Les perspectives de croissance au Mexique s’assombrissent : le ralentissement de l’activité aux Etats-Unis, l’austérité de la politique budgétaire et la faiblesse de l’investissement ont pesé sur la croissance du PIB au T1 (1,2% en g.a., après 1,7% au T4 2018). Elle devrait s’établir à 1,5% en 2019, après 2,0% en 2018, et les risques sont orientés à la baisse. D’une part, les potentielles tensions commerciales avec les Etats-Unis (suite aux menaces du président américain d’augmenter les tarifs douaniers sur l’ensemble des produits mexicains) pèseront sur le climat des affaires, bien que les deux pays soient parvenus à un accord
Le graphique (a) montre la dynamique à court terme des investissements nets de portefeuille (actions et obligations) des non-résidents à la suite des élections au Brésil, au Chili, en Colombie et au Mexique. Au Brésil, un rebond a eu lieu après les élections. Il fait suite à une période d’aversion au risque accrue du fait de la grève des routiers (mai 2018) et des ventes massives sur les marchés émergents (août/septembre 2018). La confiance envers le pays demeure toutefois très fragile, en témoignent les positions nettes vendeuses des non-résidents sur 12 mois glissants au cours des dernières années (graphique b). Les achats nets d’actifs sont également devenus positifs après les élections en Colombie et au Mexique
Les espoirs suscités par l’élection de Jair Bolsonaro sont retombés. Au premier trimestre 2019, certains indicateurs font état d’une possible contraction de l’activité alors même que les indices de confiance semblaient s’améliorer. Dans le même temps, la réforme du régime de retraite – élément phare du programme économique du président Bolsonaro – a été présentée par le gouvernement en février. La réforme est actuellement en discussion au Congrès mais les négociations pourraient être plus longues et difficiles que prévu. En effet, depuis sa prise de fonction, la cote de popularité du président brésilien a été chahutée et les rapports entre pouvoirs exécutif et législatif se sont tendus.
La croissance du Chili a rebondi en 2018, portée par la hausse du prix du cuivre et le regain de confiance des investisseurs consécutif à l’élection de Sebastian Piñera. L’ambition du nouveau président de mettre en place, au cours de son mandat, une politique destinée à stimuler la croissance et l’investissement, tout en consolidant les finances publiques, pourrait pourtant s’avérer plus difficile à réaliser que prévu. Son parti ne dispose pas de la majorité à l’assemblée et les mesures présentées jusqu’ici (réformes fiscale et du système de retraites) peinent à être adoptées. Les perspectives de croissance restent toutefois plutôt favorables pour les deux années à venir et la consolidation budgétaire devrait se poursuivre.
La Colombie sort de quatre années d’un ajustement macroéconomique rendu nécessaire par l’importante dégradation des termes de l’échange suite à l’effondrement des cours des matières premières en 2014. Des mesures de politique publique ont permis d’améliorer le solde de la balance courante et le solde budgétaire, et de faire converger l’inflation vers la cible de la banque centrale. Depuis 2018, l’aggravation de la crise migratoire au Venezuela met toutefois à mal les comptes publics du pays. Par ailleurs, la volonté du président Duque d’apporter des ajustements à l’accord de paix signé avec les FARC en 2016 fait craindre une dégradation du climat sécuritaire. Dans le même temps, le ralentissement économique s’est enrayé en 2018
L’élection d’Andres Manuel Lopez Obrador à la présidence du Mexique soulève de nombreuses questions. Si le nouveau président et son équipe bénéficient d’un fort soutien populaire, la politique proposée pour les six prochaines années inquiète les investisseurs. Les promesses de maintien de la discipline budgétaire, de l’indépendance de la banque centrale et, plus généralement, d’un pragmatisme économique, pourraient être incompatibles avec les mesures proposées. En particulier, plusieurs réformes ont été remises en cause, dont celle du secteur de l’énergie
L’élection de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil, en plus de marquer un virage à droite et un affaiblissement des partis politiques traditionnels, signe le retour des militaires au sein du paysage politique national. Le nouveau gouvernement aura pour défi majeur de gagner la confiance des investisseurs étrangers en engageant rapidement une réforme budgétaire tout en réconciliant d’importantes différences idéologiques au sein de ses rangs. La reprise économique se poursuit mais reste hésitante. De larges capacités de production sont inutilisées dans l’industrie tandis que le chômage reste élevé. Les indicateurs de confiance laissent toutefois augurer une activité à la hausse au 1er trimestre 2019.
Depuis fin septembre 2018, le calme est revenu sur la place financière argentine. Le peso, qui a perdu 50% contre dollar sur les neuf premiers mois de l’année, s’est stabilisé. La banque centrale, obligée de relever son taux directeur jusqu’à 70%, a pu desserrer son étreinte. Le soutien du FMI y est pour beaucoup mais se paie au prix fort d’une politique monétaire strictement quantitative et d’un retour à l’équilibre du solde budgétaire primaire dès 2019. L’économie est entrée en récession au T2 2018 et devrait le rester probablement jusqu’à la mi-2019. Pour l’instant, la récession n’a pas entamé les performances budgétaires, le solde commercial est redevenu excédentaire et le pic d’inflation est passé. Cela suffira-t-il à faire revenir la confiance avant les élections d’octobre ?