Au vu des obstacles que rencontre l’économie mondiale, on aurait pu craindre que les prévisions du consensus, pour l’enquête Tankan, ne soient trop optimistes. Finalement, cela n’a pas été le cas avec certaines séries en dessous du consensus et d’autres légèrement supérieures.
La conclusion générale est néanmoins claire : les résultats sont en baisse par rapport au trimestre précédent. L’indice de diffusion général a perdu 2 points au T1 2022 par rapport au T4 2021. Il se situe juste à l’équilibre entre le nombre d’entreprises estimant la situation favorable et celles la jugeant défavorable (à noter que le sondage a été réalisé entre le 24 février et le 31 mars, et intègre donc l’impact de la guerre en Ukraine). La confiance des entreprises du secteur industriel baisse plus fortement que dans les services (-4 points à 2 pour les premières contre -2 points à 0 dans les services), en raison d’une nette détérioration dans les secteurs de la papeterie et de la chimie, ainsi que dans la sidérurgie.
Ce rapport contient cependant des signaux plus inquiétants concernant les anticipations pour le prochain trimestre (T2 2022). En effet, les prévisions se détériorent significativement dans les secteurs les plus affectés par la hausse du cours - voire la pénurie - des matières premières (sidérurgie, industrie du bois). De plus, les entreprises ont basé leurs réponses sur un taux de change très conservateur (autour de 112 yens/dollar pour cette année) et assez éloigné du cours actuel (autour de yens/dollar). Si les entreprises prévoyaient encore des taux de marge stables pour cette année par rapport à 2021, il y a de fortes chances que leurs prévisions soient révisées à la baisse lors de la prochaine enquête.
Après avoir connu un hiver difficile à cause de la recrudescence de l’épidémie de Covid-19, l’économie japonaise subit les contrecoups économiques de la guerre en Ukraine, qui vont s’accentuer. L’arrêt de certaines usines en Chine, en raison de la recrudescence des contaminations, contribue également à perturber davantage les chaînes de production et la demande externe de produits japonais. Le PMI manufacturier relatif aux nouvelles commandes à l’exportation s’est ainsi replié de plus de 4 points en mars, atteignant son niveau le plus bas en 18 mois. L’indice manufacturier mondial a néanmoins rebondi de 52,7 à 54,1, grâce à l’amélioration des indicateurs relatifs au niveau de production et aux commandes intérieures.
La remontée de l’inflation prend forme (0,9% en février). Elle devrait s’amplifier en avril lorsque les effets de base liés à la chute des prix dans le secteur de la téléphonie en avril 2021 s’estomperont, tandis que la hausse des prix énergétiques risque de s’aggraver. Face à la hausse de l’inflation, le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé que d’ici la fin du mois d’avril, de nouvelles mesures de soutien aux ménages (dont la confiance recule déjà depuis trois mois) et aux entreprises seront mises en place.