Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
« Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques. »
+ 33 1 55 77 47 31 william.devijlder@bnpparibas.com
L’indice mondial des directeurs d’achat du secteur manufacturier s’est, une fois encore, inscrit en baisse en octobre, avec des chutes marquées aux États-Unis, dans la zone Euro, en Autriche, Allemagne, Grèce, Italie, Espagne, Suisse et au Royaume-Uni. La Chine a connu une amélioration, mais l’indice est néanmoins resté en deçà de 50. La tendance fortement baissière des entrées de commandes s’est poursuivie dans la zone Euro et ses pays membres, à l’exception de la France, où le déclin a été plus limité en octobre après la forte baisse enregistrée le mois précédent. Les commandes ont également connu une baisse marquée aux États-Unis – où le rebond de septembre n’a assurément pas duré – ainsi qu’au Royaume-Uni. La Chine a enregistré une certaine amélioration
La dernière enquête des prévisionnistes professionnels de la BCE met en évidence une révision à la baisse des perspectives de croissance et un ajustement à la hausse des prévisions d’inflation. Pour l'année à venir, la question véritable porte non sur la direction de l'inflation mais sur la rapidité et l'ampleur de son déclin. Un ralentissement trop lent pourrait convaincre la BCE de la nécessité de poursuivre la hausse des taux au-delà de ce que prévoient actuellement les marchés, ce qui augmenterait le coût pour l'économie des efforts déployés pour juguler l'inflation. La désinflation pourrait se faire attendre plus longtemps que prévu. Au cours des deux années écoulées, une série de facteurs ont conduit à une inflation exceptionnellement élevée mais également à large spectre
Nous nous appuyons sur plusieurs indicateurs d’incertitude, complémentaires tant sur le plan de la portée que sur le plan de la méthodologie. En commençant en haut à gauche et en progressant dans le sens des aiguilles d’une montre, l’incertitude de la politique économique américaine, fondée sur la couverture médiatique, s’est inscrite sur une tendance à la hausse au cours des douze derniers mois. Cela est lié au resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale et à ses conséquences sur la croissance. Aux États-Unis, les dernières données montrent une augmentation de l’incertitude des entreprises quant à la croissance des revenus issus des ventes.
L'analyse par la somme des parties, largement utilisée en finance d’entreprise, a fait son apparition parmi les banques centrales. Cela traduit la crainte que les effets des nombreuses hausses de taux synchrones dépassent ceux de l’addition de ces hausses. Il y a plusieurs explications possibles à cela. Dans la mesure où l'inflation dans un pays donné dépend en grande partie des capacités de production inemployées au niveau mondial, ces hausses synchrones pourraient entraîner une baisse soudaine de l'inflation. La hausse des prix à l'importation, liée à la dépréciation de leur devise, pourrait forcer des pays à un resserrement monétaire. Une baisse de la confiance joue aussi un rôle, en particulier pour les entreprises exportatrices
Quand la croissance ralentit, les risques sont orientés à la baisse car les ménages et les entreprises font preuve de prudence dans leurs décisions de dépenses et d'investissement. En l’état actuel des choses, il est difficile de déterminer ce qui pourrait créer une surprise à la hausse. Or, d’après le FMI, plusieurs risques menacent la croissance tels que le coût de l’énergie, la crise du secteur immobilier chinois, ou encore les perturbations sur le marché du travail. Les conditions financières pourraient se détériorer. Une telle situation pourrait avoir un impact non linéaire sur la croissance. Cela illustre le défi auquel sont confrontées les banques centrales : un risque important qui pèse sur la croissance et une inflation exceptionnellement élevée.
Compte tenu de la récente forte hausse des taux d’intérêt, dans les pays de la zone euro le coût d’emprunt de la dette nouvellement émise est désormais plus élevé, pour une maturité équivalente, que celui de la dette existante. Pour que la dette publique soit soutenable, une telle situation requiert un déficit primaire moindre ou un excédent plus élevé, selon que le coût moyen de la dette est inférieur ou supérieur au taux de croissance nominale à long terme du PIB. Toutefois, l’effet ne se fera pleinement ressentir que lorsque la totalité de la dette aura été refinancée à un taux d’intérêt plus élevé. Compte tenu de la maturité moyenne élevée de la dette existante, l’effort annuel d’ajustement est, pour le moment, limité mais il augmentera à l’avenir
Le PMI manufacturier mondial a poursuivi son repli en septembre. L’indice s’est légèrement amélioré au Canada et aux États-Unis, mais il a continué à reculer dans la zone euro, avec une baisse des chiffres en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Il s’est également inscrit en retrait en Chine. En revanche, il a bien résisté en Inde, en Indonésie et au Vietnam. La situation des nouvelles commandes s’est sensiblement détériorée. Elle est particulièrement mauvaise dans la zone euro et au Royaume-Uni même si ces conditions défavorables touchent à présent un grand nombre de pays. Les commandes ont aussi accusé un repli au Japon et en Chine, tandis qu’elles se sont améliorées en Indonésie.
Au Royaume-Uni, les marchés financiers ont été récemment confrontés à une « ruée sur les liquidités » qui a amené les investisseurs à céder des actifs, y compris sûrs, comme les obligations d’État, pour obtenir des liquidités. Le catalyseur a été l'annonce d'une politique budgétaire expansionniste. Celle-ci pourrait obliger la Banque d'Angleterre à relever plus fortement les taux d'intérêt compte tenu de possibles conséquences inflationnistes. L’effet de levier et les appels de marge qui en ont découlé ont accéléré la hausse des rendements du Gilt. Cette situation montre la nécessité de coordonner les politiques économiques
Aux États-Unis, le marché du travail extrêmement tendu joue un rôle central dans les efforts mis en œuvre par la banque centrale pour ramener l’inflation vers son objectif. Une augmentation moindre du revenu du travail devrait freiner la demande finale, tandis que le tassement des hausses salariales contribuera à atténuer la pression sur les marges des entreprises, qui seront moins enclines à relever leurs prix de vente. Le marché du travail se caractérise par une interaction dynamique entre les offres d’emploi, les postes non pourvus, les départs volontaires et licenciements. Aux États-Unis, le nombre de postes non pourvus et le taux de démission ont commencé à baisser. On peut s’attendre à une accélération de cette dynamique et donc à un fléchissement de la hausse des salaires
L’inflation domine l’actualité économique depuis des mois, mais avec des resserrements monétaires agressifs, cela ne devrait pas durer. Dans le même temps, les craintes de récession s’intensifient. Les banquiers centraux reconnaissent que leur action pourrait provoquer une récession technique, une grande majorité des dirigeants américains s’y attendent et le consensus montre un risque accru de récession aux États-Unis, et encore davantage dans la zone euro. La narration d’une récession devrait mener à de l’attentisme, avec un report des décisions de dépenses et d’embauche. Il devrait aussi créer des interactions négatives, qui se renforceront mutuellement, entre les données concrètes et le sentiment des agents économiques
Ces derniers mois, l’écart considérable et croissant entre l’inflation observée et l’objectif a fini par créer, au sein des banques centrales, un sentiment d’urgence à agir. On peut parler de phase de panique du cycle de resserrement. Il s’est ensuivi une succession rapide de hausses de taux. Le resserrement est rapide au lieu d’être progressif afin d’éviter un désancrage des anticipations d’inflation. Cette phase de persévérance cèdera la place à une attitude attentiste une fois le taux final – le pic cyclique du taux d’intérêt – atteint. Lors de cette phase de patience, les banques centrales attendront de voir comment les données évolueront
Selon un large consensus, 2023 devrait être une année de désinflation. Le resserrement monétaire jouera à cet égard un rôle important. Cependant, il est difficile, voire impossible de déterminer quand et à partir de quel niveau atteint par les taux d’intérêt directeurs, l’inflation aura suffisamment convergé vers l’objectif. C’est pourquoi la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne procèdent à une succession rapide de hausses significatives de taux. Cela devrait réduire le risque d’une inflation supérieure aux prévisions. Beaucoup dépendra de la manière dont les anticipations d’inflation évolueront
La tendance à la baisse de l’indice PMI manufacturier s’est poursuivie en août. Dans la plupart des économies avancées, l’indice est inférieur à 50, signe d'une contraction de l’activité dans le secteur manufacturier. Le Royaume-Uni a accusé un détérioration significative le mois dernier. L’indice chinois est également passé sous la barre des 50. La baisse des nouvelles commandes est particulièrement importante depuis le mois de mai. De plus, elle est généralisée. Au sein de la zone euro et dans la plupart de ses pays membres, ainsi qu’au Royaume-Uni, l’indice est passé sous la barre des 46 points. Les chiffres sont également très faibles au Mexique, en République tchèque, en Pologne et en Turquie. La situation s’est aussi détériorée en Chine.
Les données économiques récentes dressent un tableau de la montée des inquiétudes concernant les perspectives économiques. Aux États-Unis, l'inflation élevée et la hausse des taux d'intérêt jouent un rôle central. Dans la zone euro, ces mêmes facteurs entrent en jeu - même si les taux d'intérêt y sont inférieurs qu’aux États-Unis - mais deux autres, la flambée des prix de l'énergie et les ruptures d'approvisionnement en gaz, devraient aussi freiner la croissance. L'atténuation des pressions sur les prix dans les enquêtes de conjoncture est encourageante. Néanmoins, les anticipations en matière de prix de vente restent exceptionnellement élevées au vu de la baisse des carnets de commandes
Le premier graphique indique une hausse récente de l’incertitude au niveau de la politique économique américaine, telle que mesurée par la couverture médiatique. Cette évolution reflète le ton agressif adopté par la Fed et, par conséquent, les inquiétudes relatives à l’ampleur et à l’impact des mesures de resserrement monétaire à venir. Le deuxième graphique montre qu’aux États-Unis, l’incertitude des entreprises quant à la croissance du chiffre d’affaires a légèrement diminué, rompant ainsi avec une tendance haussière de plusieurs mois.
Au cours des douze derniers mois, l'évolution de l'inflation est sortie de la théorie économique et a surpris tout le monde. Nous avons été confrontés à une série de chocs d'offre (covid-19, perturbations et pénuries, guerre en Ukraine, conditions climatiques) et la force de la demande a été sous-estimée. L’importance de l'inflation et sa persistance sont aujourd'hui les véritables problèmes, qui ne permettent pas de prévoir son évolution. De ce fait, les banques centrales ont décidé de passer à un mode où "seules les données comptent". Aujourd'hui, le risque est que l'inflation, bien trop élevée, prenne beaucoup de temps à baisser. La principale préoccupation de la BCE et de la Fed est que l'inflation persiste et influence l’augmentation des prix et les négociations salariales
Lors du symposium de Jackson Hole, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, et François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, ont insisté sur le caractère inconditionnel de leur responsabilité dans la stabilisation des prix. Dans le contexte actuel d'incertitude liée à la persistance d'une inflation élevée, la Fed comme la BCE augmenteront leurs taux afin de maîtriser l’inflation, quel que soit le coût à court terme pour l’économie, car ne pas faire assez maintenant entraînerait un coût économique encore plus élevé par la suite. En réaction, les marchés actions ont chuté tandis que les rendements obligataires ont bondi. Durcir les conditions aidera le resserrement monétaire à freiner la croissance
Le Conseil des gouverneurs de la BCE a surpris en décidant à la fois d’une hausse de 50 points de base de son taux d’intérêt, d’abandonner la forward guidance et que les données le guideront à l’avenir dans ses décisions de resserrement monétaire. Cela pourrait traduire une appréhension de la banque centrale à propos de la rapidité avec laquelle l’économie de la zone euro pourrait réagir à la remontée des taux et des incertitudes entourant les livraisons de gaz l’hiver prochain. L’autre décision importante de la réunion du 21 juillet a été l’introduction de l’instrument de protection de la transmission (IPT) pour contrer un élargissement injustifié des spreads souverains qui pèserait sur la transmission de la politique monétaire
La réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE de jeudi prochain est très attendue. La décision de relever les taux ayant fait l’objet d’une annonce préalable, la question sera de savoir si le nouvel outil destiné à contrer l’élargissement injustifié des spreads souverains sera dévoilé. Si la justification d’un tel instrument est bien admise, sa conception et son utilisation soulèvent plusieurs questions. La réponse à l’une d’elles est facile. Pour éviter de remettre en cause l’orientation de la politique monétaire, les achats d’obligations par la banque centrale devront être neutralisés. Répondre aux suivantes est plus complexe
La perspective de multiples resserrements monétaires de la Réserve fédérale, ainsi que le risque de disruption de l’offre de gaz en Europe, avec des conséquences néfastes pour la croissance, sont les principaux facteurs qui ont récemment causé une baisse du taux de change de l’euro par rapport au dollar, conduisant à une parité entre les deux devises. Les conséquences économiques pour la zone euro sont surtout négatives, le seul point positif étant le gain de compétitivité. À court terme, un changement de tendance est peu probable mais à moyen terme l’euro devrait finir par s’apprécier contre le dollar
Les dernières données économiques envoient des signaux contradictoires à propos des perspectives de l’économie américaine. D’après une enquête des directeurs financiers des entreprises américaines, ces derniers s’inquiètent de plus en plus. De plus, le nowcast de la Fed d’Atlanta prévoit une contraction du PIB réel au deuxième trimestre. Or, deux trimestres successifs de croissance négative suffisent habituellement pour parler de récession. Néanmoins, le marché du travail demeure solide et la plupart des indicateurs du Comité de datation du cycle économique du NBER restent orientés à la hausse. Autrement dit, il n’existe pas de risque imminent de récession.
La tendance à la baisse du PMI manufacturier mondial s’est poursuivie en juin. L’indice a reculé aux États-Unis comme dans la zone euro, respectivement, à 52,7 et 52,1, s’approchant du seuil fatidique des 50. On observe un repli dans tous les pays de la zone euro pour lesquels des données sont disponibles. Les chiffres ont également baissé au Royaume-Uni et au Japon. L’indice a progressé en Australie, au Mexique et, en particulier, en Chine. Le reflux des nouvelles commandes du secteur manufacturier s’est également poursuivi et il est plus prononcé que celui de l’indice global. Les prises de commandes ont sensiblement baissé aux États-Unis et dans la zone euro en général ainsi qu’au niveau de chaque pays. Les chiffres sont particulièrement déprimés en Allemagne et en Italie
Les directeurs financiers des entreprises américaines se montrent plus pessimistes quant aux perspectives de l’économie américaine. La dernière enquête de l’Université Duke auprès de ces derniers montre que 20,8% d’entre eux s’attendent à une croissance négative du PIB au cours des 12 prochains mois. Leur évaluation des perspectives propres à leur entreprise a nettement moins diminué, ce qui conduit à un écart record avec leur appréciation des perspectives relatives à l’économie dans son ensemble. Il y a là matière à préoccupation : combien de temps la confiance des entreprises peut-elle rester élevée si l’environnement global continue de se détériorer ? L’évolution des taux d’intérêt jouera un rôle clé à cet égard
Nos différents indicateurs d’incertitude sont complémentaires, en termes de portée et de méthodologie. En commençant en haut à gauche et en continuant dans le sens des aiguilles d’une montre, l’incertitude sur la politique économique aux États-Unis, fondée sur la couverture médiatique, a quelque peu reflué ces dernières semaines. Cela fait suite à une hausse significative qui reflétait en partie les préoccupations liées à la perspective d’un resserrement agressif de la politique monétaire par la Réserve fédérale.
Aux États-Unis comme dans la zone euro, le niveau d’activité est très élevé mais la croissance a déjà nettement marqué le pas. Elle devrait rester faible en glissement trimestriel jusqu’à la fin de l’année. Les doutes sur les perspectives conjoncturelles se renforcent en raison de la conjonction d’une inflation élevée, de l’incertitude géopolitique et du resserrement des politiques monétaires. D’après les enquêtes, les prix des intrants et les délais de livraison se replient mais demeurent à des niveaux élevés. La croissance des salaires reste forte aux États-Unis et elle se redresse dans la zone euro, laissant craindre une baisse de l’inflation plus lente que prévu.