DÉCOMPOSITION DES IMPORTATIONS DE L'UE EN PROVENANCE DE CHINE
Depuis l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001, le déficit bilatéral de l’Union européenne[1] avec le pays est passé de EUR 39 mds à EUR 292 mds en 2023 (données Eurostat). C’est de loin la dégradation la plus importante enregistrée par le Vieux Continent avec un partenaire commercial, même si, dans son ensemble, la balance commerciale de l’UE avec le reste du monde est repassée en excédent en 2023.[2]
Le rapport de force commercial entre les deux pays était déjà à l’avantage de la Chine avant l’entrée de cette dernière dans l’OMC, mais dans des proportions très limitées et essentiellement sur des segments de biens de consommation courants. En 2001, sur les EUR 39 mds de déficit bilatéral de l’UE avec la Chine, près des deux tiers (EUR 23,8 mds) provenaient d’articles manufacturés dits « divers », une catégorie qui regroupe essentiellement des biens de consommation à faible valeur ajoutée (jouets, articles de voyage et vêtements). Dans un premier temps, ce déficit a continué de se creuser – il a triplé entre 2002 et 2015 – avant de stagner depuis presque dix ans. Aujourd’hui, cette catégorie ne représente plus qu’un quart du déficit bilatéral de l’UE avec la Chine.
La montée en gamme des exportateurs chinois, qui s’est faite concomitamment au développement et à l’expansion des chaînes de production mondiale, s’est traduite au fil des années par une évolution des relations commerciales entre les deux blocs qui sont passées d’une complémentarité à une concurrence plus directe. La transformation de la composition des importations de l‘UE en provenance de Chine reflète cela. Les Européens importent toujours des biens de consommation en abondance mais ce sont davantage des téléphones et des véhicules automobiles : ces deux segments représentaient, en 2023, 17% des importations de l’UE en provenance de Chine. Par ailleurs, la part des machines et équipements électriques dans les importations de l’UE provenant de Chine a plus que doublé en vingt ans et représente désormais la majorité des produits acheminés depuis ce pays (21% en 2023). C’est d’ailleurs sur ce segment que le déficit bilatéral de l’UE avec la Chine s’est le plus creusé entre 2001 et 2023, passant de EUR 3,5 mds à EUR 83,2 mds. Une détérioration qui s’explique principalement par l’accroissement très significatif des importations de panneaux photovoltaïques (+EUR 20,6 mds de déficit) et les batteries électriques (+EUR 24,2 mds)[3].
