La ministre espagnole du Travail, Yolanda Díaz, est sur tous les fronts en ce début d’année. Après l’adoption in extremis du texte visant à modifier les règles du marché du travail (dont la promulgation a été contestée par l’opposition en raison d’une erreur lors du vote électronique d’un membre du parti conservateur), la ministre a annoncé la semaine dernière le relèvement du salaire minimum interprofessionnel (SMI) à 1000 euros par mois. C’est une revalorisation de 3,7% dont profiteront près de deux millions de personnes, rétroactive au 1er janvier.
Cette hausse est avant tout une promesse du gouvernement faite en 2018 : rehausser progressivement ce salaire « plancher » à 60% du salaire médian d’ici à 2023 ; c’est également une réponse au renchérissement du coût de la vie auquel font face les ménages espagnols actuellement. Comme on le voit sur le baromètre, la forte poussée inflationniste se poursuit en ce début d’année, avec un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) en hausse de 6,1% en janvier. Si les détails pour le mois dernier n’ont pas encore été dévoilés, les prix énergétiques resteront, sans surprise, le principal carburant de cette hausse de l’inflation. L’IPCH pour l’énergie enregistrait déjà un bond de 40,2% en g.a. en décembre 2021, tandis que les prix à la production du secteur ont quasiment doublé (+95,9% en g.a.) entre décembre 2021 et décembre 2020.
Malgré cela, le nombre d’emplois dans le pays a une nouvelle fois augmenté en janvier (+72 000 selon la SEPE1), après une augmentation record des embauches en 2021. Le taux de chômage a donc désormais toutes les chances de refluer sous les 13% dès le T1, un niveau d’ores et déjà atteint en décembre 2021. Cependant, la confiance des entreprises a enregistré une chute importante le mois dernier, sous l’effet de la vague Omicron. L’indice PMI composite s’est en effet replié de 7,5 points, à 47,9, soit la plus forte chute mensuelle depuis avril 2020, date marquant le début du premier confinement. La baisse s’est concentrée dans les services (-9,2 points à 46,6) tandis que l’indicateur manufacturier restait inchangé (56,2). Néanmoins, avec le fort recul de l’épidémie (les cas de contamination ont chuté de près des deux tiers depuis le pic de mi-janvier) et l’allégement progressif des mesures sanitaires, ces indicateurs devraient logiquement s’améliorer dès le mois de février.
Guillaume Derrien