Les tensions sur le commerce mondial continuent, globalement, de se résorber, mais de nouvelles frictions émergent en raison de la guerre en Ukraine. L’indice synthétique de la Réserve fédérale de New York, qui évalue ces tensions sur les chaines d’échanges internationaux, s’est replié significativement depuis le début de l’année, pour atteindre en août son plus bas niveau en dix-huit mois (graphique 3).
Autre indicateur visible de ce désengorgement, les délais de livraison qui se réduisent : l’indice PMI manufacturier global est remonté à 44,8 en août (un chiffre en hausse indique une baisse des délais de livraison), alors qu’il s’établissait à 35,8 quatre mois auparavant (graphique 6). Il reste néanmoins en deçà de sa moyenne historique d’avant pandémie (48,2). La « normalisation » du flot maritime mondial explique en premier lieu ces améliorations, avec des engorgements qui se sont très largement résorbés sur les ports de la côte ouest américaine. Le fret maritime mondial a ainsi plongé de plus de 60% depuis les sommets atteints un an auparavant et de moitié par rapport au début de l’année (graphique 5).
Il faut néanmoins distinguer le fret de produits énergétiques du reste des marchandises acheminées. Pour cette première catégorie, les coûts de transports ont parfois même augmenté, en raison de l’accroissement de la demande en GNL et en pétrole dû aux ruptures d’approvisionnement en énergie russe. Une hausse parfaitement retranscrite par l’indice Baltic pour le transport maritime de pétrole brut (Baltic Dirty Tanker index, graphique 4), qui a quasiment doublé (+91%) depuis le début de l’année, tandis que l’indice général a baissé de 20%.
Tout au long des prochaines semaines, le trafic portuaire restera sous la menace de nouvelles perturbations liées au contexte économique, géopolitique et social difficile. C’est déjà le cas au Royaume-Uni, où une grève des dockers est en cours à Liverpool, tandis qu’elle débutera le 27 septembre à Felixstowe, le premier port du pays (côte est). Aux États-Unis, des négociations salariales touchant pas moins de 29 ports de la côte ouest du pays sont en cours depuis début juillet. Si le désaccord actuel n’a, pour l’heure, eu aucune répercussion sur l’activité dans ces ports, elles avaient débouché sur plusieurs mois de blocage lors des négociations en 2014.
La demande mondiale montre pour sa part des signes de fléchissement. L’indice PMI composite global est repassé en août sous la zone des 50, à 49,3, indiquant une contraction d’activité. Le volume des échanges mondiaux est resté néanmoins solide jusqu’au début de l’été. Selon le CPB, les exportations en volume ont progressé de 0,7% t/t au T2 2022. Il semble assez peu probable que cette dynamique de hausse se soit prolongée cet été.