La seconde partie de l’année 2022 aura été marquée par un reflux significatif et généralisé des coûts de transport mondiaux, accompagné d’une décongestion des chaînes d’approvisionnement (graphique 3). Le fret maritime mondial (graphique 5) est ainsi retombé à des niveaux près de cinq fois inférieurs à ceux constatés lors du pic de l’automne 2021. Seuls les coûts d’acheminement du gaz naturel liquéfié (GNL) ont connu une progression importante, liée aux pénuries de gaz russe, bien que les prix se soient également retranchés depuis décembre. Si les risques de perturbations sur les échanges et la logistique mondiale ne s’évaporeront pas totalement en 2023 (risque de débrayage, possible barrières sanitaires en cas de résurgence de Covid-19, tensions liées à la sortie précipitée de la stratégie zéro-Covid de la Chine), les indicateurs seront avant tout scrutés du côté de la demande, pour juger de la santé de l’économie mondiale.
Or, la décélération de la demande semble bien enclenchée, reste à savoir quelle en sera l’ampleur in fine. Les enquêtes PMI se sont en effet détériorées quasiment sans relâche tout au long de l’année 2022, pour s’inscrire à 48,6 en décembre. Ce recul dans les enquêtes de confiance des entreprises s’observe également dans les données dures : les nouvelles commandes à l’exportation en provenance de Taiwan ont chuté lourdement sur un mois en novembre (-13,1% m/m), tirant le taux annuel vers un plus bas depuis 13 ans. La chute des commandes n’épargne aucun secteur : chimie (-28,9% a/a), électronique (-15,2% a/a), plastique et caoutchouc (-38,7% y/y), ou encore le textile (-13,5% a/a). Les commandes industrielles allemandes ont également décroché en novembre de 5,3% m/m, pénalisées par une baisse de 8,1% m/m des commandes en provenance de l’étranger. L’évolution des exportations mondiales en volumes, fournies par le CPB (graphique 1), ont un temps de retard, les dernières données disponibles s’arrêtant à octobre 2022. Si le volume des exportations restait dans l’ensemble élevé, un retournement à la baisse pourrait s’être enclenché l’automne dernier. Les exportations réelles ont en effet chuté de 2,6% m/m en octobre, la contraction mensuelle la plus importante depuis avril 2020, date à laquelle la plupart des mesures de confinement avaient été instaurées à travers le monde.
Guillaume Derrien