Royaume-Uni, Grèce, Afrique du Sud : les grèves dans le secteur portuaire se sont multipliées ces derniers jours, entraînant des perturbations, en particulier en Afrique du Sud. Le trafic maritime mondial a cependant continué de se fluidifier et le fret, mesuré par l’indice Freightos, est retombé à son plus bas niveau depuis la fin décembre 2020 (Graphique 5). Cela représente une chute de 70% par rapport au pic enregistré en septembre 2021 et un recul des coûts des deux tiers depuis le début de l’année 2022.
L’indice Baltic Dry, qui mesure le coût du fret sec, est stable. Néanmoins, comme cela a été souligné dans le précédent baromètre, il convient de distinguer le fret de produits énergétiques du reste des marchandises acheminées. En effet, le coût du transport de pétrole brut (Baltic Dirty Tanker index) progresse encore en octobre, sous l’effet d’une demande accrue en gaz naturel liquéfié (GNL), elle-même principalement tirée par les pays européens cherchant à pallier le gaz russe (Graphique 4).
La normalisation du trafic maritime va de pair avec une baisse des tensions sur les chaines d’approvisionnement mondiales, clairement illustrée par l’indice synthétique de la Réserve fédérale de New York (Graphique 3), ainsi que par la remontée de l’indice PMI global sur les délais de livraison de biens manufacturiers (Graphique 6).
Toutefois, le ralentissement de l’économie mondiale est de plus en plus manifeste, comme en témoigne le recul des ventes mondiales de semi-conducteurs depuis cet été, ainsi que la détérioration de l’indice PMI des nouvelles commandes à l’exportation (Graphique 2). Ces perspectives moroses incitent probablement aussi les entreprises à ralentir le rythme d’approvisionnement de leurs stocks, ce qui a tendance à accentuer le ralentissement des échanges. Dans ses dernières prévisions publiées début octobre, l’Organisation mondiale du commerce a, certes, légèrement rehaussé ses projections de croissance des échanges mondiaux pour 2022 par rapport à avril dernier – à 3,5% contre 3,0% précédemment – mais le message pour 2023 était clair : leur croissance devrait nettement baisser, passant de 3,4% à 1,0%.
Guillaume Derrien