Au cours de l’année 2021, les effets de la crise de la Covid-19 se sont dissipés et les perspectives macroéconomiques et financières de l’Angola se sont améliorées. La reprise de la croissance a reposé sur la consommation privée, grâce à la levée des restrictions, et ce malgré de fortes tensions inflationnistes. Les secteurs hors hydrocarbures ont fortement contribué à la croissance : +14% pour le secteur du commerce, +28,9% pour le transport, +46,5% pour le secteur de la pêche. La contribution négative du secteur pétrolier a quant à elle diminué.
La dynamique devrait se poursuivre au cours des prochains mois avec une croissance attendue à +3% en 2022, son plus haut niveau depuis 2014. En baisse continue depuis fin 2017, la production de pétrole repart à la hausse depuis le second semestre 2021 avec une progression de +8% en g.a en mai 2022. Au T1 2022, l’indice de confiance des entreprises (ICE) était en territoire positif pour la deuxième fois consécutive depuis plus de 6 ans, de +5 points par rapport au T4 2021. Par ailleurs, les efforts entrepris par le gouvernement de João Lourenço commencent à porter leurs fruits. La première introduction en Bourse de la banque BAI début juin 2022 en est l’illustration. Elle a permis de tester l’appétit des investisseurs et d’ouvrir le marché aux privatisations à venir d’entreprises publiques telles que Sonangol ou Endiamia.
L’amélioration des perspectives de l’Angola s’est traduite par une forte appréciation du kwanza qui a gagné près de 19% par rapport au dollar depuis le début de l’année. Cela en fait la devise la plus performante par rapport au billet vert. Depuis 2019, la libéralisation progressive du marché des changes a par ailleurs permis au kwanza de servir de variable d’ajustement et de contenir la dégradation du niveau de réserves de change de la banque centrale.
L’ensemble de ces éléments a soutenu la confiance des investisseurs et fait baisser considérablement la prime de risque sur les obligations souveraines. L’État angolais est d’ailleurs parvenu à émettre USD 1,75 md sur le marché obligataire international en avril 2022. L’obligation, d’une maturité de 10 ans, a été émise à un taux de 8,75%; c’est légèrement au-dessus du taux auquel le gouvernement avait émis en 2019 (8%), date de sa dernière émission pour une maturité équivalente. L’opération a enregistré un taux de souscription de 200%, ce qui illustre l’appétit des investisseurs pour la signature angolaise.
Des élections générales sont prévues le 24 août 2024. Le président João Lourenço pourrait rester au pouvoir et conserver une majorité au Parlement. Néanmoins, les interrogations subsistent quant à la capacité du gouvernement à poursuivre et à accélérer les réformes en cours, qui visent à corriger durablement les vulnérabilités du pays.
Nécessité de poursuivre les réformes
Les fondamentaux budgétaires de l’Angola restent extrêmement fragiles. Le ratio de dette publique rapportée au PIB a baissé en 2021 après avoir atteint plus de 135% du PIB en 2020, et il devrait continuer de baisser en 2022. Néanmoins, cette décrue est étroitement liée à l’appréciation du taux de change car les 4/5e de la dette publique est libellée en devise étrangère.