux qui prévalaient au sortir de la crise de la dette souveraine européenne en 2013 (-3,6% de PIB).
En effet, au cours de la période 2013-2019, les recettes publiques ont augmenté de EUR 93,2 mds, pour atteindre EUR 489 mds (39,3% du PIB, voir tableau 1). Les revenus générés par les cotisations employeurs ont contribué pour près d’un tiers à la hausse des recettes totales (+EUR 30 mds). Les gains générés par l’impôt sur le revenu se sont aussi redressés tout comme les recettes de TVA.[3]
Les dépenses publiques ont progressé moins rapidement, de EUR 54,3 mds entre 2013 et 2019 (pour atteindre EUR 521,9 mds, soit 41,7% du PIB). Les dépenses de prestations sociales et celles liées aux revenus des employés se sont accrues le plus fortement.