L’économie taiwanaise a très bien résisté aux multiples chocs extérieurs des deux dernières années. Le secteur exportateur a largement tiré parti de la forte hausse de la demande mondiale de biens de haute technologie. En outre, la demande domestique a bénéficié du soutien budgétaire et de la politique monétaire accommodante. En 2022, de nombreux freins devraient contraindre la croissance économique (vague d‘Omicron du printemps, ruptures d’approvisionnement liées à la conjoncture chaotique en Chine, accélération de l’inflation et durcissement de la politique monétaire, environnement international moins favorable). Le ralentissement de la croissance n’entraînerait qu’une dégradation limitée de la qualité des prêts bancaires
Les derniers résultats de l’enquête Tankan soulignent des perspectives économiques fragiles mais stables pour l’industrie japonaise (le solde d’opinions passe de 2 à 1), tandis que la confiance dans les services reprend un peu de couleurs (le solde passe de -2 à 4). Le solde d’opinions total progresse de 0 à +2. Au sein des grandes entreprises, le redressement de la confiance est le plus marqué dans le secteur des services à la personne (+32 points, à +18) et dans l’hôtellerie et la restauration (+25 points, à -31), même si la confiance dans ce secteur reste à un niveau très bas.
L’activité s’est contractée en avril et mai 2022 en raison de sévères restrictions à la mobilité imposées dans des régions industrielles comme Shanghai. Depuis fin mai, ces restrictions sont progressivement levées, et l’activité a commencé à rebondir. Cependant, les risques baissiers restent élevés, et les autorités continuent d’assouplir les politiques budgétaire et monétaire. Alors que la demande de crédit ne se redresse que légèrement malgré la baisse des taux d’intérêt, l’environnement international et les risques de sorties de capitaux pourraient limiter la marge de manœuvre de la banque centrale.
Depuis le début de l’année 2022, le Japon fait face à une remontée de l’inflation, certes modérée, mais inédite depuis 2014, tandis que sa croissance a reculé au T1. Le yen s’est déprécié significativement en raison de la politique très accommodante de la Banque du Japon (BoJ), en décalage avec les autres grandes banques centrales qui ont entamé leur resserrement monétaire. En juin 2022, son gouverneur, Haruhiko Kuroda, jugeait encore la poursuite de la politique de contrôle des taux « nécessaire » pour rehausser l’inflation sous-jacente à un niveau « stable et durable ». Or, la déprécation de la devise accentue l’inflation importée et détériore davantage le pouvoir d’achat des ménages
Le pays sort fragilisé de l’épidémie de Covid-19. Deux ans après la crise, le PIB indonésien a retrouvé son niveau de 2019. Néanmoins, le marché du travail demeure fragile, les ménages se sont appauvris et les investissements restent modestes. Selon la Banque mondiale, l’épidémie va coûter 0,1 point de croissance potentielle au pays en raison de ses conséquences durables sur l’éducation et le marché de l’emploi. Aujourd’hui, le pays doit faire face à un nouvel environnement économique extérieur complexe avec la hausse des prix des matières premières induite par le conflit en Ukraine et les sanctions prises à l’encontre de la Russie. Même si le conflit en Ukraine ne sera pas sans conséquence sur la croissance, les comptes extérieurs devraient rester solides et la hausse des prix contenue
L’importante contraction de la zone bleue par rapport à la zone en pointillés illustre l’ampleur du choc subi par l’économie chinoise depuis le mois de mars 2022. La résurgence de l’épidémie de Covid-19 a conduit plusieurs provinces à introduire de nouvelles restrictions à la mobilité, les confinements les plus stricts étant imposés dans des régions industrielles et portuaires majeures du pays, à Shanghai en particulier. Les restrictions ont affaibli les dépenses des ménages, interrompu l’activité des usines, gêné le transport et l’exportation de marchandises et provoqué des difficultés d’approvisionnement en Chine et à l’étranger.
En 2021, près d’un quart des ventes des entreprises industrielles japonaises provenaient des filiales étrangères. La Chine est le principal pays d’ancrage, en particulier pour l’industrie automobile. Malgré cela, le Japon a conservé sur son sol un socle industriel bien plus important que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. Le secteur représentait toujours plus de 20% de la valeur ajoutée totale nationale. La part des exportations de biens dans le PIB a également progressé pour atteindre 16,4% au T1 2022. Cette structure de production des entreprises japonaises, qui repose sur la complémentarité entre le territoire national et les filiales à l’étranger, a soutenu les profits qui ont atteint, en part du PIB, un nouveau record au T1 2022
La croissance économique chinoise avait commencé à ralentir en mars puis l’activité s’est contractée en avril (production industrielle : -2,9% en glissement annuel, production de services : -6,1% en g.a.). Cette dégradation rapide résulte essentiellement des restrictions à la mobilité imposées dans diverses régions du pays en réponse à l’importante vague épidémique. Surtout, des confinements stricts ont été imposés dans des régions industrielles et portuaires majeures du pays (Shanghai en particulier), ralentissant l’activité des usines et perturbant le transport de marchandises et l’approvisionnement dans de nombreux secteurs. Dans leur ensemble, la situation épidémique et le niveau des restrictions à la mobilité en Chine montrent des signes d’amélioration au mois de mai
Après une performance extrêmement solide en 2020 et 2021, les exportations vont ralentir fortement en 2022. Leur croissance se normalise déjà depuis quelques mois, et le ralentissement devrait s’accentuer au T2 2022. En cause : les contraintes sur l’offre résultant des perturbations dans les usines, des difficultés d’approvisionnement du secteur manufacturier et des problèmes de transport des marchandises dus aux confinements dans plusieurs grandes régions industrielles et portuaires du pays (Shanghai en particulier). Les exportations à destination des pays d’Asie (47% des exportations chinoises), premiers touchés par les problèmes logistiques de la Chine, ont particulièrement ralenti en mars
La croissance économique chinoise s’est établie à 4,8% en glissement annuel (g.a.) au T1 2022. Elle s’était légèrement renforcée au cours des deux premiers mois de l’année, dans l’industrie comme dans les services, mais la reprise s’est interrompue en mars. Les conditions économiques se sont rapidement dégradées, comme l’illustre notre baromètre (rétrécissement de la zone bleue par rapport à la zone en pointillés). Cette dégradation a résulté en premier lieu de la forte recrudescence de l’épidémie de Covid-19 et des restrictions à la mobilité imposées dans de nombreuses régions du pays. En outre, les perspectives de croissance à court terme sont également assombries par la détérioration de l’environnement international provoquée par la guerre en Ukraine.
Après un bon début d’année 2022, la croissance économique chinoise a ralenti en mars. Les freins à la croissance vont persister à très court terme. D’abord, la forte hausse du nombre de cas de Covid-19 a conduit de nombreuses régions à imposer de sévères restrictions à la mobilité. Ensuite, la correction dans le secteur immobilier se poursuit. Enfin, les effets de la guerre en Ukraine sur les prix des matières premières et le commerce mondial vont pénaliser les producteurs et les exportations. Dans ce contexte, l’objectif de croissance fixé par Pékin à 5,5% pour 2022 semble très ambitieux. Les autorités accélèrent l’assouplissement de leurs politiques budgétaire et monétaire.
L’environnement économique et financier international n’est pas favorable à l’économie indienne. Même si le pays produit et exporte du blé, il sera pénalisé par l’envolée des prix des matières premières. Dans un contexte de ralentissement de la croissance, la consolidation budgétaire annoncée devrait être fragilisée. Le gouvernement sera contraint d’augmenter sensiblement ses subventions sur les engrais s’il veut contenir la hausse des prix alimentaires, lesquels constituent près de 46% du panier de consommation des ménages. Par ailleurs, l’Inde n’échappera pas à une dégradation significative de son déficit courant, induite par la hausse des prix du pétrole et les pressions à la baisse sur la roupie, surtout si les récentes sorties d’investissement de portefeuille se poursuivent
Le redressement de la croissance économique après le choc sanitaire de début 2020 est resté déséquilibré et s’est s’essoufflé rapidement. Puis il s’est interrompu brutalement au premier trimestre 2022 en raison d’une très forte augmentation des contaminations et des décès liés au variant Omicron. Alors que la vague épidémique commence à refluer, Hong Kong devrait maintenant subir les effets du ralentissement du commerce mondial, de la hausse des prix des matières premières et du resserrement monétaire américain. En dépit de cette conjoncture défavorable, la solvabilité du secteur public reste très solide. Le gouvernement conserve une marge de manœuvre confortable pour maintenir une politique budgétaire expansionniste.
Après avoir enregistré une croissance modeste en 2021, l’activité économique en Malaisie devrait rebondir plus sensiblement en 2022. Elle sera soutenue par le dynamisme de la demande intérieure, une politique budgétaire toujours expansionniste et la réouverture des frontières aux touristes. Exportateur de matières premières (pétrole, huile de palme principalement), le pays devrait profiter de la hausse des prix internationaux sans pour autant être affecté directement par le conflit en Ukraine. Grâce au supplément de revenus généré par la hausse des prix du pétrole, le gouvernement devrait être en mesure de prendre à sa charge en grande partie la hausse des prix, pour ne pas fragiliser les ménages déjà appauvris par la crise de 2020
Après un bon début d’année 2022, la croissance économique chinoise a ralenti en mars. Les vents contraires vont persister à très court terme. D’abord, la très forte hausse du nombre de cas de Covid-19 a conduit de nombreuses régions à imposer de sévères restrictions à la mobilité. Ensuite, la correction dans le secteur immobilier se poursuit. Enfin, les effets de la guerre en Ukraine sur les prix des matières premières et le commerce mondial devraient pénaliser les producteurs et les exportations. Les autorités chinoises accélèrent donc l’assouplissement de leur politique économique.
Tandis que la Réserve Fédérale américaine a entamé le relèvement de son taux directeur, la Banque du Japon poursuit sa politique très accommodante. Ses marges de manœuvre se resserrent néanmoins en raison de la dépréciation significative du yen qui complique sa politique de contrôle de la courbe des taux. Des ajustements sur ce mécanisme sont anticipés. Le soutien à l’économie devrait persister en 2022 tant sur le plan monétaire que budgétaire, dans un environnement particulièrement difficile pour les industriels japonais, durement affectés par les perturbations sur les chaînes de production mondiales et le ralentissement de l’économie chinoise.
Au vu des obstacles que rencontre l’économie mondiale, on aurait pu craindre que les prévisions du consensus, pour l’enquête Tankan, ne soient trop optimistes. Finalement, cela n’a pas été le cas avec certaines séries en dessous du consensus et d’autres légèrement supérieures. La conclusion générale est néanmoins claire : les résultats sont en baisse par rapport au trimestre précédent.
La croissance économique s’est renforcée au cours des deux premiers mois de 2022, mais il est probable que cette amélioration s’interrompe en mars. La croissance dans les services a atteint 4,2% en glissement annuel (g.a.) en janvier-février, chiffre qui reste faible mais qui est néanmoins en hausse par rapport au T4 2021 (+3,3%). Même constat pour les volumes de ventes au détail, qui ont progressé de 4,9% en g.a. en janvier-février, alors que leur croissance était inférieure à 2% au T4 2021. La croissance industrielle, plus robuste, a continué d’accélérer en janvier-février, pour s’établir à 7,5% en g.a. contre 3,9% au T4 2021.
Les comptes extérieurs indonésiens se sont, à première vue, consolidés en 2021. Les réserves de change ont atteint 131 milliards de dollars (l’équivalent de 8,3 mois d’importations de biens et services) et la dette extérieure a atteint seulement 35% du PIB (un niveau inférieur à ce qui prévalait avant l’épidémie de Covid-19). Par ailleurs, le compte courant a enregistré un léger excédent (de 0,3% du PIB), ce qui n’était pas arrivé depuis 2011. Cette bonne performance du compte courant reflète la très forte hausse du surplus commercial. Il a atteint 4,1% du PIB contre seulement 1,3% en moyenne au cours des cinq dernières années
Au Japon, il faut, peut-être plus qu’ailleurs, séparer la dynamique d’inflation globale de celle sous-jacente. La première, bien que toujours modérée (0,5% en janvier), est amenée à encore progresser, principalement sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie. En revanche, les prix sous-jacents restent largement en territoire déflationniste et cette dynamique s’amplifie même. Hors produits alimentaires périssables et énergie, l’indice des prix à la consommation (IPC) a baissé en janvier de 1,2% en glissement annuel, soit son recul le plus important depuis mars 2011. La déflation dans les services (-2,8%) est même la plus forte jamais enregistrée depuis 1970 et s’explique principalement par la chute de plus de 50% des frais de téléphonie mobile depuis mars 2021
La croissance économique chinoise a ralenti à 4% en glissement annuel (g.a.) au T4 2021, contre 4,9% au T3. Dans l’industrie, la situation s’est redressée légèrement au cours du T4 2021 après un été très perturbé par des coupures d’électricité et des contraintes d’approvisionnement. La croissance industrielle est ainsi passée de 3,1% en g.a. en septembre à 4,3% en décembre. À très court terme, cependant, la production et les exportations du secteur manufacturier devraient souffrir des effets de la nouvelle vague épidémique (confinements, perturbations dans les usines et le transport des marchandises).
Les indicateurs d’activité du dernier trimestre 2021 le confirment : la crise des secteurs de l’immobilier et de la construction, le maintien de la stratégie zéro covid face aux résurgences de l’épidémie, et la fragilité persistante de la consommation des ménages pèsent lourdement sur la croissance économique chinoise. L’industrie exportatrice reste très dynamique, mais elle pourrait s’essouffler à très court terme à cause d’un moindre dynamisme de la demande mondiale et des répercussions de la vague Omicron sur l’activité des usines et le transport des marchandises. Les autorités renforcent progressivement leurs mesures de soutien monétaire et budgétaire
La croissance économique reste vulnérable à une nouvelle vague épidémique alors que moins de 50% de la population indienne est vaccinée. Déjà en perte de vitesse au mois de décembre, l’activité pourrait être à nouveau freinée par la vague qui touche le pays depuis janvier, alors même que les conditions sur le marché de l’emploi restent dégradées. L’inflation constitue un autre risque pour la reprise. En plus de réduire le pouvoir d’achat des ménages, elle pourrait contraindre les autorités monétaires à relever leurs taux d’intérêt
Alors que le Vietnam a traversé la crise sanitaire de 2020 sans forte vague d’infections, sans contraction du PIB ni dégradation notable des fondamentaux macroéconomiques, la situation a été plus compliquée en 2021. Au T3, la flambée du nombre de cas de Covid-19 et le confinement strict ont conduit à un arrêt de l’activité. Au T4, la courbe épidémique s’est encore dégradée, mais l’activité a redémarré grâce au progrès de la vaccination et à l’ajustement de la stratégie « zéro Covid ». La production et les exportations du secteur manufacturier ont rebondi et leurs perspectives de croissance restent solides. En revanche, la consommation privée et les services sont affaiblis. Le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre pour renforcer son soutien budgétaire.
Les perspectives de croissance à court et moyen terme sont limitées en Thaïlande. La consommation privée et le secteur du tourisme, principaux moteurs de la croissance du PIB, resteront durablement affaiblis. Dans le secteur du tourisme particulièrement, il est peu probable que le niveau d’activité enregistré en 2019 soit atteint avant 2024. Par ailleurs, les faiblesses structurelles de l’économie (manque d’investissement, d’infrastructures) ont été exacerbées par la crise et pèseront sur la reprise, notamment des exportations. Cela dit, la vulnérabilité extérieure du pays a augmenté au cours des deux dernières années, mais reste pour le moment très modérée.