La semaine dernière, chefs d’Etat et représentants du secteur privé africains se sont réunis à Nairobi, au Kenya, pour la toute première édition d’un sommet africain sur le climat. Cette rencontre, organisée en amont de la COP 28, s’est clôturée avec la signature de la déclaration de Nairobi, par laquelle l’Afrique se dote d’ambitions communes à l’échelle du continent dans la lutte contre le changement climatique.
Dans cette déclaration, les pays africains appellent à la mise en place d’une taxe mondiale sur les émissions carbone, qui pourrait être complétée d’une taxe sur les transactions financières internationales. En outre, ils demandent des mesures d’allègement du service de la dette, qui passeraient par un allongement des maturités ou encore un moratoire de dix ans. Ils appellent également les bailleurs multilatéraux à accroitre les financements de nature concessionnelle à destination des pays émergents.
Pour les Etats africains actuellement confrontés à la hausse considérable du service de leur dette, ces mesures de soutien financier pourraient constituer le moteur de leur transition énergétique, à l’heure où les investissements peinent à décoller. En effet, selon l’Agence internationale de l’énergie, l’Afrique ne reçoit que 3% du total mondial des investissements dans le domaine de l’énergie ; de plus, ils ont enregistré un déclin continu sur les dernières années, chutant de 150 mds de dollars en 2014 à 90 mds en 2022. Les investissements dans les énergies renouvelables, eux, se sont maintenus autour de 30 mds de dollars par an, en dépit de leur essor à l’échelle mondiale et du fort potentiel africain. Le continent abrite notamment 60% du potentiel mondial de production d’énergie solaire, mais seulement 1% des capacités mondiales installées.
Compte tenu de ces retards d’investissement, le défi de la transition énergétique sera de taille en Afrique, un continent où plus de 40% de sa population n’avait pas encore accès à l’électricité en 2022. Dans le rapport de l’AIE écrit conjointement avec la Banque africaine de développement, les deux institutions estiment qu’il faudrait mobiliser 200 mds de dollars d’investissement annuels d’ici à 2030 pour que l’Afrique atteigne un accès universel à l’électricité tout en respectant ses objectifs climatiques. Les promesses d’investissement à hauteur de 23 mds de dollars obtenues à l’occasion du sommet africain sur le climat de la semaine dernière ne sont donc qu’un premier pas dans ce sens. La COP 28 en décembre prochain sera l’occasion pour l’Afrique de se présenter pour la première fois sous la bannière commune de la déclaration de Nairobi pour mieux faire entendre sa voix dans le concert des nations.