L’impulsion du crédit bancaire s’est légèrement redressée en mai 2020 dans la zone euro (+1,9%, après +1,5% en avril et +1,7% en mars) alors que son PIB pourrait avoir enregistré un recul historique au deuxième trimestre (-13,5% t/t contre
-3,6% t/t au premier trimestre 2020), l’activité ayant été durement pénalisée par les mesures nationales de confinement.
Partant d’un taux de croissance annuel à la fois dynamique et relativement stable depuis l’été 2018 (+3,5% en moyenne), les encours de crédit bancaire au secteur privé accélèrent très sensiblement depuis mars (+5,3% en mai après +4,9% en avril et +5,0% en mars). La forte croissance des crédits aux sociétés non financières s’est poursuivie en mai (+7,4% après +5,5% en mars) et a compensé le ralentissement des prêts aux ménages (+3,0%, après +3,4%). Confrontées à la chute de leurs chiffres d’affaires, un grand nombre d’entreprises ont continué, au cours du deuxième trimestre 2020, de tirer sur des lignes de crédit autorisées et souscrit de nouveaux emprunts bancaires (bénéficiant le plus souvent de garanties publiques introduites en réponse à la crise du coronavirus) afin de payer leurs charges courantes, voire de se constituer une trésorerie de précaution.
Au regard de la récente enquête menée par la BCE, la demande de crédit des ménages s’est en revanche nettement tassée dans tous les grands pays de la zone, tant sur le segment des prêts à l’habitat (bien que dans une moindre mesure qu’au deuxième semestre 2008) que sur celui des crédits à la consommation (à son niveau le plus faible depuis le lancement de l’enquête en 2003). L’effondrement du moral des ménages, consécutif à la détérioration du marché du travail, et le recul de la demande de biens durables ont notamment pesé. Enfin, les conditions d’octroi de crédits aux entreprises ont été assouplies en Espagne, en France et en Italie alors qu’elles étaient légèrement durcies en Allemagne (où peu d’entreprises ont eu recours aux prêts garantis). Concernant les ménages, les critères d’octroi ont été sensiblement resserrés en Espagne, légèrement durcis en Allemagne et en France et sont demeurés inchangés en Italie.
Les banques interrogées anticipent, en moyenne et pour le troisième trimestre 2020, une modération de la demande de crédits des entreprises mais un net rebond de celle des ménages (à la faveur d’un relâchement des mesures de confinement). Confrontées à un contexte économique dégradé et incertain, elles prévoient, en outre, un durcissement des conditions d’octroi pour les ménages comme pour les entreprises (d’autant que les offres de prêts garantis devraient s’interrompre dans certains pays).