L’activité japonaise a marqué le pas en janvier. Le Nouvel An chinois le 22 janvier a pu contribuer à la chute importante de la production industrielle, qui s’est contractée de 5,3% m/m.
Les enquêtes auprès des entreprise japonaises évoluant dans les services (PMI services, Economy Watchers survey) offrent peu de visibilité, oscillant depuis plusieurs mois entre hausse et baisse.
Malgré quelques ajustements sur ses programmes de prêts, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu sa politique monétaire inchangée lors de la réunion du 18 janvier. La pression sur les taux obligataires reste toutefois élevée, et l’inflation progresse toujours. À 4,0% a/a en décembre, la hausse de l’IPC était la plus forte depuis plus de quarante ans (décembre 1981), tandis que la mesure sous-jacente suivie par la BoJ (hors énergie uniquement) accélère même plus fortement (4,1% a/a).
La confiance des ménages japonais chute fortement cet automne et témoigne des difficultés auxquelles est confrontée la population face à la hausse de l’inflation, au plus haut depuis plus de trente ans (3,8% a/a en octobre).
Avec le Royaume-Uni, le Japon est le pays du G7 où la reprise de l'activité est la moins marquée depuis deux ans. Le PIB réel a même rechuté de 0,3% t/t au T3 2022, freiné par une baisse des investissements résidentiels et des exportations nettes. La consommation privée, si elle a progressé au troisième trimestre (+0,2% t/t), reste bien inférieure à son niveau de 2019. La fin des restrictions liées à la Covid-19 – effective depuis octobre – apportera un supplément de croissance au dernier trimestre de l’année mais la hausse du PIB pour 2022 sera globalement peu vigoureuse (+0,9%). Nous prévoyons que l’activité ralentisse encore en 2023 (+0,3%), et un retour aux niveaux d’avant pandémie au plus tôt en 2024.
Les industriels japonais se reposent de plus en plus sur l’activité de leurs filiales basées à l’étranger comme source de débouchés. Les ventes des entreprises manufacturières, réalisées par ces filiales, s’élevaient en effet, au deuxième trimestre 2022, à JPY 38,8 trilliards (USD 299,7 mds), un record. Cela représentait 28% des ventes totales des entreprises manufacturières japonaises si l’on additionne les ventes des filiales à l’étranger et celles des entreprises implantées sur le territoire national. Ce pourcentage constitue également un nouveau pic historique
Malgré des difficultés encore très marquées dans le secteur de l’automobile et chez les fournisseurs de gaz et d’électricité, l’industrie japonaise résiste. Le niveau record des profits enregistrés par les manufacturiers nippons au deuxième trimestre, comme le rapporte l’enquête trimestrielle du ministère des Finances, a constitué un premier élément notable. Par ailleurs, l’enquête Tankan de septembre a été meilleure qu’attendu. L’indice général de diffusion s’est amélioré de 1 point (3), alors qu’une baisse de même ampleur était attendue. La confiance dans le secteur non-manufacturier, en particulier, a surpris favorablement, avec une hausse de l’indice de diffusion de 1 point (5) contre un recul attendu de 4 points.
Le yen a continué de plonger cet été, atteignant son plus bas niveau face au dollar en 24 ans. La Banque du Japon (BoJ) maintient inchangée sa politique de contrôle des taux d’intérêt, amplifiant ainsi le décalage avec les autres grandes banques centrales et, par conséquent, les pressions à la baisse sur la devise. Le rythme d’inflation est certes important pour le pays (3,0% a/a en juillet), mais il reste sous contrôle et à un niveau moindre qu’en 2014 et le début du programme Abenomics. Même si elles se resserrent, des marges de manœuvre demeurent donc pour la BoJ. D’autant qu’avec un niveau de PIB près de 2,5% inférieur à son niveau de l’été 2019, le Japon reste le pays du G7 où la reprise de l’activité a été la moins prononcée depuis deux ans.
Les derniers résultats de l’enquête Tankan soulignent des perspectives économiques fragiles mais stables pour l’industrie japonaise (le solde d’opinions passe de 2 à 1), tandis que la confiance dans les services reprend un peu de couleurs (le solde passe de -2 à 4). Le solde d’opinions total progresse de 0 à +2. Au sein des grandes entreprises, le redressement de la confiance est le plus marqué dans le secteur des services à la personne (+32 points, à +18) et dans l’hôtellerie et la restauration (+25 points, à -31), même si la confiance dans ce secteur reste à un niveau très bas.
Depuis le début de l’année 2022, le Japon fait face à une remontée de l’inflation, certes modérée, mais inédite depuis 2014, tandis que sa croissance a reculé au T1. Le yen s’est déprécié significativement en raison de la politique très accommodante de la Banque du Japon (BoJ), en décalage avec les autres grandes banques centrales qui ont entamé leur resserrement monétaire. En juin 2022, son gouverneur, Haruhiko Kuroda, jugeait encore la poursuite de la politique de contrôle des taux « nécessaire » pour rehausser l’inflation sous-jacente à un niveau « stable et durable ». Or, la déprécation de la devise accentue l’inflation importée et détériore davantage le pouvoir d’achat des ménages
En 2021, près d’un quart des ventes des entreprises industrielles japonaises provenaient des filiales étrangères. La Chine est le principal pays d’ancrage, en particulier pour l’industrie automobile. Malgré cela, le Japon a conservé sur son sol un socle industriel bien plus important que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. Le secteur représentait toujours plus de 20% de la valeur ajoutée totale nationale. La part des exportations de biens dans le PIB a également progressé pour atteindre 16,4% au T1 2022. Cette structure de production des entreprises japonaises, qui repose sur la complémentarité entre le territoire national et les filiales à l’étranger, a soutenu les profits qui ont atteint, en part du PIB, un nouveau record au T1 2022
Tandis que la Réserve Fédérale américaine a entamé le relèvement de son taux directeur, la Banque du Japon poursuit sa politique très accommodante. Ses marges de manœuvre se resserrent néanmoins en raison de la dépréciation significative du yen qui complique sa politique de contrôle de la courbe des taux. Des ajustements sur ce mécanisme sont anticipés. Le soutien à l’économie devrait persister en 2022 tant sur le plan monétaire que budgétaire, dans un environnement particulièrement difficile pour les industriels japonais, durement affectés par les perturbations sur les chaînes de production mondiales et le ralentissement de l’économie chinoise.
Au vu des obstacles que rencontre l’économie mondiale, on aurait pu craindre que les prévisions du consensus, pour l’enquête Tankan, ne soient trop optimistes. Finalement, cela n’a pas été le cas avec certaines séries en dessous du consensus et d’autres légèrement supérieures. La conclusion générale est néanmoins claire : les résultats sont en baisse par rapport au trimestre précédent.
Au Japon, il faut, peut-être plus qu’ailleurs, séparer la dynamique d’inflation globale de celle sous-jacente. La première, bien que toujours modérée (0,5% en janvier), est amenée à encore progresser, principalement sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie. En revanche, les prix sous-jacents restent largement en territoire déflationniste et cette dynamique s’amplifie même. Hors produits alimentaires périssables et énergie, l’indice des prix à la consommation (IPC) a baissé en janvier de 1,2% en glissement annuel, soit son recul le plus important depuis mars 2011. La déflation dans les services (-2,8%) est même la plus forte jamais enregistrée depuis 1970 et s’explique principalement par la chute de plus de 50% des frais de téléphonie mobile depuis mars 2021
L’économie japonaise s’est redressée au quatrième trimestre après la levée, en octobre et dans toutes les préfectures, de l’état d’urgence lié à l’épidémie de Covid-19. Le climat, en particulier, s’est nettement amélioré dans le secteur des services. Comme le montre l’enquête Tankan trimestrielle, les conditions d’activité dans le secteur non-manufacturier ont progressé de sept points en décembre par rapport au niveau enregistré trois mois plus tôt. De plus, la confiance des ménages s’est redressée en octobre et en novembre ; elle a renoué avec les chiffres antérieurs à la pandémie, tout en se maintenant à un niveau bas par rapport à sa moyenne de long terme.
Après la victoire du Parti libéral-démocrate aux élections législatives d’octobre dernier, le Premier ministre, Fumio Kishida, a toute latitude pour dérouler son programme. En novembre, il a présenté un plan de relance record de quelque JPY 55 700 mds, soit 10 % du PIB. En 2022, la croissance du PIB pourrait atteindre 2,6% (après 1,7% en 2021), en grande partie portée par la consommation privée.
Au cours des derniers mois, l’état d’urgence en vigueur dans une grande partie du pays a freiné l’activité, notamment dans les services. De plus, le secteur manufacturier a été confronté à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, en particulier dans l’industrie automobile. Enfin, les importants effets de base liés à la pandémie compliquent l’interprétation des données en glissement annuel.
L’économie devrait rebondir au quatrième trimestre avec la réduction des restrictions sanitaires. Malgré les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le secteur manufacturier devrait, par ailleurs, bénéficier de la reprise mondiale. Cependant, la consommation ne va probablement pas tarder à s’essouffler sous l’effet de la stagnation persistante des salaires. Les dépenses publiques, soutenues par la politique de contrôle de la courbe de taux menée par la Banque du Japon (BoJ), et l’investissement des entreprises, dont la rentabilité s’est améliorée, constitueront les principaux facteurs de soutien au plan national. La démission du Premier ministre Yoshihide Suga, quoique saluée par les marchés financiers, a ravivé les craintes d’un retour à une valse des Premiers ministres.
L’économie japonaise a été moins touchée par l’épidémie de Covid-19 que d’autres pays développés. Ainsi, la chute de l’activité en 2020 a été moindre qu’ailleurs. Toutefois, la lenteur de la campagne de vaccination et le manque de confiance des différents agents économiques pèsent sur la dynamique de reprise du pays. Après une belle performance fin 2020, l’économie nippone prendrait donc du retard par rapport aux États-Unis ou à l’Europe. La confiance des consommateurs, élément essentiel à une reprise économique robuste, demeure faible par rapport à son niveau d’avant-crise. Cette dynamique pèse sur la consommation privée et in fine sur la dynamique de l’activité dans le secteur des services marchands. Ces derniers ont beaucoup de mal à retrouver la croissance
L’accélération de la couverture vaccinale réduit l’incertitude pour les agents économiques, ménages et entreprises, et offre des perspectives économiques plus favorables. L’indice Tankan de la Banque du Japon s’est à ce titre inscrit en hausse au 2e trimestre 2021, dans le secteur manufacturier comme non-manufacturier.
Les exportations japonaises ont progressé de 16,1% en glissement annuel en mars 2021, après une baisse de 4,5% le mois précédent. Il s’agit de la plus forte hausse enregistrée depuis le mois de novembre 2017. Si cette bonne performance résulte en partie d’un effet de base positif - les exportations japonaises avaient été durement touchées par la pandémie lors du printemps 2020 -, elle a toutefois surpris nettement à la hausse le consensus de marché qui n’anticipait qu’une progression de 11,6%. Les ventes japonaises à l’étranger, par destination, ont augmenté dans la grande majorité des pays du monde et tout particulièrement en Chine : les exportations japonaises vers son premier partenaire commercial ont été très dynamiques le mois dernier (+37,2% en glissement annuel)
Comme partout, le Japon enregistrera une récession historique en 2020 et la dynamique de rattrapage pourrait être ralentie par le manque de confiance des consommateurs qui pèserait sur la demande interne. Si la campagne de vaccination prend du retard par rapport, notamment, aux États-Unis, le Japon a été nettement moins affecté par la pandémie que d’autres pays. Les entreprises, face à une demande anticipée peu allante, continueraient de faire preuve de réticence dans leurs décisions d’investissement. Déjà affaiblie, la croissance potentielle du Japon pourrait pâtir de cette situation. Un durcissement des conditions de financement serait particulièrement dommageable et, dans le contexte actuel de remontée des taux d’intérêt à long terme, la Banque du Japon reste vigilante.
La lenteur de la vaccination au Japon peut s’expliquer par le fait que le pays a été moins touché par la pandémie et a donc imposé des restrictions beaucoup plus légères qu’ailleurs. Cette lenteur n’a pas empêché une amélioration du moral des chefs d’entreprises...
Comparativement aux États-Unis ou aux pays européens, le Japon a jusqu’ici été relativement épargné par l’épidémie de Covid-19. Les mesures sanitaires mises en place dans le pays ont été moins strictes qu’ailleurs. La recrudescence actuelle du nombre de contaminations au Japon et chez ses principaux partenaires commerciaux pèse sur la demande finale et entraînerait une forte décélération de l’activité au T4 2020.
Comme partout, le Japon enregistrera une récession historique en 2020. Le chemin vers un rattrapage complet de l’activité perdue pourrait être plus long qu’ailleurs et la croissance devrait rester très modérée. Selon nos projections, le PIB nippon retrouverait son niveau d’avant-crise seulement à la fin de l’année 2022. La demande interne est amoindrie par la faiblesse de l’investissement des entreprises tandis que les consommateurs semblent de retour. Les exportations japonaises bénéficient pour l’heure du solide rebond économique chinois. La politique budgétaire sera toujours en première ligne en 2021 et continuerait de bénéficier du soutien essentiel de la politique monétaire menée par la Banque du Japon. Une nouvelle enveloppe budgétaire est, à ce titre, en discussion.
Le Japon est la quatrième économie mondiale. Le pays est doté de l’un des plus importants systèmes financiers au monde. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays a connu une période de croissance remarquable, qui s’est achevée au début des années 1990 par l’éclatement d’une bulle financière. Vint ensuite ce que l’on a appelé la «?décennie perdue?». La croissance économique réelle a alors reculé et l’inflation a commencé à évoluer à la baisse, pour devenir négative dans la deuxième moitié des années 1990. Les mesures de relance budgétaire et d’assouplissement monétaire n’ont pas réussi à donner un nouvel élan à l’économie et se sont soldées par une dette publique massive.
L’élection de Shinzo Abe en 2012 a conduit au renforcement des mesures accommodantes de politique monétaire et budgétaire pour relancer l’économie. La stratégie dite « Abenomics » s’articulait autour de trois volets : une relance budgétaire, une politique monétaire très accommodante et des réformes structurelles.
De nouvelles réformes structurelles sont nécessaires pour augmenter le potentiel de croissance économique du Japon et relever d’importants défis démographiques. Des progrès ont été accomplis, notamment pour améliorer le taux d’activité des femmes. Cependant, l’un des principaux problèmes structurels du Japon reste le vieillissement rapide de la population. D’après les projections officielles, la population japonaise pourrait décroître de plus de 25% dans les quarante prochaines années. Une telle évolution aura des conséquences nettement négatives : outre un impact défavorable sur la productivité et la croissance potentielle, l’augmentation du taux de dépendance réduira l’assiette fiscale et limitera la résorption du déficit primaire.