La résorption des perturbations dans les échanges mondiaux se poursuit. Néanmoins, des risques importants de friction demeurent pour cet hiver, en plus des répercussions directes liées à la guerre en Ukraine. La Chine est confrontée à une hausse record des contaminations à la Covid-19, et sa politique zéro Covid a mis à l’arrêt plusieurs usines dans la province du Hénan, qui abrite des lignes de production de grands groupes technologiques mondiaux. En Corée du sud, une nouvelle grève des transporteurs routiers a débuté le 24 novembre et pourrait perturber un peu plus les chaînes de production en Asie. Ces manifestations s’ajoutent à celles déjà observées à travers le monde (Royaume-Uni, Afrique du Sud, Grèce), qui témoignent du climat social tendu lié à la montée en flèche des prix alimentaires et énergétiques.
La direction est toutefois claire. L’indice Freightos (cf. graphique 5), qui mesure l’évolution du fret mondial, a poursuivi son déclin en novembre (-10% au cours des trois premières semaines du mois), pour atteindre son plus bas niveau en deux ans. L’indice synthétique des tensions sur les chaînes de valeur, de la Réserve fédérale de New York, baisse également. Il existe toutefois une exception à cette tendance. Les prix d’acheminement des produits pétroliers s’envolent, en raison des pénuries de navires, principalement dues à la forte demande des pays européens en gaz naturel liquéfié. En effet, les indices Baltic pour le coût du fret sec, spécifique au pétrole brut (dirty tanker) et fini (clean tanker), ont tous les deux bondi de plus d’un tiers depuis la fin octobre.
L’activité industrielle poursuit son ralentissement si on en juge par l’indice PMI manufacturier mondial, qui baisse encore en octobre, de 49,8 en septembre à 49,4. Les exportations mondiales en volume, calculées par le CPB (graphique 1), ont en effet peu progressé jusqu’ici en 2022 (+0,8% entre décembre 2021 et août 2022), mais elles ont atteint un nouveau record cet été. La hausse a été principalement tirée par l’Afrique et le Moyen-Orient (+6,0% au cours des huit premiers mois de l’année), les États-Unis (+4,0%) et la zone euro (+2,8%), tandis que les exportations en provenance d’Europe centrale et orientale ont plongé (-18,7%), en raison de la guerre en Ukraine. Les exportations chinoises ont également reculé au cours de la période (-1,0%).