L’économie japonaise continue de se caractériser par une croissance faible, en ralentissement au T3. Le momentum positif sur l’inflation et les salaires va dans le sens des objectifs de la Banque du Japon. Ce tableau devrait lui permettre de poursuivre son resserrement monétaire graduel. Mais, les développements de politique intérieure (élections générales ayant abouti à une perte d’assise politique pour le gouvernement) et extérieure (victoire de Donald Trump) n’aident pas à la stabilité.
L’économie japonaise a décéléré au troisième trimestre, la croissance du PIB fléchissant à +0,2% t/t (-0,3pp) – rythme qui devrait se maintenir au quatrième trimestre. Toutefois, il convient de souligner l’accélération de la consommation privée (+0,9% t/t, +0,2pp). En revanche, les chiffres de l’investissement sont négatifs, tant sur la composante résidentielle (-0,1% t/t, -1,5pp) que sur la non-résidentielle (-0,2% t/t, -1,1pp). La contribution négative la plus importante (-0,4pp) est celle du commerce extérieur, la croissance des importations (+2,1% t/t) excédant sensiblement celle des exportations (+0,4% q/q).
Les indicateurs d’activité pour le mois d’octobre ont montré des signes encourageants d’accélération de la croissance. Les mesures de soutien mises en œuvre par les autorités commencent, enfin, à porter leurs fruits. L’amélioration n’est toutefois pas généralisée ; les pressions déflationnistes ont persisté et l’activité de crédit a continué de s’affaiblir.
En Chine, la politique économique a pris un tournant résolument expansionniste depuis fin septembre. Cela a donné une nouvelle impulsion à l’activité, qui devrait se renforcer à très court terme. Toutefois, sur l’ensemble de 2025, la croissance continuera de ralentir. Les contraintes pesant sur la demande intérieure persistent : les ajustements dans le secteur immobilier ne sont pas terminés, la confiance du secteur privé reste fragile et les ménages attendent toujours que les conditions sur le marché du travail s’améliorent. Par ailleurs, les risques qui pèsent sur la croissance se sont accrus avec l’élection de Donald Trump
Le difficile rebond de l’activité économique depuis deux ans est symptomatique de toutes les contraintes subies par le territoire hongkongais. La politique monétaire, qui doit suivre celle des États-Unis, a été restrictive jusqu’en septembre 2024, avec des conséquences d’autant plus douloureuses que l’inflation à Hong Kong est restée modérée et que la demande intérieure avait au contraire besoin de soutien. Le cycle économique est de fait bien davantage synchronisé avec celui de la Chine continentale. À très court terme, la croissance économique pourrait accélérer, aidée par l’assouplissement monétaire en cours et le renforcement attendu de la demande chinoise, mais les risques baissiers restent importants
La croissance indienne a ralenti au premier trimestre de l’année budgétaire en cours et les indicateurs avancés laissent penser qu’elle atteindra 6,9% sur l’ensemble de l’exercice (vs. 8,2% l’année dernière). Plusieurs risques pèsent sur la croissance du PIB mais ils restent mesurés. Hormis une hausse des pressions inflationnistes, qui pourrait retarder l’assouplissement monétaire attendu d’ici le premier trimestre 2025, le ralentissement de la demande étrangère constitue le principal risque. L’essoufflement du modèle chinois, en particulier, peut brider le développement d’un secteur manufacturier indien déjà sous-dimensionné en raison de la concurrence de biens de consommation et d’équipement chinois à des prix toujours plus compétitifs
La croissance économique reste solide mais elle devrait ralentir en 2025. En raison de son degré d’ouverture élevé, l’économie de la Malaisie est plus vulnérable au ralentissement chinois que l’Inde ou l’Indonésie. De plus, les tensions entre les États-Unis et la Chine pourraient rendre plus complexe la mise en œuvre de son programme de développement industriel (« New Industrial Masterplan ») pourtant indispensable pour donner un nouveau souffle à sa croissance. Les marges de manœuvre des autorités pour soutenir l’économie sont limitées. La Banque centrale devrait laisser ses taux directeurs inchangés à horizon des six prochains mois, contrairement aux autres banques centrales d’Asie
Le ralentissement de la croissance de la Chine et la mise en œuvre de sa stratégie industrielle auront des conséquences importantes sur le reste du monde, variables selon les pays et les canaux de transmission. Pour les pays émergents, l'effet global ne sera pas nécessairement négatif, notamment grâce aux flux d'investissements directs, qui pourraient bien changer la donne. Nous en discutons avec Christine Peltier.
Les enquêtes d’activité sont négatives au mois d’octobre. L’enquête préliminaire de la Jibun Bank fait état d’un recul du PMI manufacturier à 49,0 (-0,7pp). La baisse est plus marquée pour l’activité dans le secteur des services, le PMI associé perdant 3,8pp à 49,3, en zone de contraction pour la première fois depuis juin. D’après l’enquête trimestrielle Tankan de la Banque du Japon (BoJ), le climat des affaires s’est, au global, légèrement amélioré au T3, mais il est demeuré stable pour les grandes entreprises manufacturières. Nous anticipons une baisse de la croissance à +0,3% t/t au T3 (-0,4pp par rapport au T2 2024), sous l’effet de la dissipation du rebond technique qui l’avait portée au trimestre précédent.
Au T3 2024, la croissance économique chinoise a accéléré à +0,9% en rythme trimestriel (t/t), après sa mauvaise performance du trimestre précédent (+0,5% t/t). Elle s’est établie à +4,6% en glissement annuel (g.a.), en très légère baisse par rapport au T2, et a atteint +4,8% en g.a. sur les trois premiers trimestres de 2024. Pour atteindre la cible de croissance de « 5% environ » fixée pour 2024, l’activité devra très fortement rebondir au dernier trimestre de l’année. Ceci requiert la mise en œuvre rapide des mesures de relance budgétaire annoncées par les autorités depuis la dernière semaine de septembre
En Chine, les données d’activité des dernières semaines ont été assez mauvaises pour avoir sur les autorités l’effet d’un électrochoc. Alors que le soutien à la demande intérieure était resté obstinément prudent depuis plusieurs mois, les annonces de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire puis de relance budgétaire se sont succédé pendant la dernière semaine de septembre. Ce changement d’orientation permet de réduire, sans les éliminer, les risques baissiers sur la croissance à court terme. Si le plan d’expansion budgétaire, dont le contenu exact reste à préciser, est rapidement mis en œuvre, la cible de croissance de « 5% environ » fixée par Pékin pour 2024 pourrait être atteinte.
La Banque du Japon poursuit son entreprise de resserrement monétaire de façon incrémentale et précautionneuse, avec une seule hausse de taux directeur au troisième trimestre, qui doit précéder un nouveau mouvement attendu en décembre, alors que la décision de juillet n’a pas été sans contribuer à une forte volatilité sur les marchés financiers. Dans le même temps, l’économie récupère d’un début d’année mouvementé et l’inflation se maintient au-dessus de la cible de 2%. Enfin, le pays a changé de Premier ministre et de nouvelles élections législatives anticipées sont désormais prévues pour le 27 octobre.
La croissance australienne subit une indiscutable baisse de régime, à mettre en relation avec le prolongement pour les ménages des contraintes liées à la hausse des prix et des taux d’intérêt, ainsi qu’avec le ralentissement de la demande en provenance de ses partenaires commerciaux asiatiques. La rigidité de l’inflation constitue pour l’heure un obstacle à l’initiation d’une détente des taux. Par ailleurs, l’afflux migratoire supporte un marché du travail toujours dynamique.
La banque centrale indonésienne a procédé à une baisse inattendue de ses taux de politique monétaire le 18 septembre (-25pbs). Cet assouplissement a été largement motivé par le renforcement de la roupie face au dollar enregistré depuis le mois d’août (+6,4%).
Les indicateurs conjoncturels pour le mois d’août 2024 attestent une nouvelle fois du manque de vigueur de la croissance économique chinoise. L’objectif de croissance de « 5% environ » fixé par Pékin pour 2024 ne pourra être atteint que grâce à une plus forte impulsion donnée par les mesures d’assouplissement monétaire et d’expansion budgétaire.
La croissance des pays émergents a plutôt bien résisté jusqu’au printemps 2024, en partie grâce à l’assouplissement de leurs politiques monétaires depuis la mi-2023. Celui imminent des États-Unis devrait permettre de la prolonger voire la renforcer. Dans l’hypothèse la plus probable d’un soft landing de l’économie américaine, le principal risque pour les économies émergentes est un ralentissement de l’économie chinoise plus fort qu’attendu. Le marasme du secteur de l’immobilier se diffuse au travers de la baisse des prix des matières premières. D’un côté, la plupart des pays émergents y gagneront en désinflation. Mais, de l’autre, les pays exportateurs de matières premières dont la Chine est le principal client vont en pâtir
Le secteur exportateur chinois a bien résisté à la montée des tensions commerciales et des rivalités technologiques avec les États-Unis depuis 2018. L'industrie chinoise a montré une solide capacité d'adaptation en réponse à la montée des barrières douanières. Elle conserve sa place de leader dans le commerce mondial.
Après un rebond à +1,5% en rythme trimestriel au T1 2024, la croissance économique chinoise a ralenti à +0,7% t/t. Elle s’est établie à +5% en glissement annuel sur la première moitié de l’année. L’objectif de croissance de « 5% environ » fixé par Pékin pour 2024 reste atteignable.
La croissance économique nippone devrait bénéficier d’un rebond technique au 2e trimestre : nous attendons +0,5% t/t après la contraction du T1 (révisée à la baisse à -0,7% t/t). Les perspectives demeurent négatives – notamment pour la demande, en dépit des baisses d’impôts introduites en juin – alors que la dépense de consommation des ménages s’est contractée de -1,8% a/a en mai. Par ailleurs, si l’augmentation des salaires (hors bonus) atteint en mai un record depuis 1993 (+2,5% a/a), signe de la transmission croissante de la hausse des salaires négociés (+5,1% a/a selon le syndicat Rengo), les revenus réels ne progressent toujours pas (-1,4% a/a).
En Chine, l’activité du secteur manufacturier reste dynamique, mais la montée des tensions avec la plupart de ses partenaires commerciaux et la multiplication des mesures protectionnistes pèsent dorénavant sur les perspectives d’exportations. Dans le même temps, la demande intérieure reste bridée par la crise du secteur immobilier et la croissance du crédit ralentit malgré les mesures d’assouplissement monétaire. Les autorités devraient donc encore assouplir, de manière prudente, leur politique économique à court terme. Les difficultés financières des collectivités locales et, plus généralement, la dégradation des finances publiques ont réduit la marge de manœuvre budgétaire. Le gouvernement central est contraint à prendre un rôle plus direct dans les mesures de soutien.
La croissance économique indienne a atteint 8,2% pour l’année budgétaire 2023/2024. Mais une telle performance n’a pas permis au BJP, le parti au pouvoir de Narendra Modi, de conserver la majorité au parlement. Au cours des cinq prochaines années, le BJP devra composer avec les petits partis partenaires de la coalition qu’il conduit pour diriger le pays. L’adoption de nouvelles réformes pour libéraliser davantage l’économie pourrait être difficile. Par ailleurs, le Premier ministre pourrait avoir à modifier la structure des dépenses budgétaires afin d’accroître de nouveau la part des subventions et autres transferts sociaux, en baisse depuis cinq ans
Le nouveau président taiwanais Lai Ching-te a pris ses fonctions le 20 mai dernier. Il devrait poursuivre l’agenda de politique intérieure et de politique étrangère de sa prédécesseuse, dans un climat plus tendu. D’une part, Pékin pourrait accroître ses manœuvres militaires autour de l’île. D’autre part, le Parlement est désormais dominé par les partis d’opposition, qui devraient ralentir ou bloquer de nombreux projets du gouvernement. Au moins la nouvelle administration pourra-t-elle compter sur une conjoncture économique favorable pour entamer son mandat. La croissance accélère depuis un an, tirée par le rebond du cycle électronique mondial
En Chine, l’activité du secteur manufacturier reste dynamique, notamment portée par la croissance vigoureuse des exportations de biens à forte valeur ajoutée. Cependant, les gains de parts de marché des entreprises chinoises, aidées par les subventions publiques, ont aggravé les tensions avec la plupart de ses partenaires commerciaux. La multiplication des mesures protectionnistes pèse dorénavant sur les perspectives d’exportation. Dans le même temps, la demande intérieure reste plombée par la crise sans fin du secteur immobilier et les mesures d’assouplissement monétaire ne parviennent pas à relancer l’activité de crédit. Les autorités devraient donc encore assouplir, de manière prudente, leur politique économique au cours des prochains mois.
Alors que la croissance trimestrielle et l’inflation sont attendues en hausse au second trimestre, la Banque du Japon avance prudemment après avoir décidé, en mars, de la fin des taux d’intérêt négatifs. Ainsi, un nouveau plan relatif au rythme d’achat d’obligations sera présenté en juillet, tandis que nous anticipons une seule hausse de taux supplémentaire cette année, probablement en septembre. Par ailleurs, la devise nationale continue de se détériorer, ce qui a amené les autorités à intervenir sur le marché des changes et nourrit les craintes d’inflation importée.
Les données d’activité du mois de mai soulignent, une nouvelle fois, des dynamiques assez variées des différentes composantes de la croissance économique chinoise. La performance d’ensemble est toujours un peu terne et annonce un ralentissement de l’activité au T2 2024 par rapport au trimestre précédent.