L’inflation en Italie a atteint 6,7% a/a en mars, le niveau le plus élevé depuis juillet 1991. A la hausse spectaculaire de 50,9% sur un an des prix de l’énergie (électricité, gaz, carburant) s’ajoutent désormais les augmentations importantes des prix des produits alimentaires (+5,8% a/a), de l’ameublement (+8% a/a), ainsi que de l’hôtellerie-restauration (+4,6% a/a). Deux postes de consommation restent encore en terrain déflationniste : l’éducation (-0,5% a/a) et les services de communication (-2,9% a/a). Le plus dur est néanmoins à venir : la dernière enquête PMI pour le mois de mars montre une augmentation encore une fois très nette des prix des intrants, la plus forte jamais enregistrée (+6,7 points à 81,5). Cela se répercutera sur les prix à la consommation, cet indice PMI étant en effet très bien corrélé à l’IPC.
La chute spectaculaire de la confiance des ménages en mars illustre parfaitement les inquiétudes sur le pouvoir d’achat dues à l’envolée de l’inflation : en particulier, le solde d’opinion sur la situation financière future plonge de 27,5 points en un mois, une baisse deux fois plus marquée que le précédent record d’avril 2012 (-12,9 points). Malgré cela, le niveau de confiance des ménages reste légèrement supérieur au printemps 2012, période récessive correspondant à la crise des dettes souveraines en zone euro.
Étant donné sa dépendance au gaz russe, l’Italie est très exposée aux mesures de rétorsion supplémentaires que Moscou déciderait d’imposer sur ses livraisons de gaz en Europe. Le Premier Ministre Mario Draghi, ne ménage pas ses efforts pour obtenir de nouvelles sources d’approvisionnement, notamment en Afrique (sa tournée en Afrique a été annulée après avoir été testé positif à la Covid-19), mais le bénéfice de cette diversification ne se matérialisera qu’à moyen-long terme.
Cela dit, certains pans de l’économie transalpine résistent bien. L’activité dans la construction, qui compte pour près de 5% de la valeur ajoutée totale, reste élevée, même si des signes d’affaiblissement commencent à apparaitre. L’indice du climat des affaires pour le secteur baisse nettement en mars (-5,4 points, à 62,9) mais février avait constitué un record. Ces chiffres encourageants prolongent une année 2021 solide, avec une hausse de 26% des investissements résidentiels dans le pays qui a permis de compenser largement la contraction de 2020 (-7,7%).