La mise en place, en février dernier, de nouvelles subventions publiques destinées à abaisser la facture énergétique des ménages japonais, a permis à l’inflation totale de refluer au premier trimestre, passant de 4,0% en glissement annuel en décembre 2022 à 3,3% en mars 2023.
La grille de lecture de la Banque du Japon (BoJ), qui s’appuie sur des indicateurs alternatifs de l’inflation, ne s’est pas pour autant éclaircie. En particulier, l’indice de diffusion scruté par la BoJ, qui mesure la part des composantes de l’IPC dont les prix en glissement annuel augmentent par rapport à celles dont les prix sont en baisse, a atteint en mars un niveau jamais observé dans le passé récent, à 82,6%. En effet, « au pays de la déflation » aussi, l’inflation se propage de plus en plus, avec près de 50% des composantes de l’IPC affichant une progression supérieure à 2% en mars1. La composante « produits alimentaires » (+7,7% en glissement annuel en mars) reste de loin le premier contributeur à l’inflation, en raison de son poids important dans le panier de consommation des ménages (26%). Néanmoins, d’autres composantes progressent fortement également. C’est le cas des biens et équipements ménagers (+9,4% en g.a.), de l’habillement (+3,7%) et des activités culturelles et de loisirs (+2,3%). En réponse à ces évolutions, la BoJ a rehaussé en avril ses prévisions d’inflation pour 2023 et 2024, par rapport à janvier dernier, passant respectivement de 1,6% à 1,8% et de 1,8% à 2,0%.
Les dynamiques inflationnistes actuelles pourraient encourager la BoJ à réévaluer sa politique de contrôle de la courbe des taux d’intérêt, voire à entamer un resserrement monétaire, même si le moment et l’ampleur de l’ajustement sont difficiles à prévoir, et pourrait intervenir au-delà de 2023.