Contre toute attente, le PIB allemand a progressé de 0,3% au 3e trimestre (t/t). Ce chiffre a de quoi surprendre puisque le ministre de l'Économie lui-même, Robert Habeck, annonçait le 12 octobre dernier que « l'économie allemande devrait se contracter aux troisième et quatrième trimestres de cette année ainsi qu'au premier trimestre de 2023 ». Si le détail des composantes du PIB n’est pas encore disponible, d’après l’institut national de statistiques Destatis, la consommation privée aurait porté la croissance au 3e trimestre. Mais cette mention est difficile à concilier avec la baisse de 3,5% des ventes au détail (y.c. les ventes de véhicules) entre le T2 et le T3 2022 et celle de 2,6% des ventes dans le commerce de gros. Il semblerait que ce soit la consommation de services qui ait fortement progressé. Ainsi, les derniers effets de rattrapage dans le secteur de l’hébergement-restauration semblent avoir joué à plein au regard de la hausse de 16,8% t/t du chiffre d’affaires du secteur.
Il ne faut toutefois pas s’y tromper. Cette bonne surprise ne remet pas en cause la situation difficile dans laquelle se trouve l’économie allemande. Les prix très élevés de l’énergie continuent de saper l’industrie. La production dans la pharmacie et la chimie est désormais inférieure, en octobre, de 8,3% à son niveau de janvier 2022. Une baisse équivalente est observable dans l’industrie du bois et papier (-7,9%). Les aciéristes et les métallurgistes s’en sortent un peu mieux avec un recul de leur production limitée à 2,6% depuis le début de l’année, bien que leur activité soit intensive en énergie. Enfin, pour ce qui est du secteur automobile, bien que la production se soit améliorée ces derniers mois, bénéficiant d’une amélioration sur le front des approvisionnements (notamment en semi-conducteurs), elle reste toujours très faible puisque les immatriculations de voitures neuves au mois d’octobre sont 23,3% plus basses par rapport à octobre 2019.
L’offre n’est pas la seule à souffrir. Du côté de la demande, les nouvelles commandes adressées à l’industrie dévissent. Depuis le début de l’année 2022, elles ont diminué de 12,3% et le décrochage est particulière marqué pour la demande étrangère hors zone euro (-20,5%). C’est pourtant en partie sur ce segment de marché que l’Allemagne a assis sa croissance au cours de la dernière décennie.
Du côté des enquêtes, toutes convergent dans le sens d’une nette dégradation de l’activité au 4e trimestre, parfaitement visible sur notre baromètre. La confiance des ménages reste figée à des niveaux très dégradés. Le PMI composite s’est érodé pour le huitième mois d’affilée et les perspectives d’activité à six mois des chefs d’entreprise interrogés par l’IFO ne se redressent pas. Après la bonne surprise du troisième trimestre, il est difficile d’imaginer que l’économie allemande puisse continuer de croître sur les trois derniers mois de l’année.