Le PIB au niveau d’avant-crise
Sur l’ensemble de l’année budgétaire 2021/2022, qui s’est achevée au 31/03/2022, le PIB réel a enregistré une croissance de 8,7% et dépassé de 1,5% son niveau d’avant-crise.
Au quatrième trimestre de l’année budgétaire 2021/2022 (i.e. janvier-mars 2022), la recrudescence des cas de Covid-19 et l’adoption localement de nouvelles mesures restrictives en janvier et février ont entraîné une légère décélération du rythme de croissance par rapport au trimestre précédent. Entre les mois de mars et mai 2022, l’activité économique a réaccéléré, aussi bien dans l’industrie que dans les services. La confiance des entrepreneurs est restée bien orientée en mai, avec un indice PMI très supérieur à 50.
Durcissement monétaire et soutien budgétaire
En mai, la hausse des prix au détail s’est établie à 7% en glissement annuel. Elle est supérieure à la cible de la RBI (4% ± 2 points de pourcentage, pp) pour le quatrième mois consécutif. Dans ces conditions, la banque centrale a mis fin à sa politique monétaire accommodante. Elle a procédé à deux hausses de taux en mai et juin, d’un total de 90 points de base (pb) à 4,9%. Par ailleurs, elle a réhaussé le ratio de réserves obligatoires des banques de 50 pb, à 4,5%, pour réduire l’excès de liquidité du secteur bancaire. De nouvelles hausses des taux sont à prévoir dès le prochain comité de politique monétaire du mois d’août. La RBI anticipe que l’inflation restera supérieure à 7% sur la période juillet-septembre pour décélérer à partir d’octobre et atteindre en moyenne 6,7% sur l’année budgétaire en cours.
Même si ce durcissement monétaire va peser sur la demande intérieure, il ne sera pas suffisant pour enrayer les pressions inflationnistes. La hausse des taux devrait néanmoins permettre de soutenir la roupie et, ainsi, de contenir l’inflation importée.
Dans ces conditions, en complément de l’interdiction d’exporter du blé, le gouvernement a adopté dans le courant du mois de mai plusieurs mesures budgétaires pour contenir la hausse des prix domestiques. Ces ajustements vont retarder la consolidation des finances publiques, qui avait notamment découlé d’une amélioration de la base fiscale (en hausse de 1,4 pp au cours de l’année budgétaire 2021/2022 par rapport au niveau pré-pandémique, pour atteindre 11,4% du PIB). En effet, les mesures adoptées vont peser à la fois sur les dépenses (+0,7% du PIB) et sur les recettes (-0,7% du PIB).
Pour contenir la hausse des prix de l’énergie, le gouvernement a réduit les droits d’accise sur les importations de gasoil et de diesel de Rs8 et Rs6 par litre, respectivement, permettant de compenser en grande partie la hausse des prix enregistrée en mars et avril de Rs10 par litre. Les droits de douane sur les importations de charbon ont également été totalement levés. Enfin, le gouvernement a augmenté les subventions pour les 90 millions de ménages les plus fragiles afin de les aider à faire face à la hausse des prix du gaz (notamment du gaz utilisé dans la cuisson domestique).
Le gouvernement a par ailleurs multiplié par deux le montant des subventions sur les engrais (+0,4% du PIB) afin de limiter la hausse des coûts des futures récoltes. Le programme de distribution de grains pour les ménages bénéficiant du « national security food act » a été prolongé jusqu’en septembre 2022, augmentant le coût des subventions alimentaires de près de 40% par rapport au budget initial (+0,3% du PIB).
Les prévisions du gouvernement de réduire le déficit budgétaire de 6,7% du PIB en 2021/2022 à 6,4% du PIB en 2022/2023 paraissent donc optimistes, même si la hausse des pressions inflationnistes va générer une augmentation plus importante que prévu du PIB nominal. Le ratio de la dette du gouvernement et de l’ensemble des administrations, rapportée au PIB, devrait poursuivre sa baisse progressive tout en restant supérieur à 82% du PIB.
La structure des dépenses va devenir moins favorable. La part des dépenses rigides (notamment les subventions et les intérêts sur la dette) devrait augmenter pour atteindre 38%, et le gouvernement pourrait être contraint de limiter ses dépenses d’infrastructures pour contenir le dérapage budgétaire. La hausse des rendements sur les obligations d’État à dix ans (+100 pb sur les douze derniers mois pour atteindre 7,4% fin juin) va alourdir la charge d’intérêts sur la dette. Rapportée aux recettes, elle s’élevait à 36,5% sur l’année 2021/2022 malgré les pressions inflationnistes. Ainsi, déflatés de l’indice des prix à la consommation hors énergie et alimentaire, les rendements réels restent inférieurs à leur niveau d’avant-crise, mais ils sont désormais supérieurs aux niveaux enregistrés en 2020 et 2021.