L’aplatissement de la courbe de taux américaine a suscité bien des commentaires car, d’après les corrélations historiques, le risque de récession serait en hausse. Il convient néanmoins de se garder de conclusions hâtives. Les anticipations d’inflation basées sur le marché, actuellement très élevées, devraient reculer après plusieurs relèvements de taux. Cela pourrait tirer vers le bas les rendements obligataires nominaux à long terme et entraîner un ré-aplatissement, voire une inversion de la courbe. Cependant, la baisse de l’inflation est favorable à la croissance. Autre raison de se montrer prudent : du fait des achats d’actifs effectués par la banque centrale antérieurement, la courbe de taux est moins pentue
L’inflation a atteint 4,5% a/a au mois de mars en France selon l’estimation finale de l’Insee, principalement en raison d’une nouvelle hausse du coût de l’énergie (+9% sur le seul mois de mars, +29,2% a/a). En parallèle, l’impact de cette inflation semble commencer à se faire sentir sur les dépenses de consommation des ménages : après avoir nettement baissé en janvier (-2% m/m), leur rebond en février est resté limité (+0,8% m/m). Et la dernière enquête de l’Insee sur la confiance des ménages n’augure pas d’un rebond à court terme, au contraire. Le moral de ces derniers a considérablement chuté notamment parce qu’ils craignent de nouvelles hausses de prix : la balance d’opinion sur les perspectives de prix a augmenté de 50 points pour atteindre un record historique.
L’inflation en Italie a atteint 6,7% a/a en mars, le niveau le plus élevé depuis juillet 1991. À la hausse spectaculaire de 50,9% sur un an des prix de l’énergie (électricité, gaz, carburant) s’ajoutent désormais les augmentations importantes des prix des produits alimentaires (+5,8% a/a), de l’ameublement (+8% a/a), ainsi que de l’hôtellerie-restauration (+4,6% a/a). Deux postes de consommation restent encore en terrain déflationniste : l’éducation (-0,5% a/a) et les services de communication (-2,9% a/a). Le plus dur est néanmoins à venir : la dernière enquête PMI pour le mois de mars montre une augmentation encore une fois très nette des prix des intrants, la plus forte jamais enregistrée (+6,7 points à 81,5)
La croissance économique s’est confirmée au cours des deux premiers mois de 2022, mais devrait ralentir très prochainement en raison des tensions inflationnistes. L’indice de production industrielle, disponible jusqu’en février, établit un acquis de croissance de 1% en glissement trimestriel (g.t.), ce qui suggère un léger ralentissement de l’activité par rapport au T4 2021 (1,3% en g.t.). Du côté des services, le climat des affaires continue de s’améliorer depuis le début du T3 2021, avec un PMI de 60,9 en mars 2022. Par ailleurs, les ventes au détail, qui se sont accrues de 7% en g.a. en février 2022, restent négatives (-2,1% en février) en dynamique sur trois mois glissants. Toutefois, l’ampleur de cette augmentation s’explique principalement par un effet de base.
Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 continue de baisser pour la troisième semaine consécutive dans le monde. Pour la première fois depuis le début du mois de janvier 2022, le nombre de contaminations est repassé sous la barre symbolique des 10 millions hebdomadaires en moyenne sur sept jours glissants. Ainsi, on enregistre 8 millions de nouveaux cas entre le 7 et le 14 avril, soit une baisse de 21% par rapport à la semaine précédente (graphique 1). Plus globalement, leur nombre continue de baisser en Europe, en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique, alors qu’en Amérique du Nord on enregistre une première hausse après trois mois de baisse quasi continue. Par ailleurs, 65% de la population mondiale a reçu au moins une dose d’un vaccin (graphique 2).