Quand la Réserve fédérale américaine cessera-t-elle de relever les taux des Fed funds ? La question est cruciale pour l’activité et la demande de l’économie américaine, mais aussi pour les marchés financiers. Lors de sa récente conférence de presse le président de la Fed Jerome Powell est resté vague sur la fonction de réaction du FOMC. Il a néanmoins indiqué qu’il examinerait les taux réels. Cela soulève la question de savoir quel outil de mesure permettra de comparer les taux nominaux et les taux réels. Une solution réside dans la structure par échéances des anticipations d’inflation, calculée par la Banque de la Réserve fédérale de Cleveland. Malgré sa hausse récente, le rendement réel à un an des bons du Trésor américain reste en dessous du niveau atteint lors des précédents cycles de resserrement monétaire, à l’exception de celui de 2018. Dans un contexte de forte inflation, le cycle actuel n’est donc pas près de prendre fin.
Quand la Réserve fédérale américaine cessera-t-elle de relever les taux des Fed funds ? La question est cruciale tant pour l’activité et la demande de l’économie américaine que pour les marchés financiers. Elle est tout aussi importante pour le reste du monde, compte tenu des répercussions internationales de la politique monétaire américaine.
Lors de sa récente conférence de presse, qui a suivi la réunion de politique monétaire et la nouvelle hausse des taux directeurs de 75 points de base, le président de la Fed Jerome Powell est resté vague sur la fonction de réaction du comité de politique monétaire (FOMC). « Nous tiendrons compte de l’ensemble des analyses et des données relatives à cette question, en nous fondant sur notre évaluation de l’ampleur du resserrement des conditions financières, des effets que ce resserrement a sur l’économie réelle et sur l’inflation, en prenant en considération les décalages… »1. Il a également indiqué que le FOMC examinerait les taux réels sur l’ensemble de la courbe des rendements obligataires, sans toutefois préciser comment ces taux seraient calculés.
Pour qui investit sur plusieurs années, le niveau actuel d’inflation ne veut pas dire grand-chose. Au moment de prendre sa décision, un investisseur regardera, en effet, la trajectoire d’inflation attendue sur toute la durée de vie de l’obligation qu’il envisage d’acheter.
La comparaison entre le rendement d’une obligation nominale et celui d’un titre protégé contre l’inflation de même échéance est biaisée du fait de la prime de risque d’inflation. Cette prime compense le risque de variation de l’inflation par rapport au niveau initialement prévu. Une solution possible consiste à utiliser la structure par échéances des anticipations d’inflation, calculée par la Banque de la Réserve fédérale de Cleveland2, qui conjugue les données provenant de trois sources différentes : les prévisions du consensus économique Blue Chips – inflation à court terme attendue au cours des prochains trimestres –, les anticipations d’inflation au cours des dix prochaines années, issues de l’enquête des prévisionnistes professionnels (SPF) et les swaps d’inflation couvrant l’ensemble des échéances3.
Le graphique 1 montre l’évolution de la structure par échéances depuis le début de 2021. La remontée des anticipations d’inflation a été générale mais, alors qu’en 2021 on observait essentiellement un mouvement de hausse parallèle, cette année, les anticipations à court terme ont augmenté bien plus que celles à long terme. Il est important de noter que le resserrement de la politique monétaire a déjà entraîné un repli significatif des anticipations à court terme après le pic atteint en septembre.