Au T2 2022, l’activité économique chinoise s’est contractée de 2,6% t/t et n’a quasiment pas progressé en glissement annuel (+0,4%). Cette mauvaise performance résulte essentiellement des restrictions à la mobilité imposées dans de nombreuses provinces en réponse à la nouvelle vague de Covid-19, les confinements les plus stricts ayant été maintenus de mars à mai dans des centres économiques majeurs tels que Shanghai. Le choc sur l’activité au T2 2022 a été sévère et inattendu, mais néanmoins moins violent qu’au T1 2020, lorsque les confinements imposés au début de la crise sanitaire avaient conduit à un effondrement de l’activité de 10,3% t/t et de 6,9% en g.a.
La production industrielle a redémarré courant mai, plus rapidement que l’activité dans les services. Elle a néanmoins ralenti à +0,6% en g.a. sur l’ensemble du T2 2022 (après +6,5% au T1 2022). La reprise de l’activité industrielle a été encouragée par la ré-accélération des exportations, qui avaient été fortement pénalisées par les ruptures d’approvisionnement dans le secteur manufacturier et les perturbations dans le transport de marchandises de mars à mai. La performance des exportations au mois de juin a même surpris positivement (+17,7% en g.a. en dollars courants en juin et +12,7% sur l’ensemble du T2, vs. 14,9% au T1). Les importations de marchandises n’ont augmenté que de +2,4% en g.a. au T2 2022 (après +11,4% au T1 2022), reflet de la faiblesse de la demande intérieure. En conséquence, l’excédent commercial s’est fortement accru : il est passé de USD163 mds au T1 à USD228 mds au T2, et a même atteint en juin un record pour un seul mois (USD98 mds).
Dans les services, l’activité a chuté de 3,3% en g.a. au T2 2022 (après une progression de +2,5% au T1 2022). Après trois mois de contraction, l’activité du secteur tertiaire ne s’est redressée que légèrement en juin (+1,3% en g.a.). Les ventes au détail restent faibles : les volumes de ventes ont baissé de 9% en moyenne en g.a. sur la période mars-mai, et leur reprise en juin a été très timide (estimée à +0,6% en g.a.). La crise du secteur immobilier a continué de peser sur la consommation de biens durables et sur l’activité dans les services. En juin, les volumes de transactions immobilières ont ainsi chuté en g.a. (-18,3%) pour le 12e mois consécutif.
En outre, les ménages craignent de nouveaux confinements et sont inquiets. La hausse de leur revenu réel a été freinée par l’accélération (toujours très modérée) de l’inflation des prix à la consommation (de +1,5% en g.a. en décembre 2021 à +2,5% en juin) et, surtout, par les conditions dégradées du marché du travail. Le redressement de l’activité en juin a permis une diminution du taux de chômage urbain à 5,5% en moyenne nationale (contre 5,9% en mai 2022 vs. 5,1% en juin 2019) et 5,8% dans les 31 principales villes du pays (contre 6,9% en mai). Mais le taux de chômage des 16-24 ans a continué d’augmenter avec l’arrivée des jeunes diplômés sur le marché du travail. Il a atteint un nouveau record de 19,3% en juin 2022 (il était à 11,6% en juin 2019).
Enfin, la croissance de l’investissement a fléchi en juin, atteignant +6,1% en g.a. sur l’ensemble du S1 2022. Elle a été soutenue par l’accélération dans les projets d’infrastructures (+7,1% en g.a. au S1), mais l’investissement manufacturier a continué de ralentir (+10,4% au S1) et la baisse de l’investissement immobilier s’est poursuivie (-5,4% au S1).