L’économie japonaise continue de se caractériser par une croissance faible, en ralentissement au T3. Le momentum positif sur l’inflation et les salaires va dans le sens des objectifs de la Banque du Japon. Ce tableau devrait lui permettre de poursuivre son resserrement monétaire graduel. Mais, les développements de politique intérieure (élections générales ayant abouti à une perte d’assise politique pour le gouvernement) et extérieure (victoire de Donald Trump) n’aident pas à la stabilité.
L’économie japonaise a décéléré au troisième trimestre, la croissance du PIB fléchissant à +0,2% t/t (-0,3pp) – rythme qui devrait se maintenir au quatrième trimestre. Toutefois, il convient de souligner l’accélération de la consommation privée (+0,9% t/t, +0,2pp). En revanche, les chiffres de l’investissement sont négatifs, tant sur la composante résidentielle (-0,1% t/t, -1,5pp) que sur la non-résidentielle (-0,2% t/t, -1,1pp). La contribution négative la plus importante (-0,4pp) est celle du commerce extérieur, la croissance des importations (+2,1% t/t) excédant sensiblement celle des exportations (+0,4% q/q).
Les enquêtes d’activité sont négatives au mois d’octobre. L’enquête préliminaire de la Jibun Bank fait état d’un recul du PMI manufacturier à 49,0 (-0,7pp). La baisse est plus marquée pour l’activité dans le secteur des services, le PMI associé perdant 3,8pp à 49,3, en zone de contraction pour la première fois depuis juin. D’après l’enquête trimestrielle Tankan de la Banque du Japon (BoJ), le climat des affaires s’est, au global, légèrement amélioré au T3, mais il est demeuré stable pour les grandes entreprises manufacturières. Nous anticipons une baisse de la croissance à +0,3% t/t au T3 (-0,4pp par rapport au T2 2024), sous l’effet de la dissipation du rebond technique qui l’avait portée au trimestre précédent.
La Banque du Japon poursuit son entreprise de resserrement monétaire de façon incrémentale et précautionneuse, avec une seule hausse de taux directeur au troisième trimestre, qui doit précéder un nouveau mouvement attendu en décembre, alors que la décision de juillet n’a pas été sans contribuer à une forte volatilité sur les marchés financiers. Dans le même temps, l’économie récupère d’un début d’année mouvementé et l’inflation se maintient au-dessus de la cible de 2%. Enfin, le pays a changé de Premier ministre et de nouvelles élections législatives anticipées sont désormais prévues pour le 27 octobre.
La croissance économique nippone devrait bénéficier d’un rebond technique au 2e trimestre : nous attendons +0,5% t/t après la contraction du T1 (révisée à la baisse à -0,7% t/t). Les perspectives demeurent négatives – notamment pour la demande, en dépit des baisses d’impôts introduites en juin – alors que la dépense de consommation des ménages s’est contractée de -1,8% a/a en mai. Par ailleurs, si l’augmentation des salaires (hors bonus) atteint en mai un record depuis 1993 (+2,5% a/a), signe de la transmission croissante de la hausse des salaires négociés (+5,1% a/a selon le syndicat Rengo), les revenus réels ne progressent toujours pas (-1,4% a/a).
Alors que la croissance trimestrielle et l’inflation sont attendues en hausse au second trimestre, la Banque du Japon avance prudemment après avoir décidé, en mars, de la fin des taux d’intérêt négatifs. Ainsi, un nouveau plan relatif au rythme d’achat d’obligations sera présenté en juillet, tandis que nous anticipons une seule hausse de taux supplémentaire cette année, probablement en septembre. Par ailleurs, la devise nationale continue de se détériorer, ce qui a amené les autorités à intervenir sur le marché des changes et nourrit les craintes d’inflation importée.
L’économie japonaise a, conformément à nos attentes, fait l’objet d’une contraction du PIB de -0,5% q/q au premier trimestre 2024. Celle-ci est à mettre en relation avec les perturbations liées au séisme du 1er janvier sur la péninsule de Noto et à la fermeture temporaire de centres de production automobile sur fond de scandale de sécurité. Les composantes du PIB suggèrent par ailleurs une faiblesse généralisée de l’économie, avec, au premier chef, une quatrième contraction consécutive de la consommation des ménages qui constitue le premier moteur de la baisse du PIB. Par ailleurs, la publication s’est accompagnée d’une révision de la croissance du T4 2023 à +0,0% q/q (contre +0,1% précédemment)
La Banque du Japon a pris la décision, certes attendue mais historique, de mettre un terme à sa politique caractéristique de taux d’intérêt négatifs, sur fond de hausse du niveau général des prix se situant de façon durable à des standards presque inédits. La normalisation monétaire sera toutefois un processus incrémental, la faiblesse actuelle de l’activité, illustrée par un taux de croissance négatif attendu au premier trimestre 2024 et de faibles attentes pour l’ensemble de l’année, ne permettant pas de resserrement significatif.
Le mois de mars a vu une amélioration de l’activité au Japon, selon l’enquête Jibun Bank PMI. Tant l’indice manufacturier (48,2, +1,0pp), grâce à une hausse généralisée des principales sous-composantes, que l’indice non-manufacturier (54,9, +1,3pp) se sont redressés, permettant à l’indice Composite d’atteindre un plus haut depuis août 2023 (52,3, +1,7pp).
Le Japon est entré en récession technique au second semestre 2023. En effet, la première estimation du PIB au T4 fait état d’une modeste contraction de -0,1% t/t faisant suite à un recul plus important de -0,8% t/t au trimestre précédent. Fait plus symbolique, le Japon a perdu son statut de troisième économie mondiale (en PIB nominal) au profit de l’Allemagne. Néanmoins, la vigueur de l’activité au premier semestre 2023 avait doté l’économie japonaise d’un acquis de croissance notable, permettant au taux de croissance annuel moyen de s’élever à +1,9% pour l’année (contre +0,9% en 2022).
Catastrophe naturelle, crise politique : l’année 2024 débute difficilement pour le Japon. Les répercussions économiques du séisme qui a frappé la côte ouest du pays le 1er janvier 2024 devraient néanmoins être assez limitées en raison de la préparation efficace et de la réaction rapide des autorités face à ce type d’évènement. Après une croissance attendue à +0,4% t/t au quatrième trimestre 2023, le rythme devrait ralentir au premier trimestre 2024 mais rester positif, à 0,2% t/t. La baisse de l’inflation et des rendements obligataires en fin d’année 2023 donne de l’air à la Banque du Japon (BoJ), qui devrait mettre un terme à sa politique de taux d’intérêt négatifs en mars ou avril
La dernière enquête Tankan de la Banque du Japon, publiée en décembre, met en lumière les importantes pénuries de main d’œuvre et difficultés de recrutement dans le pays. Celles-ci touchent la totalité des secteurs et atteignent même des niveaux records dans près d’un quart d’entre eux. Afin d’en faciliter l’interprétation, les données que nous présentons dans ce graphique sont converties en Z-score, soit le nombre d’écart-type séparant chaque indice de sa moyenne de long terme (calculée sur la période 1974-2023).
La révision des chiffres de croissance japonais a été défavorable, débouchant sur une baisse plus importante du PIB au 3e trimestre qu’initialement estimée (-0,7% t/t contre -0,5% t/t). L’ajustement est largement dû à un déstockage plus important : la contribution négative a été portée de -0,3 point de pourcentage (pp) à -0,5 pp. Les autres révisions notables sont venues de l’investissement résidentiel (qui passe de -0,1% t/t à -0,5% t/t), de la consommation privée (0,0% t/t à -0,2% t/t) et de l’investissement public (-0,5% t/t à -0,8% t/t). La faible consommation des ménages s’explique par des salaires réels en contraction pour le 19e mois consécutif en variation annuelle (-2,3% a/a en octobre). Au total, la demande privée ôte ainsi 0,6 pp à la croissance trimestrielle au T3.
L’estimation préliminaire du PIB pour le T3 montre une contraction de -0,5% t/t, tandis que les dernières enquêtes de conjoncture confirment le ralentissement de l’activité. Le PMI composite baisse de 1,6 pt en octobre mais se maintient en zone d’expansion, à 50,5. Ce repli s’explique par celui du PMI des services qui chute de 2,2 pts (51,6 contre 53,8 en septembre). Le PMI manufacturier se stabilise en zone de contraction, à 48,7.
La très forte désynchronisation entre la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine et celle de la Banque du Japon a entraîné un affaiblissement significatif du yen. La remontée des rendements américains a également exercé des pressions à la hausse sur ceux des obligations d’État japonaises. Il s’est ensuivi un ajustement progressif de la politique de contrôle de la courbe des taux de la BoJ. L’évolution de l’inflation renforce la probabilité d’un relèvement des taux directeurs au Japon. Toutefois, la normalisation de la politique monétaire reste une tâche délicate du fait de ses possibles répercussions au plan domestique comme au plan international. La BoJ a opté pour la prudence et une approche progressive mais la devise nippone a entre-temps poursuivi son repli
Les enquêtes de conjoncture japonaises envoient des signaux contrastés. Côté positif, le climat des affaires de l’enquête TANKAN s’est amélioré, porté par les services : la confiance du secteur grimpe à son plus haut niveau depuis 1991. Le PMI pour les services fait également preuve de résilience. Bien qu’en baisse de 0,5 point en septembre, il se maintient en zone d’expansion à 53,8. À l’inverse, le PMI du secteur manufacturier s’enfonce en zone de contraction.
Au cours des dernières décennies, les entreprises japonaises ont étendu de manière significative leurs activités à l’étranger. Selon les chiffres du ministère de l’industrie un quart (25,8%) du chiffre d’affaires total des entreprises manufacturières japonaises est désormais réalisé par des filiales implantées hors des frontières du pays.
Après une croissance soutenue au premier semestre 2023, tirée par la demande extérieure, l’économie japonaise entame un ralentissement. La demande privée (consommation des ménages, investissement des entreprises) offre peu de soutien à l’activité. L’inflation s’est certes stabilisée autour de 3% mais elle rogne le pouvoir d’achat des ménages, qui ne bénéficie toujours pas de hausses des salaires notables. Les profits des entreprises ont pourtant atteint, selon les données du ministère des Finances, un nouveau record au T2. Favoriser une meilleure redistribution des profits vers les salaires reste une priorité pour le gouvernement de Fumio Kishida, qui prépare une nouvelle salve de mesures budgétaires en octobre
Les enquêtes de conjoncture japonaises restent globalement positives malgré des résultats contrastés pour le mois d’août : le PMI composite s’est redressé de 0,4 point à 52,6 mais l’Economy watchers survey a baissé de 0,8 point, retrouvant à 53,6 son niveau de juin. La tendance entre les secteurs manufacturier et non-manufacturier est marquée depuis plusieurs mois par une importante disparité entre les indicateurs
L’économie japonaise a poursuivi sa reprise postpandémique en mai et juin, même si celle-ci reste fragile. Selon l’estimation finale pour le mois de mai, la production industrielle s’est contractée de 2,2% m/m en mai mais a augmenté de 4,2% sur un an. Dans le même temps, l’activité du secteur tertiaire a progressé de 1,2% m/m et de 1,8% a/a.
Après l’inflation, serait-ce au tour des salaires de changer de braquet au Japon ? Les chiffres publiés ce 7 juillet par le ministère du Travail font en effet état d’une augmentation notable des salaires de base en mai, de 1% m/m, soit la plus forte augmentation mensuelle jamais enregistrée depuis le début des statistiques actuelles en 1990.
L’inflation au Japon poursuit sa progression en se diffusant à l’ensemble des postes de l’indice des prix à la consommation. Les anticipations d’inflation demeurent ancrées autour de la cible des 2% et la hausse des prix devrait se maintenir à ce niveau à moyen terme. Nous prévoyons que la Banque du Japon (BoJ) réhausse le plafond du taux souverain à 10 ans à 1% en juillet, avant de mettre fin à sa politique de contrôle de la courbe des taux d’ici la fin 2024. Le PIB japonais a crû de 0,7% t/t au 1er trimestre (+2,7% en rythme annualisé), principalement soutenu par la consommation des ménages et l’investissement non-résidentiel. Le retour des touristes étrangers (+71% t/t au T1) a également permis à l’activité de rebondir après deux trimestres décevants
La croissance du PIB réel a progressé au cours des deux derniers trimestres au Japon, mais évolue encore légèrement sous les niveaux de 2019. Un ralentissement de l’activité est toutefois attendu à partir du deuxième trimestre et jusqu’à la fin de l’année 2023.
La croissance japonaise a retrouvé des couleurs au T1 2023, affichant une progression de +0,4% t/t. Néanmoins, ce rebond est à relativiser car il fait suite à deux trimestres décevants (-0,2% t/t au T3 2022 et 0,0% t/t au T4). Le PIB japonais reste ainsi au même niveau qu’au T2 2022.
Les dynamiques inflationnistes actuelles pourraient encourager la BoJ à réévaluer sa politique de contrôle de la courbe des taux d’intérêt, voire à entamer un resserrement monétaire, même si le moment et l’ampleur de l’ajustement sont difficiles à prévoir, et pourrait intervenir au-delà de 2023
Le Japon est la quatrième économie mondiale. Le pays est doté de l’un des plus importants systèmes financiers au monde. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays a connu une période de croissance remarquable, qui s’est achevée au début des années 1990 par l’éclatement d’une bulle financière. Vint ensuite ce que l’on a appelé la «?décennie perdue?». La croissance économique réelle a alors reculé et l’inflation a commencé à évoluer à la baisse, pour devenir négative dans la deuxième moitié des années 1990. Les mesures de relance budgétaire et d’assouplissement monétaire n’ont pas réussi à donner un nouvel élan à l’économie et se sont soldées par une dette publique massive.
L’élection de Shinzo Abe en 2012 a conduit au renforcement des mesures accommodantes de politique monétaire et budgétaire pour relancer l’économie. La stratégie dite « Abenomics » s’articulait autour de trois volets : une relance budgétaire, une politique monétaire très accommodante et des réformes structurelles.
De nouvelles réformes structurelles sont nécessaires pour augmenter le potentiel de croissance économique du Japon et relever d’importants défis démographiques. Des progrès ont été accomplis, notamment pour améliorer le taux d’activité des femmes. Cependant, l’un des principaux problèmes structurels du Japon reste le vieillissement rapide de la population. D’après les projections officielles, la population japonaise pourrait décroître de plus de 25% dans les quarante prochaines années. Une telle évolution aura des conséquences nettement négatives : outre un impact défavorable sur la productivité et la croissance potentielle, l’augmentation du taux de dépendance réduira l’assiette fiscale et limitera la résorption du déficit primaire.