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Espagne : La détérioration de la solvabilité des emprunteurs reste contenue

13/10/2023

En dépit de la remontée inédite des taux d’intérêt, en Espagne, le ratio des créances douteuses des ménages et des entreprises se maintient toujours à un niveau historiquement bas

Transcription

En dépit de la remontée inédite des taux d’intérêt, en Espagne, le ratio des créances douteuses des ménages et des entreprises se maintient toujours à un niveau historiquement bas. L’encours des prêts non performants a même poursuivi son repli en dépit de l’érosion de la solvabilité de certains emprunteurs. Une croissance économique plus soutenue et une inflation plus modérée que dans les autres pays de la zone euro en 2023 ont incontestablement joué un rôle dans ces évolutions.

Selon les derniers chiffres de la Banque d’Espagne, le ratio des créances douteuses s’est maintenu en juillet 2023 à 3,4% pour le deuxième mois consécutif. Ce niveau est inédit depuis décembre 2008 et il est sans commune mesure avec le pic de 13,8% atteint en décembre 2013. La stabilité du ratio des créances douteuses est d’autant plus remarquable que 52% de l’encours des prêts aux ménages et aux entreprises espagnols sont à taux variable, et que les taux qui servent de référence à la tarification de ces prêts ont très fortement augmenté au cours de ces derniers mois. Par exemple, l’EURIBOR 12 mois, qui est le principal taux de référence pour les prêts à l’habitat, est passé de -0,53% en février 2022 à 3,67% en juillet 2023. Le taux sur encours des prêts à l’habitat des ménages espagnols est passé, dans le même temps, de 1% à plus de 3%. Cette augmentation du coût des prêts est amenée à se poursuivre puisque l’EURIBOR 12 mois atteignait 4,20% début octobre.

La capacité de remboursement de certains emprunteurs s’est donc mécaniquement érodée. Cela s’est notamment traduit par une augmentation de la part dans l’encours total des prêts de ceux dont la qualité a diminué de manière significative sans pour autant devenir non performants. La proportion de ces prêts en phase 2, selon la terminologie comptable IFRS 9, est ainsi repartie légèrement à la hausse en 2023 après avoir reflué en 2022, et demeure à un niveau supérieur à celui qui prévalait avant la pandémie de COVID-19.

Un scénario comparable à celui de 2008-2014, qui avait connu l’enchainement de la grande crise financière et de celle des dettes souveraines, semble aujourd’hui peu probable. Les banques n’ont pas beaucoup réduit les importantes provisions qu’elles avaient constituées durant la pandémie. Les ménages et les entreprises se sont largement tournés vers les prêts à taux fixe pour leurs nouveaux emprunts durant la période des taux bas, ce qui les protège désormais davantage des effets de la hausse des taux. Ils se sont par ailleurs très fortement désendettés depuis 2013, ce qui contribue à limiter les effets de la hausse des taux sur leurs charges financières. Enfin, en dépit d’un ralentissement prononcé en 2023, et de nouveau en 2024, l’économie espagnole conserverait une croissance plus élevée que ses principaux partenaires européens. Ces différents facteurs nous conduisent à envisager une augmentation limitée des ratios de créances douteuses à l’horizon de la fin de 2024.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE