Le mois d’août 2023 marque un rebond de l’inflation en France qui tranche avec la désinflation observée lors des mois précédents. L’énergie est la première cause de ce rebond lié à la hausse du tarif réglementé de l’électricité et à l’augmentation des prix du carburant. A moyen-terme, la perspective du maintien d’une inflation énergétique positive devrait retarder la baisse de l’inflation en-deçà du seuil des 2%.
En France, l’inflation a atteint 4,8% a/a au mois d’août 2023 selon l’indice Insee (5,7% selon l’indice harmonisé), après un chiffre de 4,3% a/a en juillet. Ce rebond fait suite à une désinflation assez marquée après le pic d’inflation atteint en février à 6,3% a/a, avec pour fait saillant le reflux de l’inflation énergétique, passée de 14,1% a/a en février 2023 à -3,7% a/a en juillet 2023.
Avec son niveau élevé, l’inflation alimentaire est, depuis l’automne 2022, la première contribution à l’inflation française. La répercussion (pour l’essentiel jusqu’en avril 2023) des tarifs agréés lors des négociations commerciales de 2023 a même tout d’abord maintenu la dynamique inflationniste. Toutefois, le niveau de l’indice des prix à la consommation (désaisonnalisé) s’est globalement stabilisé entre avril et juillet 2023, une stabilité qui n’avait plus été observée depuis mars-juin 2020.
Le mois d’août a rompu avec cette stabilisation principalement en raison des prix de l’énergie. Ces derniers ont augmenté de 6,6% m/m et dépassent même légèrement leur niveau de février 2023. La hausse des prix du carburant souligne leur sensibilité au prix du baril, revenu fin juillet à son niveau du début d’année (autour de 85 USD/bbl). L’augmentation du tarif réglementé de l’électricité (+10% m/m au 1er août) traduit dans les faits l’annonce du gouvernement de retirer progressivement le bouclier tarifaire.
L’hypothèse de nouvelles hausses de ce tarif réglementé lors des deux prochaines années – identiques à celles intervenues cette année (15% en février et 10% en août) - permettrait de combler l’écart avec le tarif calculé en juillet par la Commission de Régulation de l’Energie. Au prix, toutefois, d’un maintien de l’inflation au-dessus du seuil des 2% tout au long de l’année prochaine, selon nos prévisions.
Stéphane Colliac
Économiste sénior, France-Allemagne