La France vient d’enregistrer une croissance de 0,2% t/t au 3ème trimestre, une baisse de rythme assez franche par rapport au 2e trimestre, où elle avait atteint 0,5% t/t, et ce malgré un rebond du pouvoir d’achat que nous estimons à près de 1% t/t en partie expliqué par un reflux de l’inflation de 5,8% a/a en juin à 5,6% a/a en septembre.
Il apparait en effet que ce repli est temporaire, comme en témoigne le chiffre d’inflation du mois d’octobre, publié par l’Insee à 6,2% a/a. Cette accélération provient en premier lieu des prix alimentaires, qui contribuent pour près du tiers à ce chiffre. Surtout, l’alimentation hors produits frais connait une hausse de 11%, une progression près de deux fois supérieure à ce qui avait été connu en 2008. L’inflation énergétique reste, quant à elle, considérable sous le double poids du rebond du prix du baril et de la hausse des importations liée au blocage des raffineries.
Ces deux foyers d’inflation devraient se renforcer dans les mois qui viennent. L’inflation alimentaire tire notamment sa source d’une relative rareté de certains produits agricoles. Celle-ci contribue aux goulots d’étranglement nombreux qui pénalisent la production du secteur agroalimentaire et qui se reflètent dans des stocks très bas. L’inflation énergétique devrait de nouveau croître avec la hausse de 15% des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité début 2023, tandis que la ristourne sur le carburant devrait alors prendre fin.
Ces éléments suggèrent que l’inflation s’est installée et que sa décrue, lorsqu’elle interviendra, devrait rester progressive. En effet, nous estimons que l’inflation sous-jacente telle que calculée par l’Insee devrait avoir atteint un nouveau point haut à 4,9% a/a en octobre, tirée à la hausse par les biens manufacturés, en nette accélération à 4,2% en octobre, ainsi que par l’alimentation hors produits frais. Des hausses qui devraient se renforcer, puisque l’enquête de l’Insee dans le commerce de détail du mois d’octobre révèle que la proportion de détaillants qui prévoit d’augmenter leurs prix a encore augmenté.
En parallèle, les salaires n’enregistrent pas une progression comparable mais leur hausse devrait s’accélérer. En effet, si le SMIC est indexé à l’inflation, ce n’est pas le cas de la plupart des salaires, dont la hausse devrait atteindre 3,6% en 2022 selon nos estimations, tandis que leur progression devrait être de 4% en 2023, sous l’effet des revalorisations qui sont en train d’être consenties. Une dynamique qui devrait contribuer à une légère progression du pouvoir d’achat des ménages en 2023 (+0,3%) nonobstant une inflation toujours élevée et notre anticipation d’une légère érosion de l’emploi en 2023.