Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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L’économie italienne a démarré l’année 2022 sur un recul, le PIB réel se contractant de 0,2% t/t au T1. L’activité du pays est fortement affectée par la guerre en Ukraine ainsi que par les perturbations durables sur les échanges de biens mondiaux. Deux événements qui impactent davantage les économies avec un socle industriel important, comme l’Italie. L’inflation, qui a atteint 6,3% a/a en avril (en baisse par rapport au mois précédent à 6,8% a/a) pèse également très significativement sur le moral des ménages. Selon la Commission européenne, la confiance des consommateurs est remontée très légèrement en avril (la balance d’opinion a grimpé de 1,9 point, à -22), mais a atteint en mars un plus bas depuis janvier 2014.
La hausse spectaculaire des prix de l’énergie depuis avril 2021 constitue le principal levier de la flambée actuelle de l’inflation en zone euro. Cette hausse s’est accentuée depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février dernier, entraînant la composante « énergie » de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui a crû de 44,4% a/a en mars 2022. Les gouvernements des quatre principales économies de la zone euro se sont mobilisés pour tenter d’amortir le choc pour les acteurs économiques, en particulier sur le pouvoir d’achat des ménages, via différentes mesures : subventions directes, baisses de taxes, réglementation des prix ou revalorisation des revenus
Les derniers chiffres d’inflation offrent un très léger répit au gouvernement espagnol. Après avoir frôlé les 10% en glissement annuel en mars (9,8%), la hausse des prix à la consommation a ralenti en avril (8,4%). Les mesures prises par les autorités afin d’endiguer l’augmentation des prix de l’énergie (principalement via des subventions et des baisses de taxes) ont eu un effet positif. Néanmoins, le renchérissement des produits alimentaires s’intensifie (+10,1% a/a en avril). De plus, leur contribution à l’inflation (1,98 point de pourcentage) atteint désormais le même niveau que les autres postes de dépenses liés à l’énergie (les transports, l’électricité, le gaz et autres combustibles).
Le marché immobilier espagnol fait de nouveau preuve de dynamisme après sa forte correction de 2008 à 2013 qui a effacé une partie des excès créés au début des années 2000. Le volume des transactions a atteint en 2021 son niveau le plus élevé en douze ans. Les prix des logements enregistrent depuis six ans une croissance proche de 5% par an en moyenne. L’activité bénéficie aujourd’hui de multiples soutiens : rebond économique post-Covid, épargne des ménages plus importante, progression de l’emploi, taux d’emprunt bas. La hausse des prix immobiliers s’explique surtout par une limitation sur l’offre de logement qui risque de perdurer avec l’accroissement des coûts de construction lié au renchérissement des matières premières
Après l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce fut au tour du Fonds monétaire international, la semaine dernière, d’abaisser sensiblement ses prévisions de croissance du commerce mondial pour 2022. La hausse des exportations est désormais attendue à 4,4%, contre une prévision de 6% en octobre dernier. Ces chiffres sont plus élevés que ceux de l’OMC qui table, pour sa part, sur une augmentation de 3% en 2022. Après le rebond spectaculaire de 2021 (+9,8%), une moindre croissance du commerce mondial était, mécaniquement, attendue. Mais la guerre en Ukraine et les difficultés que rencontre la Chine, sur le plan économique et sanitaire, constituent un frein supplémentaire.
L’inflation en Italie a atteint 6,7% a/a en mars, le niveau le plus élevé depuis juillet 1991. À la hausse spectaculaire de 50,9% sur un an des prix de l’énergie (électricité, gaz, carburant) s’ajoutent désormais les augmentations importantes des prix des produits alimentaires (+5,8% a/a), de l’ameublement (+8% a/a), ainsi que de l’hôtellerie-restauration (+4,6% a/a). Deux postes de consommation restent encore en terrain déflationniste : l’éducation (-0,5% a/a) et les services de communication (-2,9% a/a). Le plus dur est néanmoins à venir : la dernière enquête PMI pour le mois de mars montre une augmentation encore une fois très nette des prix des intrants, la plus forte jamais enregistrée (+6,7 points à 81,5)
Tandis que la Réserve Fédérale américaine a entamé le relèvement de son taux directeur, la Banque du Japon poursuit sa politique très accommodante. Ses marges de manœuvre se resserrent néanmoins en raison de la dépréciation significative du yen qui complique sa politique de contrôle de la courbe des taux. Des ajustements sur ce mécanisme sont anticipés. Le soutien à l’économie devrait persister en 2022 tant sur le plan monétaire que budgétaire, dans un environnement particulièrement difficile pour les industriels japonais, durement affectés par les perturbations sur les chaînes de production mondiales et le ralentissement de l’économie chinoise.
Même si l’Espagne n’est pas l’économie européenne la plus exposée « structurellement » à la guerre en Ukraine, le choc sur les prix énergétiques s’avère très important. L’inflation dépassera certainement les 10% sur un an au cours du printemps. Les manifestations qui ont émaillé le pays, en réponse à la hausse du prix des carburants, ont perturbé l’activité, mais la croissance devrait être peu impactée. Les créations d’emplois ont résisté au T1. La confiance des ménages et les anticipations de commandes des entreprises ont toutefois chuté fortement, ce qui aura des répercussions sur les dynamiques d’embauches
La large victoire du parti socialiste d’Antonio Costa aux élections législatives de février permet une stabilité politique bienvenue dans le contexte économique actuel. Si le Portugal ne subit pas un choc inflationniste aussi important que la plupart des autres pays européens, et alors que l’État a introduit des mesures de soutien, les enquêtes d’opinion ont toutefois décroché en mars. Il reste à voir jusqu’où cette détérioration altèrera la dynamique des embauches qui reste, pour l’heure, bien orientée. Le taux de chômage, au cours de l’hiver, était proche des niveaux enregistrés au début des années 2000.
La hausse de l’inflation plombe la confiance des ménages espagnols qui a enregistré en mars la plus forte chute de son histoire (les statistiques de la Commission européenne débutent en juillet 1986). La confiance des entreprises résiste mieux pour l’instant tant du point de vue de l’enquête PMI que de celui de la Commission européenne. Les signaux d’un prochain ralentissement de l’activité sont néanmoins manifestes : l’indice PMI relatif à l’évolution des nouvelles commandes décroche, en raison d’une détérioration marquée de la demande extérieure
L’évolution des prix immobiliers et le volume des transactions sont fortement corrélés en Espagne. En période de reprise d’activité, ces dernières sont soutenues par des conditions d'emprunt attrayantes et une confiance dans les perspectives économiques. Ainsi, les prix des biens immobiliers augmentent ce qui, à son tour, peut alimenter les anticipations de nouvelles hausses et augmenter le volume des transactions. L’activité immobilière en Espagne a rebondi de façon spectaculaire en 2021, après une chute en 2020 en raison de la crise sanitaire. Le nombre de transactions immobilières s’est établi au-delà de 674 000 l’an passé, du jamais-vu depuis 2007. C’est néanmoins près de 30% inférieur au record de 2006
Au vu des obstacles que rencontre l’économie mondiale, on aurait pu craindre que les prévisions du consensus, pour l’enquête Tankan, ne soient trop optimistes. Finalement, cela n’a pas été le cas avec certaines séries en dessous du consensus et d’autres légèrement supérieures. La conclusion générale est néanmoins claire : les résultats sont en baisse par rapport au trimestre précédent.
Les pays européens limitrophes de la Russie et de l’Ukraine sont plus exposés que ceux situés à l’Ouest. Parmi ces derniers, des divergences existent entre l’Allemagne et l’Italie, plus dépendantes du gaz russe, et la France, l’Espagne et le Portugal, moins exposés. Les pays qui importent le plus de Russie sont également très dépendants des importations provenant d’Ukraine. L’exposition des pays européens à la Russie et l’Ukraine et leur vulnérabilité aux répercussions économiques du conflit entre les deux pays découlent principalement du poids important dans leurs importations des approvisionnements en produits énergétiques russes et en produits alimentaires et agricoles ukrainiens
Les goulets d’étranglement dans le transport maritime, déjà très importants, risquent de s’amplifier : d’une part en raison des difficultés, voire de l’impossibilité, de circulation, entre la Chine et l’Europe, des marchandises qui empruntent les réseaux ferroviaires ou routiers à travers la Russie et les zones de conflit en Ukraine; dautre part, de nombreuses lignes de production en Chine, ainsi que la logistique autour des ports dans le pays, sont fortement perturbées par la recrudescence des cas de Covid-19 et la politique zéro-Covid adoptée par les autorités.
La production industrielle en Italie a démarré l’année sur un repli marqué, avec une baisse de 3,4% m/m en janvier. Les risques d’une contraction du PIB au T1 2022 sont désormais élevés en raison de la guerre en Ukraine et des répercussions de l’envolée du coût des matières premières sur l’économie transalpine. L’Italie est, en effet, particulièrement dépendante du gaz russe (près de 45% de ses importations). Rome compte réorienter drastiquement ses importations de gaz depuis d’autres pays (Algérie, Azerbaïdjan) et accroître sa consommation de GNL, néanmoins cela mettra du temps à se matérialiser.
Les créations d’emplois au sein de la zone euro ont été très importantes en 2021. Cela a permis de ramener le taux de chômage à un niveau historiquement bas. Mais cette dynamique s’est aussi traduite par des difficultés de recrutement et un manque de main d’œuvre. Les pénuries de main d’œuvre les plus contraignantes frappent l’Allemagne (dans tous les secteurs), en lien avec un faible taux de chômage, et les plus faibles touchent l’Italie dont le marché du travail est le moins dynamique de la zone (hiérarchie vérifiée quel que soit le secteur). En France, les tensions sont plus vives dans le secteur de la construction et plus modérées par ailleurs
Après un rebond spectaculaire en 2021 (+10,8%), la progression des échanges de biens mondiaux est appelée à ralentir cette année. Les dernières prévisions de l’Organisation mondiale du commerce tablent sur une croissance des échanges de biens de 4,7% cette année.
Au Japon, il faut, peut-être plus qu’ailleurs, séparer la dynamique d’inflation globale de celle sous-jacente. La première, bien que toujours modérée (0,5% en janvier), est amenée à encore progresser, principalement sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie. En revanche, les prix sous-jacents restent largement en territoire déflationniste et cette dynamique s’amplifie même. Hors produits alimentaires périssables et énergie, l’indice des prix à la consommation (IPC) a baissé en janvier de 1,2% en glissement annuel, soit son recul le plus important depuis mars 2011. La déflation dans les services (-2,8%) est même la plus forte jamais enregistrée depuis 1970 et s’explique principalement par la chute de plus de 50% des frais de téléphonie mobile depuis mars 2021
L’obstacle des élections présidentielles franchi, les préoccupations autour de l’économie italienne se sont centrées encore davantage sur les risques liés à l’envolée de l’inflation et à la normalisation à venir de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Les taux à dix ans sur les obligations d’État italiennes ont grimpé de près de 50 points de base depuis le début du mois de février, et le seuil des 2% pourrait être franchi très prochainement.
Comme on le voit sur le baromètre, la forte poussée inflationniste se poursuit en ce début d’année, avec un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) en hausse de 6,1% en janvier. Si les détails pour le mois dernier n’ont pas encore été dévoilés, les prix énergétiques resteront, sans surprise, le principal carburant de cette hausse de l’inflation. L’IPCH pour l’énergie enregistrait déjà un bond de 40,2% en g.a. en décembre 2021, tandis que les prix à la production du secteur ont quasiment doublé (+95,9% en g.a.) entre décembre 2021 et décembre 2020.
Si l’Allemagne n’est pas le pays de la zone euro où l’inflation est la plus élevée, la dynamique n’en reste pas moins inconfortable. Les prix à la consommation y enregistraient encore une hausse conséquente à 5,1% en g.a. en janvier (indice harmonisé), en retrait néanmoins par rapport à décembre 2021 (5,7%). La disparation des effets de base positifs, induits par le retour des taux de TVA à leur niveau antérieur après leur baisse au second semestre 2020, ne s’est donc pas matérialisée par une chute marquée de l’inflation. D’autres facteurs se sont fortement renforcés, au premier rang desquels l’augmentation des prix énergétiques.
L’année 2022 restera tendue sur le front des échanges internationaux. Si quelques signes de relâchement sont observés, le manque de visibilité n’en demeure pas moins important et les ruptures d’approvisionnement se prolongeront durant une bonne partie de l’année, avec un impact sur les perspectives de croissance et d’inflation.
Moins de deux semaines avant le scrutin présidentiel (le premier tour aura lieu le 24 janvier prochain), une possible candidature de l’actuel Premier ministre, Mario Draghi, reste d’actualité. L’élection de ce dernier à la présidence de la République aurait vraisemblablement des répercussions – dont il est, à ce stade, difficile de connaître la nature – sur la coalition gouvernementale en place.
La révision assez significative du PIB pour le T3 2021 a souligné une nouvelle fois les difficultés auxquelles l’Institut national espagnol de la statistique (INE) est actuellement confronté dans sa collecte de données. Pour rappel, la croissance au troisième trimestre 2021 a été réhaussée de 2,0% t/t à 2,6% t/t, après une révision à la baisse également conséquente pour le T2, de 2,8% t/t à 1,1% t/t.
D’après les indicateurs disponibles pour la fin de l’année 2021, l’Allemagne aurait enregistré au T4 2021 au mieux une croissance très faible, mais une contraction du PIB n’est pas à exclure. Les commandes industrielles restent, certes, à un niveau relativement soutenu, mais la production demeure significativement freinée par des problèmes d’approvisionnement.