Malgré un marché du travail tendu, l’économie britannique montre des signes évidents de ralentissement de la croissance alors que l’inflation atteint un plus haut depuis 40 ans. En moyenne mobile sur trois mois, d’après l’estimation mensuelle du PIB publiée par l’ONS, la croissance britannique a été nulle en juillet, légèrement en dessous des attentes (+0,1% m/m). Ce chiffre masque des évolutions mensuelles plus marquées : en hausse en mai (+0,4% m/m), le PIB a reculé en juin (- 0,6% m/m) avant de rebondir faiblement en juillet (+0,2% m/m). En juillet, la croissance des services (+0,4% m/m) est en grande partie contrebalancée par la nouvelle contraction de l’industrie (-0,3%) et de la construction (-0,8%).
Le marché du travail opère paradoxalement toujours au plein-emploi et avec des tensions qui ne semblent pas se résorber malgré la remontée des taux d’intérêt et le ralentissement de l’activité. Le taux de chômage continue de baisser (-0,2 point entre mai et juillet) pour s’établir à présent à 3,6%, soit son niveau le plus bas depuis 1974. Cette baisse ne s’est pour autant pas accompagnée d’une augmentation du taux d’emploi sur la même période. Au contraire, ce dernier a diminué de mai à juillet (-0,2 point) pour s’établir à 75,4%, toujours en dessous de son niveau d’avant-Covid (76,5% en décembre 2019). Cette baisse du chômage s’explique donc plutôt par la sortie de demandeurs d’emploi du marché du travail. Le taux d’inactivité augmente d’ailleurs de 0,4 point pour s’établir à 21,7% pour les 16-64 ans, cette fois au-dessus de son niveau d’avant-Covid (20,4% en décembre 2019). Cette hausse de l’inactivité s’explique par un retour aux études des 16-24 ans mais également par des problèmes de santé pour les 50-64 ans. Ces évolutions contribuent aux pénuries de main d’œuvre et celles-ci limitent considérablement les recrutements, laissant de nombreux emplois non pourvus, d’autant que les créations d’emploi restent dynamiques outre-Manche (+290 000 emplois entre avril et juin). Le taux de postes vacants s’établit à 4,2% en juillet, son plus haut depuis 2001 et concerne principalement les secteurs de la restauration, de la santé et des services financiers. Ces tensions sur le marché du travail soutiennent la progression des salaires (+5,5% a/a en termes nominaux entre mai et juin), même s’ils restent fortement négatifs en termes réels (-2,6% a/a).
Bien que l’inflation ait légèrement ralenti en août (9,9% a/a), reflétant la baisse des prix du carburant, elle continue de se diffuser, comme en témoigne l’augmentation de l’inflation sous-jacente (6,3% a/a). Lors de sa réunion de politique monétaire, le Monetary Policy Committee (MPC) a décidé une septième hausse consécutive du taux directeur (+50 points de base), le portant ainsi à 2,5%. Par ailleurs, le MPC a annoncé, comme prévu, la réduction de son portefeuille d’obligations du Trésor britannique (gilts) à hauteur de GBP 80 mds sur douze mois à partir d’octobre.