Freins multiples
À court terme, la croissance devrait se raffermir, mais les risques baissiers restent élevés. D’abord, la situation sanitaire demeure incertaine et les autorités devraient maintenir une stratégie zéro Covid au moins jusqu’à la fin de l’année – des directives ont toutefois été envoyées aux collectivités locales début juin pour réduire le risque de restrictions excessivement sévères. La menace de nouveaux confinements devrait continuer de peser sur la confiance et la demande des ménages et des entreprises.
Ensuite, la consommation privée va souffrir de la dégradation du marché du travail. Le taux de chômage a grimpé de 5,1% fin 2021 à 6,1% en avril 2022, pour retomber à 5,9% en mai. Il est plus élevé pour les travailleurs migrants (6,2% en mai) ainsi que dans les 31 grandes villes du pays (6,9% en mai). Plus inquiétant, le taux de chômage des 16-24 ans a atteint un niveau record en mai, à 18,4%, contre 14,3% en décembre 2021. La situation pourrait encore s’aggraver au cours de l’été, lorsque les nouveaux diplômés entreront sur le marché du travail.
La progression des revenus réels devrait souffrir des conditions dégradées du marché du travail. En revanche, les effets négatifs de la hausse des prix à la consommation sur le pouvoir d’achat des ménages devraient être modérés. L’IPC n’a augmenté que de 2,1% en g.a. en avril et mai. L’inflation sous-jacente est faible (0,9%) en raison de l’atonie de la demande intérieure, tandis que la hausse des prix alimentaires et de l’énergie reste limitée en dépit des tensions au niveau mondial, du fait de la baisse continue des prix de la viande et des contrôles partiels des prix des céréales et de l’énergie.
Par ailleurs, la crise du secteur immobilier et de la construction perdure, freinant l’emploi, l’investissement et la consommation de biens durables. Ainsi, les projets nouvellement démarrés et les transactions immobilières se sont effondrés, respectivement, de 40% et 32% en g.a. au mois de mai, et de 31% et 24% sur les cinq premiers mois de 2022 par rapport à la même période en 2021. Des mesures ont été introduites pour encourager les transactions et aider les promoteurs à finaliser les projets en cours. Les autorités maintiennent néanmoins leurs objectifs de modération des coûts du logement et de désendettement des promoteurs.
Enfin, les exportations ont rebondi en mai (+16,8% en g.a. contre 3,7% en avril) et devraient se renforcer à court terme grâce à la diminution des problèmes logistiques. Cependant, le secteur exportateur chinois ne devrait pas être un moteur de croissance aussi puissant en 2022 qu’en 2021 compte tenu du ralentissement de la demande mondiale. Dans ses Perspectives de l’économie mondiale d’avril dernier, le FMI prévoyait une croissance du volume de commerce mondial à 5% en 2022 et 4,4% en 2023, contre 10% en 2021.