La baisse de l’impulsion du crédit dans la zone euro (qui reflète le recul, sur un an, de la croissance annuelle de l’encours), très accentuée en mars 2021, procède d’un effet de base et était, à ce titre, largement attendue. L’introduction des mesures de soutien au financement des entreprises par les gouvernements de la zone euro a, en effet, conduit à une croissance exceptionnelle des encours de prêts bancaires aux sociétés non financières (SNF) à partir de mars 2020. En dépit de cet important effet de base négatif, leur croissance annuelle apparaissait d’ailleurs encore consistante en mars 2021 (+5,2%), surtout au regard du contexte économique. Abstraction faite de la période mars 2020-février 2021, il faut remonter au lendemain de la crise précédente pour retrouver des taux de progression aussi élevés (+5,5% en avril 2009). Les encours de prêts aux ménages enregistrent, pour leur part, des évolutions moins dynamiques (+3,3% sur un an en mars 2021) mais leur impulsion, continûment négative depuis avril 2020 et en recul entre décembre 2020 et février 2021, est remontée à -0,1% en mars 2021. Pour la première fois depuis le début de la pandémie, la progression annuelle des encours des prêts aux ménages a donc quasiment renoué avec celle qui prévalait au moment de l’introduction des premières mesures de restriction sanitaires, ce qui constitue plutôt un signe encourageant. Alors que, selon l’estimation préliminaire d’Eurostat publiée le 30 avril, le PIB réel de la zone euro a enregistré un nouveau recul au premier trimestre 2021 (-0,6% t/t, après -0,7% t/t au quatrième 2020) et était encore inférieur de 5,5% à son niveau du quatrième trimestre 2019, ces évolutions illustrent le rôle contra-cyclique du crédit bancaire, très atypique dans un tel contexte économique et très différent, par exemple, de ce qui avait été observé au cours de la crise de 2008. Pour le second trimestre 2021, en cohérence avec le rebond attendu de l’activité économique (et sous l’hypothèse d’un contrôle de la situation sanitaire n’imposant pas de restrictions préjudiciables à l’activité économique), les banques interrogées par la BCE dans le cadre de la Bank Lending survey (conduite entre les 11 et 26 mars 2021, dont les résultats ont été publiés le 19 avril) anticipaient une accélération de la demande de financements, tant de la part des entreprises que des ménages. Les établissements de crédit prévoyaient dans le même temps de resserrer modérément leurs critères d’octroi, mais moins que ce qui était envisagé au cours du trimestre précédent (la baisse du resserrement prévu étant plus significative pour la clientèle d’entreprises).