Comme la plupart des économies, le Japon a été sensiblement affecté par la crise sanitaire de la Covid-19 au 1er semestre 2020. Le rebond de l’économie nipponne dépendra en partie de la reprise de la consommation privée, en souffrance depuis la fin de l’année 2019. Les ventes au détail ont chuté en mai pour le troisième mois consécutif et dans une ampleur importante. Elles ont reculé de 12,3% (en glissement annuel, g.a.) après -13,9% en avril et -4,7% en mars [...]
Le Japon doit affronter le choc pandémique de Covid-19 après une fin d’année 2019 déjà difficile sur le plan économique. Le pays est, comme de nombreux autres, exposé aux retombées économiques de cette crise. Toutefois, sa dépendance importante à l’économie chinoise via ses importations, ses exportations et ses flux touristiques fragilise davantage l’économie nippone. D’après les derniers indicateurs conjoncturels, le choc est rude. Le Japon devrait ainsi entrer en récession cette année. En l’absence de marge de manœuvre suffisante sur le plan monétaire, la politique budgétaire sera en soutien. Un nouveau plan de relance de grande ampleur serait à ce titre en préparation par le gouvernement Abe.
L’économie japonaise a fini l’année 2019 sur une mauvaise note. La consommation des ménages a, comme dans le passé, souffert de la hausse de la TVA intervenue en octobre. Le passage du typhon Hagibis a également sensiblement pesé sur la demande interne, en particulier sur l’investissement des entreprises privées. Le début de l’année 2020 s’annonce difficile dans le contexte de l’épidémie du Coronavirus et compte tenu des relations économiques étroites entre le Japon et la Chine.
Les autorités japonaises ont décidé en décembre 2019 d’initier un programme budgétaire de relance conséquent pour les années à venir. Face à la succession de catastrophes naturelles touchant le pays, une part importante ciblera la prévention des sinistres. Ce programme permettra aussi de limiter l’effet négatif de la hausse de TVA, intervenue en octobre, qui devrait peser fin 2019 sur la consommation privée. Les dépenses des ménages japonais, en partie par effet d’anticipation, sont demeurées dynamiques au T2 et au T3 2019. À l’inverse, le secteur exportateur a souffert d’un contexte mondial peu porteur. En 2020, l’investissement public viendrait compenser en partie la faiblesse de la consommation privée.
La courbe de taux des obligations d’État japonaises s’est aplatie ces derniers mois, les échéances très éloignées s’approchant dangereusement de 0%. Cette évolution ne laisse pas de préoccuper les investisseurs institutionnels tenus par leurs engagements à long terme (compagnies d’assurance, fonds de pension). Selon H. Kuroda, gouverneur de la Banque du Japon, une baisse excessive des taux d’intérêt à très long terme pourrait pénaliser l’activité économique. Ceci a alimenté les anticipations selon lesquelles la BoJ s’orienterait vers un contrôle du niveau et de la pente de la courbe de taux. Une telle politique pourrait avoir une influence sur les rendements obligataires à l’étranger
La croissance du PIB japonais a été plus forte que prévu début 2019. Malgré les difficultés actuelles du secteur exportateur, la demande interne, privée comme publique, a pris pour l’heure le relais. A court terme, deux sources d’inquiétude pèsent sur le scénario macroéconomique japonais. D’abord, le Japon est particulièrement exposé au ralentissement de l’économie chinoise et du commerce international. Ensuite, la hausse de TVA en octobre freinerait la consommation à la fin de l’année et peut-être en 2020. Face à ces incertitudes internes et externes, les politiques monétaire et budgétaire resteront accommodantes mais leur efficacité pourrait être limitée.
La baisse quasiment ininterrompue des taux d’intérêt au Japon depuis le début des années 1990 s’est accompagnée d’une diminution de plus de 10 points de pourcentage du taux d’épargne des ménages (de 12,9% en termes nets1 en 19942 à 2,5% en 20172). Le taux d’épargne se décompose en un taux d’épargne financière nette des flux de crédits (flux d’épargne financière brute diminués des flux de crédits) et un taux d’épargne réelle (flux d’investissement en logement diminués, au Japon1, de la consommation de capital fixe). La baisse du taux d’épargne financière a procédé d’une baisse des flux d’épargne financière brute plutôt que d’une augmentation des flux de crédits
Malgré un taux d’ouverture relativement contenu, la forte concentration des exportations japonaises sur la Chine, et les pays asiatiques plus généralement, fait peser un risque externe important sur la dynamique de l’activité japonaise. Le secteur manufacturier pâtit de cette situation mais ces difficultés ne semblent pas pour l’heure affecter les autres secteurs de l’économie. La hausse de TVA prévue en octobre favoriserait des effets d’anticipations du côté de la consommation des ménages et le niveau élevé des incertitudes constituerait un frein à l’investissement des entreprises. Dans ce contexte, la Banque du Japon maintiendrait une politique monétaire très accommodante, sans que toutefois celle-ci ne permette une accélération durable des prix.
L’activité économique reste peu dynamique et le ralentissement observé en 2018 devrait perdurer. Début 2019, l’activité dans le secteur manufacturier du pays s’est, d’ailleurs, dégradée. A court et moyen terme, le Japon devrait continuer à pâtir du ralentissement en Chine, son premier partenaire commercial. Par ailleurs, la question de la démographie reste prégnante dans un pays où la population âgée de plus de 65 ans ne cesse de croître et représente aujourd’hui plus du quart de la population totale. Elle est une incitation permanente à soutenir la productivité par des réformes structurelles d’envergure, sur les marchés des biens, des services ou du travail.
En 2018, la croissance économique japonaise a affiché un profil particulièrement heurté. Au total, sur l’ensemble de l’année, elle a nettement baissé pour s’établir à +0,7% après +1,9% en 2017. Un typhon a touché le pays au T3 2018. Cela a pesé sur les composantes de la demande et, in fine, sur la croissance (-0,7% t/t). Au T4 2018, l’activité s’est redressée modérément à +0,3% (t/t). L’investissement, qui avait été particulièrement dégradé au T3, a retrouvé de la vigueur, tandis que la consommation privée a de nouveau soutenu la croissance. A l’inverse, le commerce extérieur a continué de peser sur l’activité. Dans un contexte de regain de dynamisme de la demande interne, la progression marquée des importations n’a été que partiellement compensée par celle des exportations
Le Japon est la quatrième économie mondiale. Le pays est doté de l’un des plus importants systèmes financiers au monde. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays a connu une période de croissance remarquable, qui s’est achevée au début des années 1990 par l’éclatement d’une bulle financière. Vint ensuite ce que l’on a appelé la «?décennie perdue?». La croissance économique réelle a alors reculé et l’inflation a commencé à évoluer à la baisse, pour devenir négative dans la deuxième moitié des années 1990. Les mesures de relance budgétaire et d’assouplissement monétaire n’ont pas réussi à donner un nouvel élan à l’économie et se sont soldées par une dette publique massive.
L’élection de Shinzo Abe en 2012 a conduit au renforcement des mesures accommodantes de politique monétaire et budgétaire pour relancer l’économie. La stratégie dite « Abenomics » s’articulait autour de trois volets : une relance budgétaire, une politique monétaire très accommodante et des réformes structurelles.
De nouvelles réformes structurelles sont nécessaires pour augmenter le potentiel de croissance économique du Japon et relever d’importants défis démographiques. Des progrès ont été accomplis, notamment pour améliorer le taux d’activité des femmes. Cependant, l’un des principaux problèmes structurels du Japon reste le vieillissement rapide de la population. D’après les projections officielles, la population japonaise pourrait décroître de plus de 25% dans les quarante prochaines années. Une telle évolution aura des conséquences nettement négatives : outre un impact défavorable sur la productivité et la croissance potentielle, l’augmentation du taux de dépendance réduira l’assiette fiscale et limitera la résorption du déficit primaire.