Les récentes difficultés rencontrées par quelques banques régionales américaines ont ravivé le débat sur un éventuel conflit entre la poursuite de la stabilité des prix et le maintien de la stabilité financière
D'après l'estimation GDPNow de la Réserve fédérale d'Atlanta, la croissance américaine resterait élevée au T1 2023 (3,2% en rythme trimestriel annualisé). Les nouvelles sur le front du marché du travail restent bonnes également. Tout irait pour le mieux si l'inflation ne perdurait pas également sur un rythme élevé, plaidant pour de nouvelles hausses de taux de la Fed, dont les effets ont récemment mis en difficulté certains modèles bancaires. Avant cela, nous nous attendions à ce que le resserrement des conditions d'accès au crédit entraîne l'économie en récession. Un durcissement supplémentaire pèserait plus nettement encore sur l'activité et, in fine, sur l'inflation
L’activité économique en Chine a rebondi dès la fin janvier, tirée principalement par les services et la consommation des ménages. Dans l’immobilier et la construction, la crise s’est atténuée. Dans le secteur manufacturier, le redressement de la croissance est resté modéré, freiné par le recul de la production automobile et l’affaiblissement des exportations. Le regain de dynamisme de l’économie va se poursuivre à court terme. Cependant, les risques baissiers sur la croissance restent multiples et importants.
Face à une inflation inquiétante, le nouveau gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Kazuo Ueda, n’aura aucun répit. Si l’augmentation des prix devrait décélérer au premier trimestre 2023 grâce aux subventions gouvernementales sur l’énergie, l’inflation sous-jacente a poursuivi sa hausse cet hiver. La dynamique des prix complique la capacité de la BoJ à maintenir inchangée sa politique de contrôle des taux d’intérêt, même si les rendements obligataires se sont retranchés à la suite de l’épisode de faillites bancaires aux États-Unis. L’économie japonaise a stagné au dernier trimestre 2022, certes soutenue par le commerce extérieur et par la consommation privée, mais freinée par l’investissement public et privé
Si le pic de l’inflation en zone euro a probablement été atteint en octobre dernier, le processus de désinflation s’annonce lent, et un retour à la cible de 2% n’est pas attendu avant 2025. Les dernières projections macroéconomiques de la Banque centrale européenne (BCE) abondent dans ce sens. La seconde vague d’inflation est très soutenue – l’IPCH hors énergie progresse de 7,9% a/a en mars – alors même que de nouvelles hausses de prix dans l’alimentation sont à craindre au cours des prochains mois. Malgré cela, l’activité économique au sein de l’Union monétaire résiste mieux qu’attendu face au double choc, inflationniste et sur les taux d’intérêt. Le scénario d’une récession en 2023 est actuellement écarté, mais la croissance reste sur un fil
L’Allemagne est le pays d’Europe de l’Ouest où la croissance du PIB a été la plus négative au 4e trimestre 2022 (-0,4% t/t). De plus, les indicateurs conjoncturels, bien qu’ils s’améliorent, sont restés relativement dégradés au début de l’année 2023. Une nouvelle contraction du PIB au 1er trimestre 2023 reste donc notre scenario central. Toutefois, des signaux plus favorables (pic d’inflation dépassé, réouverture de la Chine, réduction des tensions sur les approvisionnements dans l’automobile) pourraient engendrer un retour de la croissance à partir du 2e trimestre. Ceci transparait déjà dans la confiance des ménages, même si la faiblesse de la croissance en zone euro, depuis le 4e trimestre 2022, pourrait limiter l’intensité de cette reprise.
L’automne et l’hiver se sont mieux passés qu’initialement craint sur le plan énergétique. Cela a permis d’éviter une croissance négative au 4e trimestre 2022 (+0,1% t/t) et de faire naître un relatif optimisme, que traduit la remontée de l’indicateur du climat des affaires de l’Insee de décembre à février. Si un acquis de croissance plus favorable conduit naturellement à rehausser notre prévision de croissance pour 2023, celle-ci reste toutefois basse et témoigne de détériorations durables d’une partie de la demande, notamment l’investissement des ménages. De plus, si l’inflation devrait refluer, elle reste soutenue par les prix alimentaires avec un impact négatif sur la consommation des ménages.
Au T4 2022, le PIB de l’Italie a légèrement diminué sur une base trimestrielle. La demande intérieure et l’évolution des stocks ont respectivement soustrait 0,4 et 1,1 point de pourcentage (pp) à la croissance, tandis que le commerce extérieur l’a soutenu à hauteur de près de 1,5 pp. La contraction du PIB au T4 reflète surtout l’affaiblissement des services, après un rebond marqué au cours des six trimestres précédents. Malgré cette baisse, la valeur ajoutée des services reste supérieure de 1,7% au T4 2019, et compte pour environ la moitié de la reprise économique italienne. Globalement, les perspectives pour 2023 demeurent positives et la croissance devrait approcher 1%.
L’économie espagnole a mieux résisté que prévu en 2022 (+5,5%), mais une décélération de l’activité est attendue cette année. La production industrielle est en baisse, freinée par le secteur de l'énergie et des biens intermédiaires. L'investissement et la consommation privée se sont repliés sensiblement au T4 2022 et subiront en 2023 la pression de la remontée des taux d’intérêt et de l’inflation élevée. Hors énergie, la hausse des prix à la consommation accélère encore, à 8,2% en février. La résorption du déficit public, plus importante qu’anticipé en 2022, facilite la poursuite du soutien budgétaire en 2023
Le PIB belge poursuit sa croissance positive, même si des nuages dus à la politique monétaire apparaissent. L’indexation des salaires historiquement importante, qui a profité à un grand nombre de salariés en début d’année, devrait stimuler la consommation à court terme. Alors que les investissements dans l’immobilier - des entreprises comme des ménages - déçoivent, et que le commerce international ralentit, les dépenses publiques sont le seul autre contributeur positif à la croissance. Mais cette situation menace des finances publiques.
L’économie britannique a évité la récession au 2nd semestre 2022, grâce à l’investissement des entreprises et à la consommation (publique et privée). Les chiffres d’inflation de février se maintiennent à un niveau exceptionnellement élevé, ce qui devrait éroder le pouvoir d’achat des ménages. La récession pourrait ainsi n’avoir été que reportée. Nous tablons désormais sur une contraction du PIB de -0,3% t/t au T1 puis de -0,2% au T2 2023. La Banque d’Angleterre (BoE) ne devrait pas relever son taux directeur au-delà d’une dernière hausse de 25 points de base en mars. Cela, et une désinflation qui irait en s’accélérant, permettrait un rebond de la croissance au 2nd semestre.