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Baromètre de l'inflation de juillet 2023

06/07/2023
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États-Unis : mesures sous-jacentes de l'inflation IPC (g.a,%)

Avec un poids de 34,4%, les loyers constituent le principal poste de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis :

Leur progression s’est fortement accélérée depuis 2021 et la reprise économique post-pandémique : de 1,5% en glissement annuel en février 2021, leur hausse a atteint un pic à 8,2% en mars 2023 et n’a que très légèrement reflué depuis, à 8,0% en mai. La contribution importante de cette composante « loyers » maintient l’inflation américaine à un niveau élevé. En l’excluant, l’inflation sous-jacente pour le mois de mai passe de 5,3% à 3,4%. En outre, l’écart entre la mesure sous-jacente standard – hors énergie et alimentation – et celle excluant également les loyers n’a jamais été aussi important depuis le début des années 1980. La Réserve fédérale disposant de leviers très limités pour contrôler l’évolution des loyers, elle pourrait s’appuyer davantage sur cette seconde mesure de l’inflation sous-jacente hors loyers afin d’évaluer le processus de désinflation actuelle. Cela offre, de ce point de vue, une dynamique plus positive.

Les autres points clés du mois :

¤ Le processus de désinflation aux États-Unis apparait plus avancé qu’en zone euro. En glissement annuel, la hausse des prix a baissé en mai à 4,0% selon l’indice des prix la consommation (IPC) et 3,8% selon le déflateur de la consommation (PCE). Le pays bénéficie d’une contribution négative plus importante des prix de l’énergie que celle observée en zone euro (page 6). Selon l’IPC, l’inflation dans les services s’élevait à 6,3% en mai et reste en grande partie alimentée par la hausse des loyers qui pèsent pour plus d’un tiers de l’IPC. Si on exclut cette composante, l’inflation totale chute à 2,2% et la mesure sous-jacente ralentit à 3,4% (cf. graphique du mois). Le recul des anticipations d’inflation des ménages est un autre développement important : selon l’enquête de l’Université du Michigan, elles ont reflué à 3,3% en juin, au plus bas depuis de deux ans (page 21).

¤ En zone euro, l’inflation dans les pays de l’Est recule plus fortement en juin que le mois précédent mais dépasse toujours les 8% dans les pays baltes, en Croatie et en Slovaquie (page 10). A l’inverse, l’inflation est retombée sous la barre des 2% au Luxembourg, en Espagne et en Belgique. L’inflation en France (5,3%) est en dessous de la moyenne de la zone euro (5,5%), tandis qu’elle se situe au-dessus en Italie (6,7%) et en Allemagne (6,8%). Parmi les mesures alternatives scrutées par la BCE, l’indice PCCI enregistrait une chute sensible de sa croissance à 3,3% en g.a. en mai, tandis que les autres indices affichaient une progression égale ou supérieure à 6% (page 9). Si les salaires réels se sont contractés à nouveau au 2e trimestre, cette dynamique pourrait s’inverser partir du 3e trimestre, la croissance des rémunérations étant en passe de rattraper l’inflation (page 30).

¤ Loin de s’atténuer, le choc inflationniste au Royaume-Uni gagne en vigueur, ce qui a contraint la Banque d’Angleterre à donner un nouveau tour de vis avec une hausse du taux directeur de 50 pp à 5% en juin. L’inflation britannique s’est stabilisée à 8,7% en mai mais la mesure sous-jacente a franchi la barre des 7% (7,1%) pour la première fois depuis le début des années 1990. Le pays fait face à une inflation alimentaire (18,7% en mai) presque sans commune mesure avec le reste de l’Europe : dans la zone euro, seuls les pays baltes et la Slovaquie affichent des taux supérieurs. La hausse ne se cantonne pas à ce poste, puisque près de 90% des biens et services affichaient une inflation supérieure à 4% en mai, un record (page 13). Les salaires progressent à un rythme très soutenu mais ne dépassent toujours pas l’inflation. Le point mort d’inflation a atteint son plus haut niveau en 2023.

¤ Au Japon, l’inflation évolue désormais à un niveau semblable aux autres économies du G7. L’inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires périssables) se renforce en mai, à 4,4%, portée par la hausse des produits alimentaires transformés qui s’élève à 9,2%. Les biens durables, en grande partie importés et donc plus sensibles à l’évolution du yen, affichent une inflation également élevée (6,4% en mai) qui sera alimentée par la baisse actuelle de la devise. Le point mort d’inflation continue de progresser tandis que les anticipations de la part des ménages restent proches de 4%.

¤ Dans l’ensemble des zones, les indices PMI relatifs aux prix des intrants ont continué de reculer en juin. En glissement annuel, les prix à la production ont basculé dans le négatif en zone euro mais restent supérieurs à 5% au Japon. Au regard de ces évolutions, un renforcement des pressions désinflationnistes est espéré, mais ses effets pourraient prendre du temps compte tenu de l’inflation dans les services qui devrait faire preuve de plus de persistance et de résistance.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE