Succès des partis d’opposition
Le 14 mai dernier, les élections législatives se sont tenues en Thaïlande, permettant de renouveler les 500 membres de la chambre des représentants. L’ensemble des partis dits « démocratiques » ont vraisemblablement remporté plus de 300 sièges. Les deux principaux partis d’opposition, le Move forward et le Pheu Thai le parti mené par la fille de Thaksin Shinawatra, ancien premier ministre en exil depuis plus de 15 ans, ont à eux seuls remporté près de 290 sièges. Les négociations entre ces différents partis pour former une coalition de gouvernement et proposer une unique candidature au poste de premier ministre ont déjà débuté.
Climat politique tendu
Cela dit, il est probable que le premier ministre finalement élu soit issu d’une très large coalition, qui ne sera pas uniquement composée par les partis d’opposition. D’après la constitution en vigueur depuis 2017, largement écrite à l’avantage du gouvernement militaire, en place depuis le coup d’état de 2014, le premier ministre est élu à la majorité de l’ensemble des voix du Congrès, c’est-à-dire la chambre des représentants ainsi que le Sénat, dont les 250 membres ont été nommés par le gouvernement militaire. Des alliances seront donc nécessaires pour obtenir les 376 voix requises.
Dans ce contexte, on s’attend à d’âpres négociations et un climat politique relativement tendu au cours des prochaines semaines. La durée des négociations et la formation du nouveau gouvernement pourrait avoir un effet sur le prochain budget, qui devra rapidement être soumis au parlement, puisque l’année fiscale commence en octobre en Thaïlande.
Rebond du secteur du tourisme
En dépit des tensions politiques, nos prévisions de croissance restent relativement élevées pour cette année. La croissance du PIB devrait dépasser 3,5%, grâce à la bonne tenue de la consommation des ménages, toujours soutenue par des aides gouvernementales, et le très longuement attendu retour l’inflation devrait rester relativement élevée, supérieure à 2% et les exportations resteront un frein à la croissance, du fait du ralentissement de la demande mondiale, ainsi que des effets indirects des tensions commerciales entre les Etats Unis et la Chine.
Le risque politique reste élevé, mais le bruit politique autour des élections ne devrait pas avoir d’incidence sur la politique stratégique et d’investissement thaïlandaise au cours des cinq prochaines années. Pour le moment, l’ensemble des partis semble déterminé à mener à bien les politiques engagées par l’actuel gouvernement, notamment concernant les projets de développement d’infrastructures.