Pour les prochains trimestres, les indicateurs conjoncturels suggèrent un ralentissement de l’activité. Les ventes au détail hors véhicules semblent avoir atteint un pic en mars. La production industrielle s’est aussi affaiblie depuis mars, sans doute en raison des difficultés d’approvisionnement et de la hausse des coûts des biens intermédiaires et des matières premières. En mai, la baisse des nouvelles commandes et l’allongement des délais de livraison, reflétés par les indices sous-jacents du PMI manufacturier, suggèrent que le fléchissement de l’activité industrielle pourrait se poursuivre à court terme. L’investissement pourrait en pâtir au cours des prochains trimestres. Les incertitudes liées à la guerre en Ukraine affectent le moral des entrepreneurs et devraient conduire à un report des projets. De même, l’introduction récente d’une taxe sur les profits exceptionnels des entreprises dans certains secteurs pourrait impacter négativement les décisions d’investissement.
Du côté de la demande externe, les exportations ont progressé plus lentement ces derniers mois alors que les importations sont restées élevées. L’exposition directe de la Hongrie vis-à-vis de la Russie en termes d’exportations est très faible, à 2,1% du PIB mais l’effet indirect à travers la relation commerciale avec l’UE est très important. En contraste, la Hongrie est fortement dépendante de la Russie pour son approvisionnement en énergie (50 % des importations énergétiques). A l’heure actuelle, l’embargo de l’UE sur les importations de pétrole russe ne s’applique pas à la Hongrie, ni à la Slovaquie et ni à la République tchèque.
Le tassement attendu de l’activité au cours des prochains mois n’aura qu’un impact limité sur la croissance en 2022 en raison de l’importance des effets d’acquis au premier trimestre, qui s’élèvent à 5%. La croissance sera donc encore très forte à 6% cette année. En revanche, elle devrait sensiblement ralentir à 2,9% en 2023 en raison du maintien de l’inflation à des niveaux élevés et du ralentissement de l’activité dans les pays avancés.
Resserrement monétaire pour lutter contre l’inflation
Les pays d’Europe centrale (PEC) subissent une forte remontée des prix à la consommation depuis fin 2021, accentuée par la guerre en Ukraine. Le taux d’inflation est plus élevé que la moyenne de l’Union européenne et d’autres pays émergents d’Asie et d’Amérique latine. En Hongrie, il est au plus haut depuis 2001 (+10,7% en g.a. en mai) et dépasse largement l’objectif de 3% de la banque centrale.
Toutefois, l’inflation est relativement moins élevée que chez les autres PEC grâce à un gel temporaire sur les prix des produits alimentaires de base et de l’énergie, d’abord jusqu’en juin puis étendu jusqu’au 1er octobre.
Les postes « alimentation » et « transport » ont principalement contribué à cette poussée inflationniste, respectivement à hauteur de 4,3 points et 1,9 point en mai. Mais l’inflation sous-jacente (+9,1% en g.a. en mai) a également sensiblement accéléré, reflet de l’ensemble des coûts de production, y compris les salaires. En 2022, l’inflation pourrait atteindre 11% en moyenne et se maintiendrait à des niveaux élevés en 2023 en raison des pressions salariales élevées.