Depuis le 8 juillet, un dispositif permet aux 2,7 millions de ménages espagnols les plus modestes de bénéficier d’un chèque « anti-inflation » de 200 euros par personne. Cette mesure fait partie d’une enveloppe totale de EUR 9 mds, officialisée fin juin par les autorités. Elle comprend également un nouvel allègement de la TVA sur l'électricité (de 10 à 5%) et une baisse du coût des transports.
Ces dispositifs de soutien au pouvoir d’achat sont les bienvenus car l’inflation continue de gagner du terrain. Elle a atteint la barre des 10% en juin (indice harmonisé), son niveau le plus élevé depuis le début des statistiques actuelles (1992). Si la hausse des prix énergétiques (+40,8% a/a en juin) reste le principal contributeur à l’inflation (à hauteur de 4,4 points en juin), l’augmentation des prix des produits alimentaires se poursuit (+12,9%) et contribue désormais à 2,5 points d’inflation. Hors énergie et produits périssables, l’inflation grimpe à 5,5%, également un plus haut depuis plusieurs décennies.
L’Espagne ne devrait néanmoins pas connaître de période récessive en 2022. Depuis le début de l’année, l’indice composite PMI est stable et en zone d’expansion (à 53,6 en juin), avec une dynamique haussière dans les services (54,0) et une résilience côté manufacturier (52,6). À ce titre, une divergence notable s’observe entre les enquêtes des entreprises et celles des ménages qui s’avèrent beaucoup plus pessimistes. Selon la Commission européenne, la confiance des consommateurs a atteint en juin son plus bas niveau depuis mai 2020, période du premier confinement.
Le pessimisme des ménages – nourri par la hausse de l’inflation et son impact sur le pouvoir d’achat – ne doit néanmoins pas masquer le fait que la situation sur le marché du travail continue de s’améliorer. Selon l’office pour l’emploi espagnol (SEPE), 77 000 emplois nets ont été créés en juin, soit la plus forte progression mensuelle depuis le début de l’année 2022. Le volume d’emplois a progressé le plus fortement dans le commerce de détail (+31 320), l’hôtellerie (+51 660) et les activités sanitaires et sociales (+21 940), tandis qu’il s’est replié dans l’éducation (-49 200), la finance et l’assurance (-1 230). En parallèle, le nombre de contrats à durée indéterminée (CDI à temps plein et à temps partiel) ne cesse de progresser, la réforme du travail promulguée en début d’année continuant donc de porter ses fruits. Près de 240 000 nouveaux CDI ont été signés en juin, ce qui porte la hausse, sur l’ensemble du premier semestre, à plus de 1 130 000, soit une progression de 12%. Le chômage remonte légèrement (+3 721) mais se maintient sous le seuil des 3 millions.