Le ratio des prêts non performants (PNP) des sociétés financières espagnoles spécialisées[1] (crédit à la consommation, crédit à l’habitat, crédit-bail ou encore l’affacturage) a atteint 6,9% au mois de janvier 2022 soit son niveau le plus élevé depuis 2016 pour un mois de janvier. À l’inverse, le ratio des PNP des banques commerciales, des caisses d’épargne et des banques coopératives[2] s’est stabilisé à 4,2%, son niveau le plus faible depuis mars 2009.
L’augmentation du ratio des PNP des sociétés financières spécialisées est imputable à une hausse de l’encours des PNP plus rapide que celle de l’ensemble des prêts (respectivement 8,7% et 2,0% entre janvier 2021 et janvier 2022). A contrario, la baisse, entamée en 2014, de l’encours des PNP des banques s’est poursuivie tandis que l’encours de l’ensemble des prêts demeurait stable (respectivement -5,5% et -0,2% entre janvier 2021 et janvier 2022).
La pandémie de Covid-19 semble avoir provoqué un découplage entre les évolutions des ratios de PNP des sociétés financières et des banques. Cette désynchronisation, qui pourrait n’être que temporaire, s’explique probablement par la nature des prêts octroyés par les sociétés financières et par la poursuite des cessions et abandons de créances par les banques. En outre, la fin des mesures de soutien public et privé, qui avaient jusqu’à présent préservé la liquidité des emprunteurs, contribue à expliquer la hausse la plus récente des PNP des sociétés financières. La fin progressive des moratoires sur les prêts a notamment révélé les difficultés de certains emprunteurs.
En dépit de la capacité de résistance de l’économie espagnole aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, les vulnérabilités déjà présentes dans certains compartiments de crédit pourraient se renforcer et se traduire par une augmentation des prêts non performants.