Après l’inflation, serait-ce au tour des salaires de changer de braquet au Japon ? Les chiffres publiés ce 7 juillet par le ministère du Travail font en effet état d’une augmentation notable des salaires de base en mai, de 1% m/m, soit la plus forte augmentation mensuelle jamais enregistrée depuis le début des statistiques actuelles en 1990.
La progression des salaires en glissement annuel (1,8%) est encore limitée si on la compare avec celle observée dans les autres pays développés (voir Baromètre de l'inflation de juillet 2023 (bnpparibas.com), 6 juillet 2023). Néanmoins, dans certains secteurs, la hausse semble déjà bien enclenchée : c’est le cas pour l’activité immobilière (+7,2% en g.a.), la finance et l’assurance (+5,7%), ou encore les transports et activités postales (+3,6%). Au total, en incluant les bonus, les salaires dans le pays sont en hausse de 2,5% sur un an.
Cette augmentation, déjà visible en avril mais qui s’est amplifiée en mai, traduit les effets des négociations salariales annuelles (Shunto), conclues en avril, et qui ont débouché selon Rengo, le premier syndicat du pays, sur des augmentations salariales de 3,6% au sein des grandes entreprises. Malgré tout, avec une inflation à 3,2% en g.a. en mai, cela permet tout juste de stabiliser le pouvoir d’achat des salaires des ménages japonais.
Bien que ces chiffres soient susceptibles d’être révisés ultérieurement (c’est souvent le cas), ils traduisent les dynamiques inédites auxquelles est confronté le Japon aujourd’hui, sur fond de hausse de l’inflation et de pénurie importante de main d’œuvre. L’ampleur de ces deux phénomènes a été une nouvelle fois mise en exergue par la dernière enquête du Tankan publié en début de semaine du 3 juillet. Des hausses plus importantes de salaires au cours des prochains mois constituent donc un scénario crédible que la Banque du Japon ne manquera pas de suivre.