En Corée du Sud, le PIB réel a progressé de 3,1% au T4 2018 en glissement annuel, soutenu par les mesures de soutien à la croissance mises en place par le gouvernement. Celle-ci devrait ralentir dès le premier trimestre 2019.
En Asie, les pays industrialisés font face à un important ralentissement de leur commerce extérieur. Les signes d’affaiblissement, visibles dès début 2018, se sont aggravés depuis novembre, suite à la dernière vague d’augmentation des droits de douane américains sur les importations de biens venus de Chine. Les exportateurs asiatiques ont de fait été sévèrement touchés par les effets de contagion de ces hausses, ainsi que par le ralentissement économique des principaux partenaires commerciaux et par le retournement du cycle électronique mondial. En janvier-février 2019, les exportations de marchandises mesurées en USD se sont effondrées en Chine (-5,2% en glissement annuel), en Corée du Sud (-8,7%) et à Taiwan (-4,1%), et ont fortement ralenti ailleurs, y compris au Vietnam (+3,9%)
Les très nombreuses données publiées cette semaine n’ont pas dissipé les inquiétudes concernant le ralentissement de la croissance chinoise. Compte tenu du biais lié au Nouvel An lunaire et des mesures récentes de relance budgétaire, il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. La question est centrale pour l’économie mondiale mais, en raison du poids de la Chine, elle l’est aussi pour les principaux pays qui exportent vers l’empire du Milieu, comme l’Allemagne. Dans ce contexte, la conclusion d’un accord commercial avec les États-Unis constitue un enjeu crucial.
En 2018, la croissance économique japonaise a affiché un profil particulièrement heurté. Au total, sur l’ensemble de l’année, elle a nettement baissé pour s’établir à +0,7% après +1,9% en 2017. Un typhon a touché le pays au T3 2018. Cela a pesé sur les composantes de la demande et, in fine, sur la croissance (-0,7% t/t). Au T4 2018, l’activité s’est redressée modérément à +0,3% (t/t). L’investissement, qui avait été particulièrement dégradé au T3, a retrouvé de la vigueur, tandis que la consommation privée a de nouveau soutenu la croissance. A l’inverse, le commerce extérieur a continué de peser sur l’activité. Dans un contexte de regain de dynamisme de la demande interne, la progression marquée des importations n’a été que partiellement compensée par celle des exportations
En Chine, la croissance du PIB réel s’est établie à 6,4% au T4 2018 en glissement annuel, contre 6,5% au trimestre précédent. Le ralentissement dans le secteur industriel s’est accentué en fin d’année alors que le secteur des services se porte plutôt mieux. Du côté de la demande, les exportations ont fortement ralenti en fin d’année, principalement sous l’effet de la hausse des droits de douane américains sur les importations de produits chinois, et la progression de la consommation des ménages a continué de s’affaiblir (en particulier dans le secteur automobile).
La croissance est passée de 6,9% en 2017 à 6,6% en 2018 et le ralentissement se poursuivra à court terme. Son ampleur dépendra de l’évolution, très incertaine, des relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi que des mesures de politique contra-cyclique de Pékin. L’action de la banque centrale est toutefois sévèrement contrainte par l’excès de dette de l’économie et la menace de sorties de capitaux. En outre, alors que Pékin a poursuivi ses efforts pour améliorer la réglementation financière et la santé des entreprises publiques depuis deux ans, la redéfinition de ses priorités augmente le risque d’une interruption de ce processus d’assainissement. Dans ce contexte, le gouvernement central devrait accroître son recours aux mesures de soutien budgétaires.
La croissance économique indienne a ralenti entre juillet et septembre 2018, pénalisée en grande partie par la hausse de la facture pétrolière. La forte baisse des prix du pétrole depuis octobre va réduire, au moins temporairement, les tensions sur les finances publiques, atténuer les pressions sur la balance des paiements et, par voie de conséquence, sur la roupie indienne, qui s’est dépréciée de 9% face au dollar en 2018. Dans ce contexte économique moins favorable, le parti de Narendra Modi, le BJP, a perdu le pouvoir dans trois Etats lors des dernières élections législatives.
Les élections promises par les militaires depuis leur arrivée au pouvoir en 2014 devraient avoir lieu en 2019. La crise politique et sociale n’est pas résolue pour autant : la junte au pouvoir entend le rester, sans apporter de véritable solution de « réconciliation nationale ». D’un point de vue économique, les perspectives de croissance à court terme restent bonnes. L’économie thaïlandaise souffrira du ralentissement chinois, mais le dynamisme de la demande interne permettra une croissance proche de son potentiel cette année encore. A long terme en revanche, les perspectives continuent de se dégrader, l’environnement politique pesant sur le potentiel de croissance.
Les exportations et la croissance économique commencent à souffrir des tensions commerciales sino-américaines et des difficultés du secteur exportateur chinois. Taiwan est particulièrement exposé à ce type de chocs externes étant donné sa forte dépendance aux exportations de produits technologiques vers les marchés chinois et américain. Mais Taiwan est aussi bien armé pour absorber les chocs. Les comptes externes et les finances publiques sont très solides, et les autorités ont une large marge de manœuvre pour agir. Elles devraient maintenir des politiques monétaire et budgétaire accommodantes afin de stimuler la demande interne à court terme, et poursuivre des réformes structurelles pour améliorer les perspectives économiques de long terme.