La hausse de l’inflation plombe la confiance des ménages espagnols qui a enregistré en mars la plus forte chute de son histoire (les statistiques de la Commission européenne débutent en juillet 1986). La confiance des entreprises résiste mieux pour l’instant tant du point de vue de l’enquête PMI que de celui de la Commission européenne.
Les signaux d’un prochain ralentissement de l’activité sont néanmoins manifestes : l’indice PMI relatif à l’évolution des nouvelles commandes décroche, en raison d’une détérioration marquée de la demande extérieure. Autre évolution notable : le rallongement à nouveau des délais de livraison dans le secteur manufacturier (l’indice PMI baisse de 9,1 points pour s’établir à 22,4), qui se situent désormais approximativement au même niveau qu’en novembre 2021, le pire résultat enregistré par les statistiques actuelles.
Le choc énergétique en Espagne est très important avec une inflation des prix à la consommation qui a atteint 9,8% en g.a. au mois de mars. Cette accélération devrait se poursuivre au printemps, à mesure que les entreprises répercutent le renchérissement des coûts de production sur leurs prix de vente. La hausse des prix à la production ne faiblissait pas en février (+40,7% en g.a.) avant même l’exacerbation des tensions sur les prix des matières premières liée à la guerre en Ukraine. Face à ces chocs, le gouvernement a annoncé, fin mars, de nouvelles mesures de soutien aux ménages et aux entreprises à hauteur de EUR 16 mds. Cela inclut une subvention sur le prix du carburant (EUR 0,20 par litre), des aides financières directes aux entreprises de transport, ainsi qu’un nouveau programme de prêts garantis par l’État.
Le marché du travail continue néanmoins de se rétablir, avec 24?000 nouveaux emplois créés en mars, le onzième mois de hausse consécutive. Les gains en mars étaient toutefois les plus faibles de cette période, laissant suggérer un repli possible des embauches au printemps, ce qui serait en ligne avec la détérioration des enquêtes d’opinion. Néanmoins, l’Espagne bénéficiera vraisemblablement d’un rebond plus important du tourisme cette année, ce qui favorisera les créations de postes dans les secteurs directement ou indirectement liés à cette activité. Par ailleurs, la composition de l’emploi a évolué dans un sens favorable ces derniers mois, avec une nette augmentation des contrats à durée indéterminée. Les entreprises ont, semble-t-il, anticipé les nouvelles règles de recrutement instaurées par la loi travail, entrée en vigueur le 1er avril, qui durcit les conditions de recours aux contrats précaires.