COURBE DES ÉMISSIONS DE CO2 : LA CHINE EN PASSE DE BASCULER ? Baisse des émissions au 1er semestre 2025 : le point ne fait pas la tendance… Au premier semestre de 2025 (S1 2025) et d’après les estimations du site Carbon Monitor, la Chine aurait réduit ses émissions de dioxyde de carbone (CO2 ) de l’ordre de 3% par rapport à la même période de l’année précédente[1] . Pour bienvenue qu’elle soit concernant le premier pourvoyeur de CO2 (30% des émissions annuelles mondiales), la nouvelle n’est pas surprenante, eu égard à la baisse de régime constatée dans le secteur de l’énergie. Sur ce même premier semestre de 2025, la hausse de la production d’électricité est tombée à 2,3% sur un an, ce qui est peu selon les standards chinois. Historiquement bien corrélée aux émissions, elle explique largement le chiffre précité (cf. graphique de gauche ).
… mais la tendance reste encourageante. En régime de croisière, la Chine est sans doute moins susceptible de diminuer ses rejets de CO2 , mais elle n’est plus très loin de cet objectif. Après le boom consécutif à son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la courbe de ses émissions a connu une nette inflexion au tournant des années 2010, à mesure que le rythme de croissance se normalisait et que le pays accélérait sa transition énergétique. Les toutes dernières années marquent un début de plafonnement (cf. graphique de droite ).
Avec USD 625 milliards dépensés chaque année (le double des montants américains), la Chine est, de loin, le pays qui investit le plus dans les technologies « propres », un secteur qu’elle domine de la tête et des épaules[2] . Alors qu’il avait déjà battu des records en 2024, le recours aux énergies renouvelables est en train de se massifier (il représente déjà 17% du mix primaire, soit davantage qu’en France[3] ). Au S1 2025, le China Electricity Council indique ni plus ni moins qu'un doublement des installations d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques (par rapport à la même période de l’année précédente), au point qu’une crise de surcapacité menace désormais le secteur.
En Chine, comme dans beaucoup de régions du monde où les énergies vertes ont très vite décollé (Espagne, Californie…), le problème n’est plus tant d’augmenter le débit des mégawattheures à la source, que de les écouler en investissant dans les réseaux, et de rationaliser l’offre. Après le temps des subventions, vient celui de la consolidation. Le nouveau plan quinquennal, en cours d’élaboration et applicable dès mars 2026, en dira plus sur les intentions de Pékin. Il serait cependant étonnant qu’à cette occasion, la Chine ne réaffirme pas sa volonté de rester un acteur incontournable de la transition énergétique. Celle qui, depuis longtemps, promet une inversion de la courbe de ses émissions en 2030, pourrait bien devancer l’appel.