Les dernières données d’activité indiquent un ralentissement généralisé de l’économie chinoise au mois d’octobre 2022. La croissance industrielle a atteint 5% en glissement annuel (g.a.) contre 6,3% en septembre, mettant fin à l’accélération observée au T3 2022. L’effet des incitations fiscales à l’achat de voitures s’est atténué, ce qui a conduit au ralentissement de la production automobile. Surtout, le secteur manufacturier a ajusté sa production (l’industrie électronique en particulier) en réponse à la détérioration des exportations (qui se sont réduites de 0,6% en g.a. en octobre, après +10,1% au T3 et +13,8% au S1).
Dans le secteur des services, les difficultés persistent : l’activité y a stagné en octobre (+0,1% en g.a.), après avoir à peine récupéré au T3 (+1,2%) de la contraction au T2 (-3,3%). Les nouvelles restrictions à la mobilité imposées au cours de la seconde quinzaine d’octobre ont à nouveau freiné les ventes au détail (-0,5% en g.a. en valeur, après +3,5% au T3). Le maintien de la politique stricte « zéro Covid » (en dépit des ajustements récemment annoncés), la poursuite de la crise du secteur immobilier et les conditions dégradées du marché du travail (le chômage s’est de nouveau accru dans les 31 principales villes du pays, atteignant 6% en octobre) continuent de peser lourdement sur la confiance des ménages et la consommation privée.
Le ralentissement de l’inflation des prix à la consommation (2,1% en g.a. en octobre contre 2,7% au T3) et la faiblesse de l’inflation sous-jacente (0,6% en octobre contre 0,7% au T3) signalent également l’atonie de la demande intérieure chinoise.
L’activité du secteur immobilier a continué de se contracter fortement en octobre (volumes de ventes : -23,2% en g.a., projets en construction : -32,6%, nouveaux chantiers : -35,1%), et la baisse des prix des logements s’est légèrement accentuée (-3,7% en g.a.). L’investissement dans le secteur immobilier a encore reculé en octobre, et affiché une chute de 7,3% en g.a. en valeur sur les dix premiers mois de 2022.
Les autorités multiplient les mesures de soutien monétaire et budgétaire. L’effet le plus visible est la croissance toujours soutenue de l’investissement public dans les projets d’infrastructure. En revanche, l’assouplissement monétaire ne parvient pas à redresser la croissance des crédits à l’économie. Dans le secteur immobilier, les mesures visant à stimuler la demande de logements ont eu peu d’effets jusqu’à présent, mais les prêts bancaires aux promoteurs montrent des signes d’accélération (+4,2% en g.a. au T3 après +1,5% au T2). De nombreux promoteurs immobiliers restent toutefois étranglés financièrement, et le nombre de défauts sur les crédits bancaires et les marchés obligataires pourrait encore augmenter à court terme.
Christine Peltier
Les indicateurs du radar sont transformés en « z-scores » (écarts par rapport à la valeur moyenne de long terme exprimée en écart-type). Ces z-scores ont une moyenne de zéro et leur valeur fluctue ici entre -4 et +2. Sur le radar, la zone en bleu indique les conditions économiques actuelles. Elle est comparée aux conditions 4 mois auparavant (pointillés). Un élargissement de la zone bleue indique une amélioration de l’indicateur d’activité.