La pandémie de Covid-19 et l’environnement entretiennent de multiples relations, directes et indirectes. Le confinement a eu un impact profond sur l’activité économique et, par voie de conséquence, sur l’environnement. Ce phénomène nous renvoie au cortège d’externalités environnementales qui entourent les décisions de production et d’investissement. Les émissions sonores ont diminué[1] et la qualité de l’air s’est améliorée[2]. L’inverse aussi peut être vrai, l’exposition à la pollution de l’air étant susceptible d’influencer la vitesse de contagion et le taux de mortalité[3].
Avec la levée partielle des mesures de confinement dans un grand nombre de pays, les préoccupations ont évolué. La question est maintenant de savoir si, et le cas échéant, comment, l’expérience de la pandémie aura une influence sur l’environnement dans les années qui viennent. Cela dépendra à la fois des états d’esprit, des comportements et des politiques. S’agissant des états d’esprit, la Covid-19 pourrait induire une plus grande préoccupation pour la santé et pour l’impact de l’environnement sur celle-ci. Pourraient s’ensuivre des changements des comportements, notamment du point de vue de la mobilité (déplacements, distance du lieu de travail, moyens de transport) et de la consommation (approvisionnement en circuit court).
D’un autre côté, en l’absence de vaccin, on peut craindre une dégradation de l’empreinte environnementale, si les achats de fruits et légumes sous emballage plastique venaient à être privilégiés par exemple. On peut également anticiper un impact sur la destination de l’épargne, qui pourrait s’orienter davantage vers les investissements durables. Par ricochet, ceci pourrait influencer le comportement des entreprises. Une étude récente portant sur 6 000 groupes cotés dans 56 pays montre qu’au premier trimestre de cette année, en pleine pandémie, le cours de bourse des entreprises les plus avancées en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) a considérablement mieux résisté que celui de leurs homologues à faible score RSE.[4] La réorganisation des chaînes de valeur mondiales est un autre vecteur par lequel les décisions des entreprises dans le sillage de la Covid-19 sont susceptibles d’impacter l’environnement. Suite aux ruptures d’approvisionnement subies dans de nombreux secteurs, les entreprises pourraient décider de diversifier la provenance géographique de leurs achats, avec un impact potentiel sur les émissions de carbone liées au transport.
Si les préoccupations évoluent à la suite de la pandémie, le débat politique et les (intentions de) votes pourraient s’en trouver modifié(e)s. Cela pourrait aussi rebattre les cartes des priorités de l’action publique. C’est clairement ce qui se dégage de la proposition de la Commission européenne de créer un nouvel instrument pour la relance, Next Generation EU, doté de 750 milliards d’euros, soulignant la nécessité de « protéger les vies et les moyens de subsistance, réparer le marché unique et construire une reprise durable et prospère.[5] » Il s’agit de faire d’une pierre deux coups : stimuler à court terme la reprise dans le sillage de la pandémie par des investissements qui contribueront à la atteindre des objectifs liés au changement climatique. De récentes études permettent de penser que cette ambition est réaliste. Certaines politiques « offrent à la fois des rendements économiques élevés et un impact climatique positif », comme d’investir dans les infrastructures pour la production d’énergie propre, l’efficacité énergétique, l’éducation et la formation, la résilience de l’écosystème et la R&D propre.[6]