Quand on prononce un discours, mieux vaut être concis pour être facilement compris. Depuis sa prise de fonction à la tête de la Réserve fédérale américaine et jusqu’en 2021, les discours de Jerome Powell, au symposium annuel Jackson Hole, faisaient en moyenne 17 pages. Cette année, il s’est limité à six pages (graphique 1) et le ton a été donné dès le début : « Aujourd’hui, mes propos seront plus courts, mieux ciblés et mon message plus direct. »1. Et son message pouvait difficilement être plus clair : « Notre responsabilité d’assurer la stabilité des prix est inconditionnelle ». Cela signifie que la politique monétaire devra être resserrée, autant et aussi longtemps que nécessaire.
Il est intéressant de noter que François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a prononcé les mêmes mots dans son discours à Jackson Hole : « N’ayez aucun doute qu’à la BCE, nous augmenterons s’il le faut les taux au-delà de la normalisation : ramener l’inflation à 2% est de notre responsabilité ; notre volonté et notre capacité à remplir notre mandat sont inconditionnelles »2 .
En insistant sur le caractère inconditionnel du resserrement monétaire, la Réserve fédérale considère que la stabilité des prix – ramener l’inflation à l’objectif - est désormais plus importante que ses autres objectifs de long terme, à savoir promouvoir l’emploi et des taux d’intérêt à long terme modérés.
La raison sous-jacente est que ne pas faire suffisamment pour maîtriser l’inflation à court terme aurait à long terme un impact négatif sur la croissance, et entraînerait une augmentation des rendements obligataires du fait d’anticipations d’inflation plus élevées. Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, l’a également souligné à Jackson Hole, et a ajouté que « les risques d’un désancrage des anticipations d’inflation augmentent »3.
D’autres hausses de taux sont nécessaires, aux États-Unis comme dans la zone euro, car l’évolution des facteurs qui influencent l’inflation, telle qu’elle est attendue, ne suffira pas. Cette question apparaît dans les minutes de la réunion du FOMC de juillet. La baisse des prix des produits de base aiderait, mais ces derniers pourraient rebondir, tandis que « l’amélioration de l’offre serait utile, mais ne pourrait pas, à elle seule, résoudre suffisamment rapidement les déséquilibres entre l’offre et la demande dans l’économie »4. Selon Isabel Schnabel, « même si nous entrons en récession, il est peu probable que les pressions inflationnistes s’atténuent d’elles-mêmes (…) Le ralentissement de la croissance ne suffira donc probablement pas à freiner l’inflation »5.