Le dynamisme de la consommation des ménages et le retour des touristes devraient permettre à la croissance d’accélérer au cours des prochains trimestres. Le manque de compétitivité du secteur exportateur et les effets d’El Niño sont les principaux risques sur la croissance et les exportations. En outre, la situation politique reste tendue et la coalition gouvernementale apparaît fragile. Un dérapage budgétaire est possible et la banque centrale devrait marquer une pause dans son assouplissement monétaire.
Le Vietnam a connu une série de difficultés en 2022-2023, liées à la dégradation de l’environnement international, à la sévère correction dans le secteur immobilier, à la crise de confiance et aux tensions sur la liquidité dans le secteur bancaire. La croissance économique a marqué le pas début 2023, mais elle a ensuite rapidement réaccéléré. En particulier, l’activité dans le secteur exportateur manufacturier se redresse depuis quelques mois, porté par de solides entrées d’investissements directs étrangers. Ces dynamiques devraient se poursuivre à court terme, le Vietnam étant un des grands bénéficiaires des ajustements en cours dans les chaines de production mondiales.
Plus de 18 mois après son défaut de paiement sur sa dette extérieure, la situation macroéconomique du Sri Lanka s’est améliorée, mais elle reste très fragile.
En 2023, le rebond post-Covid de l’activité économique chinoise a été moins vigoureux qu’espéré. La crise du secteur immobilier semble même s’être aggravée en fin d’année, la demande de logements ne redémarre pas en dépit des mesures de soutien des autorités, et le moral dégradé des ménages pèse sur leur consommation. En revanche, le secteur manufacturier exportateur a affiché une performance meilleure que prévu au cours des derniers mois, contrastant avec celle des secteurs tournés vers le marché intérieur.
Catastrophe naturelle, crise politique : l’année 2024 débute difficilement pour le Japon. Les répercussions économiques du séisme qui a frappé la côte ouest du pays le 1er janvier 2024 devraient néanmoins être assez limitées en raison de la préparation efficace et de la réaction rapide des autorités face à ce type d’évènement. Après une croissance attendue à +0,4% t/t au quatrième trimestre 2023, le rythme devrait ralentir au premier trimestre 2024 mais rester positif, à 0,2% t/t. La baisse de l’inflation et des rendements obligataires en fin d’année 2023 donne de l’air à la Banque du Japon (BoJ), qui devrait mettre un terme à sa politique de taux d’intérêt négatifs en mars ou avril
Au T4 2023, la croissance économique chinoise a légèrement accéléré à 5,2% en glissement annuel (g.a.) contre 4,9% au T3, mais elle a perdu en vigueur en rythme trimestriel (+1% t/t après +1,5% au T3). Notre baromètre semble indiquer une amélioration généralisée de l’activité au dernier trimestre par rapport au trimestre précédent, mais celle-ci s’explique toujours largement par la normalisation post-Covid de la demande intérieure et d’importants effets de base. L’économie chinoise continue en réalité de faire face à un grand nombre de fragilités, qui devraient persister à court terme.
La dernière enquête Tankan de la Banque du Japon, publiée en décembre, met en lumière les importantes pénuries de main d’œuvre et difficultés de recrutement dans le pays. Celles-ci touchent la totalité des secteurs et atteignent même des niveaux records dans près d’un quart d’entre eux. Afin d’en faciliter l’interprétation, les données que nous présentons dans ce graphique sont converties en Z-score, soit le nombre d’écart-type séparant chaque indice de sa moyenne de long terme (calculée sur la période 1974-2023).
Les dernières données d’activité de l’économie chinoise rappellent une nouvelle fois la fragilité de la dynamique de rebond post-Covid. La demande intérieure se redresse notamment grâce à la normalisation de la consommation privée, mais d’importants freins persistent. La performance du secteur exportateur semble s’être légèrement améliorée.
La révision des chiffres de croissance japonais a été défavorable, débouchant sur une baisse plus importante du PIB au 3e trimestre qu’initialement estimée (-0,7% t/t contre -0,5% t/t). L’ajustement est largement dû à un déstockage plus important : la contribution négative a été portée de -0,3 point de pourcentage (pp) à -0,5 pp. Les autres révisions notables sont venues de l’investissement résidentiel (qui passe de -0,1% t/t à -0,5% t/t), de la consommation privée (0,0% t/t à -0,2% t/t) et de l’investissement public (-0,5% t/t à -0,8% t/t). La faible consommation des ménages s’explique par des salaires réels en contraction pour le 19e mois consécutif en variation annuelle (-2,3% a/a en octobre). Au total, la demande privée ôte ainsi 0,6 pp à la croissance trimestrielle au T3.
En Chine, la croissance économique devrait se stabiliser dans les prochains trimestres après quatre années de chocs multiples et de volatilité inhabituelle. Les taux de croissance resteront inférieurs à ce qu’ils étaient avant la crise sanitaire.
L’estimation préliminaire du PIB pour le T3 montre une contraction de -0,5% t/t, tandis que les dernières enquêtes de conjoncture confirment le ralentissement de l’activité. Le PMI composite baisse de 1,6 pt en octobre mais se maintient en zone d’expansion, à 50,5. Ce repli s’explique par celui du PMI des services qui chute de 2,2 pts (51,6 contre 53,8 en septembre). Le PMI manufacturier se stabilise en zone de contraction, à 48,7.
En 2023, pour la deuxième année consécutive, les comptes extérieurs de la Malaisie se sont légèrement dégradés, mais ils restent solides. Sur les neuf premiers mois de l’année, le surplus du compte courant s’est réduit de 18,3% par rapport à la même période l’année dernière. Le fort rebond du tourisme n’a pas été suffisant pour compenser la baisse de l’excédent commercial induit par le ralentissement économique mondial et la forte contraction de la demande de semi-conducteurs et de produits électroniques. Ces derniers constituent 36,3% des exportations du pays.
Selon les dernières données d’activité de l’économie chinoise, la reprise post-Covid se poursuit, mais la dynamique reste fragile. Au mois d’octobre 2023, l’activité dans les services a continué de se renforcer (+7,7% en g.a. contre +6,9% en septembre), soutenue par l’amélioration de la performance des ventes au détail (+7,8% en g.a. en volume en octobre contre +5,5% en septembre).
La très forte désynchronisation entre la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine et celle de la Banque du Japon a entraîné un affaiblissement significatif du yen. La remontée des rendements américains a également exercé des pressions à la hausse sur ceux des obligations d’État japonaises. Il s’est ensuivi un ajustement progressif de la politique de contrôle de la courbe des taux de la BoJ. L’évolution de l’inflation renforce la probabilité d’un relèvement des taux directeurs au Japon. Toutefois, la normalisation de la politique monétaire reste une tâche délicate du fait de ses possibles répercussions au plan domestique comme au plan international. La BoJ a opté pour la prudence et une approche progressive mais la devise nippone a entre-temps poursuivi son repli
Au T3 2023, la croissance économique chinoise a rebondi à +1,3% en rythme trimestriel, après un très faible +0,5% au trimestre précédent. Elle s’est établie à +4,9% en glissement annuel (g.a.) contre +6,3% au T2 2023, mais cette baisse est due à des effets de base défavorables au T3. La croissance chinoise a atteint 5,2% en g.a. sur les trois premiers trimestres de 2023.
Les enquêtes de conjoncture japonaises envoient des signaux contrastés. Côté positif, le climat des affaires de l’enquête TANKAN s’est amélioré, porté par les services : la confiance du secteur grimpe à son plus haut niveau depuis 1991. Le PMI pour les services fait également preuve de résilience. Bien qu’en baisse de 0,5 point en septembre, il se maintient en zone d’expansion à 53,8. À l’inverse, le PMI du secteur manufacturier s’enfonce en zone de contraction.
Au cours des dernières décennies, les entreprises japonaises ont étendu de manière significative leurs activités à l’étranger. Selon les chiffres du ministère de l’industrie un quart (25,8%) du chiffre d’affaires total des entreprises manufacturières japonaises est désormais réalisé par des filiales implantées hors des frontières du pays.
Après quelques hésitations, les autorités chinoises ont finalement multiplié les mesures de relance pendant l’été. Le léger redressement de la croissance économique récemment observé devrait se poursuivre au T4 2023. Cependant, l’action de la banque centrale et du gouvernement reste contrainte, prudente et mesurée, alors que les freins internes et externes pesant sur l’activité sont toujours puissants. Dans le secteur immobilier, même si de l’activité parvient à se stabiliser grâce aux mesures de soutien, elle devrait rester entravée par la fragilité financière des promoteurs et la faiblesse du sentiment des acheteurs
L’économie hongkongaise se remet difficilement de la succession de chocs subis entre 2019 et 2022. Après les bouleversements politiques et institutionnels de 2019 et 2020, le territoire a été lourdement affecté par la crise sanitaire jusqu’à l’an dernier. L’activité se redresse en 2023 mais Hong Kong doit maintenant faire face à une demande externe en repli et, surtout, à un important resserrement des conditions monétaires. La remontée des taux d’intérêt depuis mars 2022 pèse sur la demande intérieure, en particulier à travers ses effets sur le marché immobilier. La politique budgétaire reste, quant à elle, résolument expansionniste.
Au deuxième trimestre 2023, la croissance économique indienne restait solide. Mais depuis l’été, la situation s’est légèrement dégradée. Au-delà de la contraction des exportations, la demande rurale ralentit. L’inflation a rebondi et les pressions à la baisse sur la roupie se sont légèrement accentuées avec la forte décélération des entrées de capitaux. Les comptes extérieurs devraient rester sous tension jusqu’à la fin de l’année. La forte hausse des prix du pétrole et une mousson inférieure à la normale pèsent sur le déficit commercial et entretiennent les tensions inflationnistes. Par ailleurs, le rétrécissement de l’écart de rendement entre les obligations indiennes et américaines limite les investissements de portefeuille
En dépit du ralentissement économique mondial, la croissance économique indonésienne est restée solide. Les pressions inflationnistes demeurent contenues malgré la hausse des prix du riz. Les finances publiques se sont consolidées et le déficit budgétaire est retourné sous le seuil règlementaire de 3% du PIB un an plus tôt que prévu. Même si la dette est supérieure au niveau d’avant-crise, elle reste modeste et son refinancement est moins dépendant des investissements de portefeuille. L’augmentation de la charge d’intérêts sur la dette est à surveiller car elle réduit les marges de manœuvre budgétaire du gouvernement pour soutenir l’économie
Après quelques hésitations, les autorités chinoises ont finalement multiplié les mesures de relance pendant l’été. Le léger redressement de la croissance économique récemment observé devrait se poursuivre au T4 2023. Cependant, l’action de la banque centrale et du gouvernement reste contrainte, prudente et mesurée, alors que les freins internes et externes pesant sur l’activité sont toujours puissants. Dans le secteur immobilier, même si de l’activité parvient à se stabiliser grâce aux mesures de soutien, elle devrait rester entravée par la fragilité financière des promoteurs et la faiblesse du sentiment des acheteurs.
Après une croissance soutenue au premier semestre 2023, tirée par la demande extérieure, l’économie japonaise entame un ralentissement. La demande privée (consommation des ménages, investissement des entreprises) offre peu de soutien à l’activité. L’inflation s’est certes stabilisée autour de 3% mais elle rogne le pouvoir d’achat des ménages, qui ne bénéficie toujours pas de hausses des salaires notables. Les profits des entreprises ont pourtant atteint, selon les données du ministère des Finances, un nouveau record au T2. Favoriser une meilleure redistribution des profits vers les salaires reste une priorité pour le gouvernement de Fumio Kishida, qui prépare une nouvelle salve de mesures budgétaires en octobre
Les enquêtes de conjoncture japonaises restent globalement positives malgré des résultats contrastés pour le mois d’août : le PMI composite s’est redressé de 0,4 point à 52,6 mais l’Economy watchers survey a baissé de 0,8 point, retrouvant à 53,6 son niveau de juin. La tendance entre les secteurs manufacturier et non-manufacturier est marquée depuis plusieurs mois par une importante disparité entre les indicateurs
Le rebond de l’activité économique observé en début d’année, après l’abandon de la politique zéro Covid, s’est essoufflé dès le printemps 2023. Notre baromètre ci-dessous témoigne de cet affaiblissement. Le moteur exportateur s’est enrayé en raison de la faiblesse de la demande mondiale et des tensions avec les États-Unis. La crise du secteur immobilier s’est poursuivie et les défauts de paiement de promoteurs se sont multipliés