Pour l’année budgétaire 2023/2024 qui s’est achevée fin mars 2024, la croissance de l’Inde a atteint 8,2%, le rythme le plus élevé parmi les pays d’Asie. Au cours des vingt dernières années, la croissance a été de 6,3% par an en moyenne. Pourtant, malgré cette performance, le PIB par tête de l’Inde reste faible. Par ailleurs, les inégalités de revenus ont augmenté et le taux de chômage est élevé (en particulier chez les jeunes), et ce, en dépit de la hausse du niveau d’éducation. On peut expliquer les faibles niveaux de revenu et d’emploi par la structure de l’emploi, lequel reste concentré dans l’agriculture, un secteur à faible valeur ajoutée
L’économie japonaise a, conformément à nos attentes, fait l’objet d’une contraction du PIB de -0,5% q/q au premier trimestre 2024. Celle-ci est à mettre en relation avec les perturbations liées au séisme du 1er janvier sur la péninsule de Noto et à la fermeture temporaire de centres de production automobile sur fond de scandale de sécurité. Les composantes du PIB suggèrent par ailleurs une faiblesse généralisée de l’économie, avec, au premier chef, une quatrième contraction consécutive de la consommation des ménages qui constitue le premier moteur de la baisse du PIB. Par ailleurs, la publication s’est accompagnée d’une révision de la croissance du T4 2023 à +0,0% q/q (contre +0,1% précédemment)
La dynamique de l’économie chinoise reste caractérisée par des divergences sectorielles et par la morosité de la demande intérieure privée. Comme l’illustre notre graphique ci-dessous, l’activité dans le secteur manufacturier a gagné en vigueur sur la période février-avril 2024 par rapport aux trois mois précédents, alors que l’activité dans le secteur des services ne s’est pas renforcée.
Depuis l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001, le déficit bilatéral de l’Union européenne avec le pays est passé de EUR 39 mds à EUR 294 mds en 2023 (données Eurostat). C’est de loin la dégradation la plus importante enregistrée par le Vieux Continent avec un partenaire commercial, même si, dans son ensemble, la balance commerciale de l’UE avec le reste du monde est repassée en excédent en 2023.
Au premier trimestre 2024, l’économie chinoise a affiché une croissance plus solide qu’attendu et largement tirée par le secteur manufacturier exportateur. Dans un contexte d’atonie de la demande intérieure et de rivalités stratégiques, notamment avec les États-Unis, Pékin développe encore davantage sa politique industrielle pour soutenir la croissance économique et renforcer la « sécurité nationale ». La priorité est donnée aux secteurs de haute technologie et de la transition énergétique. Très largement soutenus par les pouvoirs publics, ces secteurs montent en gamme, augmentent leurs capacités de production, baissent les prix de vente et gagnent des parts de marché à l’exportation
Les politiques de réformes engagées depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir en 2014 devraient se poursuivre avec sa très probable réélection en juin prochain. Son bilan économique est globalement positif. La croissance a été solide, le secteur bancaire s’est consolidé, le taux d’investissement a fortement augmenté et les déficiences en matière d’infrastructures ont diminué. Pour autant, les défis structurels auxquels le pays est confronté restent nombreux et importants. Le PIB par tête reste très inférieur à celui enregistré dans les autres pays d’Asie (Chine, Vietnam, Indonésie), le secteur manufacturier peine à se développer et le pays ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois pour intégrer les jeunes, dont le taux de chômage reste très élevé.
Subianto Prabowo deviendra le nouveau président indonésien le 20 octobre prochain. Il héritera d’une économie solide caractérisée par une croissance robuste et stable (5,1% en moyenne au cours des dix dernières années hors période de Covid-19), un déficit budgétaire et une dette publique maîtrisés, des comptes extérieurs solides. Pour autant, les défis qui attendent le nouveau président sont importants. Dès la prochaine décennie, l’avantage démographique du pays va commencer à s’estomper. Il lui faudra accélérer le rythme d’adoption des réformes pour parvenir à augmenter sensiblement le niveau d’emploi des jeunes et des femmes et attirer davantage les investissements directs étrangers. Sans cela, l’Indonésie deviendra un pays « vieux » avant de parvenir à être un pays à « haut revenu ».
Le 15 mai 2024, Lee Hsien Loong, Premier ministre de Singapour depuis vingt ans, cédera les rênes du pouvoir à son actuel vice-Premier ministre Lawrence Wong. Ce changement ne devrait altérer ni la gestion très disciplinée des politiques monétaire et budgétaire, ni la stratégie de développement économique du gouvernement, qui vise, en particulier, à adapter le pays au changement climatique et à rehausser son potentiel de croissance. En 2024, l’activité économique devrait se renforcer modérément, notamment grâce à une amélioration du cycle électronique mondial ; les tensions inflationnistes devraient continuer de se réduire, mais elles resteront à un niveau historiquement élevé. Dans ce contexte, les autorités devraient maintenir inchangées les conditions de politique monétaire cette année
Les tensions à la baisse sur les monnaies d’Asie se sont légèrement accentuées la semaine dernière dans un climat géopolitique et monétaire devenu moins favorable. La crainte d’une hausse des prix internationaux du pétrole en raison du conflit au Moyen-Orient d’une part, et le changement de ton de la Réserve fédérale américaine d’autre part, expliquent les récentes tensions. Mais la roupie indienne a, jusqu’à présent, mieux résisté que les autres monnaies d’Asie.
La croissance économique chinoise a légèrement accéléré au T1 2024. Elle s’est établie à +1,6% en rythme trimestriel (contre +1,2% au T4 2022) et à +5,3% en glissement annuel (contre +5,2% au trimestre précédent). Pour soutenir l’activité en 2024, les autorités ont opté pour un renforcement de la politique industrielle et le maintien d’une politique de la demande prudente. C’est d’ailleurs le secteur manufacturier exportateur qui a affiché la performance la plus solide au cours des derniers mois.
Dans un contexte d’atonie de la demande intérieure et de rivalités stratégiques, notamment avec les États-Unis, le gouvernement chinois développe encore davantage sa politique industrielle pour soutenir la croissance économique et renforcer la « sécurité nationale ». La priorité est donnée aux secteurs de haute technologie et de la transition énergétique. Très largement soutenus par les pouvoirs publics, ces secteurs montent en gamme, augmentent leurs capacités de production, baissent les prix de vente et gagnent des parts de marché à l’exportation. La déferlante de produits de technologie verte devrait amener à de nouvelles confrontations commerciales dans les prochains mois.
La Banque du Japon a pris la décision, certes attendue mais historique, de mettre un terme à sa politique caractéristique de taux d’intérêt négatifs, sur fond de hausse du niveau général des prix se situant de façon durable à des standards presque inédits. La normalisation monétaire sera toutefois un processus incrémental, la faiblesse actuelle de l’activité, illustrée par un taux de croissance négatif attendu au premier trimestre 2024 et de faibles attentes pour l’ensemble de l’année, ne permettant pas de resserrement significatif.
Le mois de mars a vu une amélioration de l’activité au Japon, selon l’enquête Jibun Bank PMI. Tant l’indice manufacturier (48,2, +1,0pp), grâce à une hausse généralisée des principales sous-composantes, que l’indice non-manufacturier (54,9, +1,3pp) se sont redressés, permettant à l’indice Composite d’atteindre un plus haut depuis août 2023 (52,3, +1,7pp).
Les indicateurs économiques pour les deux premiers mois de 2024 attestent d’une légère amélioration de l’activité, principalement tirée par le secteur manufacturier exportateur. La croissance de la production industrielle a atteint +7% en g.a. en volume en janvier-février 2024 contre +6% au T4 2023, et l’investissement manufacturier s’est également légèrement renforcé. Il s’est accru de +9,4% en g.a. en valeur sur les deux premiers mois, après +6,5% sur l’ensemble de 2023.
Le Japon est entré en récession technique au second semestre 2023. En effet, la première estimation du PIB au T4 fait état d’une modeste contraction de -0,1% t/t faisant suite à un recul plus important de -0,8% t/t au trimestre précédent. Fait plus symbolique, le Japon a perdu son statut de troisième économie mondiale (en PIB nominal) au profit de l’Allemagne. Néanmoins, la vigueur de l’activité au premier semestre 2023 avait doté l’économie japonaise d’un acquis de croissance notable, permettant au taux de croissance annuel moyen de s’élever à +1,9% pour l’année (contre +0,9% en 2022).
En 2023, le rebond post-Covid de l’activité économique chinoise a été moins vigoureux qu’espéré. La crise du secteur immobilier s’est aggravée en fin d’année, la demande de logements ne redémarre pas, et le moral dégradé des ménages pèse sur leur consommation. En revanche, le secteur manufacturier exportateur a affiché une performance meilleure que prévu au dernier trimestre, contrastant avec celle des secteurs tournés vers le marché intérieur. Les autorités maintiennent une politique accommodante. Cependant, la fragilité financière des collectivités locales pèse sur l’investissement public, et la marge de manœuvre de la banque centrale pour relancer le crédit est faible. Le secteur bancaire subit une hausse du risque de crédit, qui semble cependant rester maîtrisé.
L’activité économique indienne est restée solide au premier semestre de l’année budgétaire en cours. Sur l’ensemble de l’année 2023/2024, elle pourrait être proche de 7%, soutenue principalement par le dynamisme des investissements privés et publics. L’augmentation du taux d’investissement pour la deuxième année consécutive est particulièrement favorable. Elle répond à une des fragilités structurelles du pays. A ce jour, les contraintes sur les facteurs de production (tant au niveau du travail que du capital) et la faible intégration du pays dans le commerce mondial pèsent sur son attractivité, comme en témoigne la nouvelle baisse des flux d’IDE (-0,9% du PIB) sur les trois premiers trimestres de l’année 2023
La croissance économique de la Malaisie est restée robuste en 2023, bien qu’en recul par rapport à 2022 en raison d’effets de base défavorables. La demande intérieure en a été le principal moteur alors que les exportations se sont sensiblement contractées. Les perspectives pour 2024 restent bien orientées et la croissance devrait légèrement rebondir. Les principaux points d’attention portent sur l’évolution du marché immobilier et du secteur de la construction (lequel concentre les entreprises les plus fragiles), la consolidation des finances publiques (qui reste très graduelle) et l’évolution des comptes extérieurs
Le dynamisme de la consommation des ménages et le retour des touristes devraient permettre à la croissance d’accélérer au cours des prochains trimestres. Le manque de compétitivité du secteur exportateur et les effets d’El Niño sont les principaux risques sur la croissance et les exportations. En outre, la situation politique reste tendue et la coalition gouvernementale apparaît fragile. Un dérapage budgétaire est possible et la banque centrale devrait marquer une pause dans son assouplissement monétaire.
Le Vietnam a connu une série de difficultés en 2022-2023, liées à la dégradation de l’environnement international, à la sévère correction dans le secteur immobilier, à la crise de confiance et aux tensions sur la liquidité dans le secteur bancaire. La croissance économique a marqué le pas début 2023, mais elle a ensuite rapidement réaccéléré. En particulier, l’activité dans le secteur exportateur manufacturier se redresse depuis quelques mois, porté par de solides entrées d’investissements directs étrangers. Ces dynamiques devraient se poursuivre à court terme, le Vietnam étant un des grands bénéficiaires des ajustements en cours dans les chaines de production mondiales.
Plus de 18 mois après son défaut de paiement sur sa dette extérieure, la situation macroéconomique du Sri Lanka s’est améliorée, mais elle reste très fragile.
En 2023, le rebond post-Covid de l’activité économique chinoise a été moins vigoureux qu’espéré. La crise du secteur immobilier semble même s’être aggravée en fin d’année, la demande de logements ne redémarre pas en dépit des mesures de soutien des autorités, et le moral dégradé des ménages pèse sur leur consommation. En revanche, le secteur manufacturier exportateur a affiché une performance meilleure que prévu au cours des derniers mois, contrastant avec celle des secteurs tournés vers le marché intérieur.
Catastrophe naturelle, crise politique : l’année 2024 débute difficilement pour le Japon. Les répercussions économiques du séisme qui a frappé la côte ouest du pays le 1er janvier 2024 devraient néanmoins être assez limitées en raison de la préparation efficace et de la réaction rapide des autorités face à ce type d’évènement. Après une croissance attendue à +0,4% t/t au quatrième trimestre 2023, le rythme devrait ralentir au premier trimestre 2024 mais rester positif, à 0,2% t/t. La baisse de l’inflation et des rendements obligataires en fin d’année 2023 donne de l’air à la Banque du Japon (BoJ), qui devrait mettre un terme à sa politique de taux d’intérêt négatifs en mars ou avril
Au T4 2023, la croissance économique chinoise a légèrement accéléré à 5,2% en glissement annuel (g.a.) contre 4,9% au T3, mais elle a perdu en vigueur en rythme trimestriel (+1% t/t après +1,5% au T3). Notre baromètre semble indiquer une amélioration généralisée de l’activité au dernier trimestre par rapport au trimestre précédent, mais celle-ci s’explique toujours largement par la normalisation post-Covid de la demande intérieure et d’importants effets de base. L’économie chinoise continue en réalité de faire face à un grand nombre de fragilités, qui devraient persister à court terme.
La dernière enquête Tankan de la Banque du Japon, publiée en décembre, met en lumière les importantes pénuries de main d’œuvre et difficultés de recrutement dans le pays. Celles-ci touchent la totalité des secteurs et atteignent même des niveaux records dans près d’un quart d’entre eux. Afin d’en faciliter l’interprétation, les données que nous présentons dans ce graphique sont converties en Z-score, soit le nombre d’écart-type séparant chaque indice de sa moyenne de long terme (calculée sur la période 1974-2023).