Selon un large consensus, 2023 devrait être une année de désinflation. Le resserrement monétaire jouera à cet égard un rôle important. Cependant, il est difficile, voire impossible de déterminer quand et à partir de quel niveau atteint par les taux d’intérêt directeurs, l’inflation aura suffisamment convergé vers l’objectif. C’est pourquoi la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne procèdent à une succession rapide de hausses significatives de taux. Cela devrait réduire le risque d’une inflation supérieure aux prévisions. Beaucoup dépendra de la manière dont les anticipations d’inflation évolueront. Une étude récente montre que les entreprises utilisent les données sur les prix auxquelles elles sont directement confrontées pour se forger une opinion sur l’inflation globale future. Autrement dit, la désinflation pourrait être un long processus étant donné qu’une majorité d’entreprises manufacturières de la zone euro font face à une hausse des prix des intrants.
Selon un très large consensus et sauf nouveaux chocs d’offre négatifs, 2023 devrait être une année de désinflation — une tendance à la baisse de l’inflation — en raison d’effets de base favorables, la résorption des goulets d’étranglement du côté de l’offre et le fléchissement de la croissance de la demande, dû à la perte de pouvoir d’achat des ménages, la pression sur les bénéfices des entreprises et la hausse des taux d’intérêt. Les prévisionnistes professionnels tablent sur une inflation qui serait, fin 2023, nettement inférieure à celle du début de l’année (tableau 1).
Cependant, de nombreuses incertitudes entourent ces prévisions. Au cours de cette année, les prévisions d’inflation pour 2023, ont dû être révisées plusieurs fois à la hausse, dans une large mesure en raison de nouveaux chocs, comme la guerre en Ukraine, et de leur impact sur les prix des matières premières et, en particulier, de l’énergie.
La forte généralisation de l’inflation n’y a pas été non plus étrangère. Les événements de cette année font que les prévisions d’inflation pour 2023 sont soumises à un degré inhabituellement élevé d’incertitude. En témoigne la distribution des prévisions d’inflation pour le quatrième trimestre de l’année prochaine.
Comparé à celle du quatrième trimestre de cette année, on observe un déplacement vers la gauche – les prévisionnistes tablent sur une inflation en baisse – mais on note toutefois l’existence d’un niveau élevé de désaccord entre les prévisionnistes (graphiques 1 et 2).
La Réserve fédérale et la Banque centrale européenne se heurtent à cette incertitude dans leurs propres projections. C’est pourquoi elles ont fait le choix de fonder leur politique sur l’évolution des données économiques. Il est en effet difficile voire impossible de déterminer, avec un degré de certitude suffisant, quand et à partir de quel niveau atteint par les taux d’intérêt directeurs, l’inflation aura suffisamment convergé vers l’objectif.
La première question concerne le rythme de la désinflation, la deuxième a trait à l’importance du resserrement cumulé nécessaire pour ralentir la croissance de la demande et juguler ainsi les pressions inflationnistes. Une économie peut connaître une désinflation avec une politique monétaire inchangée.