Chocs d’offre dans l’industrie
L’activité industrielle a retrouvé son niveau d’avant-Covid dès fin 2020 mais elle a peu progressé depuis, notamment en raison des contraintes d’approvisionnement. Plus récemment, celles-ci ont été accentuées par les épisodes de confinement en Chine, qui ont entraîné des fermetures d’usines en début d’année. La guerre en Ukraine a aussi alimenté ces chocs d’offre.
Le secteur automobile, qui pèse lourd dans l’économie (22% de la valeur ajoutée dans l’activité manufacturière et 20% des exportations totales), a été sensiblement touché. Reflet de ces contraintes, la production de voitures en volume a baissé de 14%, en cumul de janvier à avril, par rapport à la même période l’an dernier. De même, les ventes de véhicules à l’étranger peinent à trouver un nouveau souffle depuis 2019. Ce schéma est comparable à celui de la plupart des pays de la région, très exposés aussi au secteur automobile.
Resserrement monétaire
Depuis l’automne 2021, les banques centrales des pays de la région ont entamé un cycle de resserrement monétaire pour juguler l’inflation. En République tchèque, le taux directeur a été relevé de 675 points de base (pb) depuis avril 2021 pour atteindre 7%. La nomination d’un nouveau gouverneur, Aleš Michl, perçu comme étant très réticent à un durcissement de la politique monétaire, ne devrait pas remettre en cause le resserrement, à en juger par l’ampleur de la hausse du taux directeur (+125 pb) lors de la dernière réunion de la banque centrale.
Ces derniers mois, les pressions inflationnistes se sont intensifiées. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a progressé de 15,2% en g.a. en mai. Les postes « alimentation » et « énergie » y ont contribué respectivement à hauteur de 3,7 points et 4,3 points. Les contraintes d’approvisionnement ont aussi attisé la hausse des prix des biens durables. En 2023, les pressions inflationnistes pourraient s’atténuer en raison d’une relative détente des prix des matières premières agricoleset énergétiques, et des contraintes d’approvisionnement. Par ailleurs, la boucle prix-salaires reste contenue pour l’instant compte tenu d’une progression des salaires plus faible que l’inflation. Toutefois, le taux d’inflation dépasserait largement l’objectif de la banque centrale de 1-3 %.
Détérioration limitée des comptes publics et externes
Le solde courant est devenu négatif en 2021, à -0,9% du PIB. Il s’explique par une baisse très marquée de l’excédent commercial, à EUR 2,8 milliards l’an dernier, en comparaison de 10,6 milliards en 2020. Le solde commercial n’a pas permis de compenser le déficit structurel de la balance des revenus. Celle-ci s’est établie à EUR 9,1 milliards. Quant à la balances des services, elles est restée proche de sa moyenne des quatre dernières années à EUR 4,3 milliards.
Le déficit courant va probablement se maintenir au cours des deux prochaines années en raison d’un alourdissement de la facture énergétique et d’un tassement des exportations. L’énergie en provenance de la Russie représente 42% du total des importations. Cette dépendance est importante notamment en matière d’approvisionnement en gaz (71 % des importations). Pour l’instant, la République tchèque, tout comme la Hongrie et la Slovaquie, a obtenu une dérogation à l’embargo de l’UE sur les importations de pétrole russe.
Néanmoins, les flux d’investissements directs étrangers et les fonds en provenance de l’UE vont encore largement financer le besoin externe, ce qui devrait consolider les réserves de changes. Ces dernières couvrent 9,4 mois d’importations en 2022, un ratio très confortable.
La consolidation des comptes publics sera probablement de nouveau reportée cette année. Ainsi, le déficit budgétaire rapporté au PIB resterait élévé à court terme. Les autorités anticipent un déficit de 4,5% du PIB pour l’année 2022 par rapport aux prévisions initiales de 3,3% en février dernier. Cette révision vise à prendre en compte les nouvelles mesures de soutien du gouvernement. Outre celles en faveur des ménages, des garanties sur les emprunts des PME ou encore l’instauration de délais de paiement de la TVA visent à soutenir les entreprises. La dette publique resterait proche de 40% du PIB à horizon 2023, soit environ 10 points au-dessus de 2019.
Point marquant à souligner, la charge d’intérêts de l’État va augmenter en raison de la hausse des taux à 5 ans ou à 10 ans sur le marché obligataire local. Néanmoins, rapportée aux recettes qui ont régulièrement progressé au cours des dix dernières années, l’augmentation va probablement rester limitée.