L’inflation reflue en octobre en Espagne pour le troisième mois consécutif, passant de 10,7% en juillet à 7,3% en glissement annuel. À l’heure d’écrire ces lignes, les chiffres détaillés n’étaient pas encore dévoilés. Néanmoins, il est vraisemblable que cette baisse ait été une nouvelle fois alimentée par les prix énergétiques, dont le rythme de progression a ralenti de façon notable cet été, bien qu’il reste élevé (22,4% a/a en septembre). L’« exception ibérique », en place depuis le printemps, ainsi que le plafonnement des prix réglementés sur le marché de l’énergie portent leurs fruits. Le gouvernement a décidé de prolonger ces mesures, ainsi que le bonus social permettant de réduire la facture d’électricité (jusqu’à 80% pour les ménages les moins aisés), jusqu’à la fin de l’année 2023. Cela dit, les pressions inflationnistes émanant d’autres postes de la consommation – alimentation, services récréatifs et culturels, équipements de la maison notamment – restent élevées, et n’ont ralenti que très faiblement jusqu’en septembre.
À l’inverse, la hausse des prix de l’immobilier s’accélère, suggérant jusqu’ici un impact très modéré de la remontée des taux d’emprunt sur l’activité dans le secteur. Selon Tinsa, les prix immobiliers ont bondi de 1,7% m/m et de 9,1% a/a en octobre, le rythme annuel le plus élevé depuis plus de 15 ans.
Le marché du travail surprend toujours par sa résistance et continue de défier les tendances, peu encourageantes, ressortant des enquêtes de confiance. Selon l’agence pour l’emploi espagnole (SEPE), l’emploi progresse encore en octobre, de 16 100 postes (chiffre corrigé des variations saisonnières), et le nombre de personnes sans emplois repart fortement à la baisse (-104 914) pour s’inscrire à son plus bas niveau depuis quatorze ans. Dans le même temps, le nombre de contrats à durée indéterminée (temps partiel et complet réunis) augmente de 149 870 et représente désormais plus de 70% des emplois totaux. Leur part n’était que de 62% à la fin de l’année 2021, quelques semaines avant l’entrée en vigueur, en février 2022, de la nouvelle loi Travail, dont la principale mesure visait à durcir les conditions de recours aux contrats précaires.
Les perspectives économiques restent toutefois orientées à la baisse, le dernier rapport PMI faisant état notamment d’une lourde chute de l’indice manufacturier en octobre, en baisse de 4,3 points à 44,7. C’est la plus forte baisse mensuelle depuis le premier confinement au printemps 2020. L’indice PMI pour les services progresse légèrement (+1,2 point à 49,7) mais reste en zone indiquant une contraction de l’activité.